Chutes, mariage et néo-classicman : Giulio Ciccone (Lidl-Trek), l'explosion paradoxale
Publié 06/08/2025 à 00:02 GMT+2
Attendu comme un spécialiste des courses par étapes, chasseur d'étape depuis son plus jeune âge, Giulio Ciccone aura attendu la trentaine pour réellement exploser, là où on ne l'attendait pas forcément : sur les classiques. Vainqueur samedi de la Clasica San Sebastian, l'Italien de la Lidl-Trek est désormais attendu sur les Grands Tours. Et, pourquoi pas, dès la Vuelta.
Ciccone résiste jusqu'au bout à Christen
Video credit: Eurosport
On avait fini par croire qu'il ne serait "que" un spécialiste du maillot à pois, destiné à truster des victoires d'étapes. Qu'il ne gagnerait sans doute jamais ce succès de référence qu'on lui prédisait depuis ses débuts. Qu'il ne confirmerait jamais ce talent entrevu chez les jeunes.
Mais, à 30 ans, Giulio Ciccone a enfin décidé de passer le cap. Alors qu'on ne l'attendait plus, l'Italien de la Lidl-Trek a changé de dimension depuis l'an passé, intégrant le cercle très fermé des vainqueurs de grandes courses et des meilleurs coureurs du monde, que son succès à la Clasica San Sebastian a parfaitement illustré.
La malchance, ce malheureux compagnon de carrière
Toutes ces années, le talent de l'Italien n'a jamais été vraiment remis en question. Tout le monde savait de quoi il était capable, depuis ses années Espoirs (6e du Tour de l'Avenir, 2e du Piccolo Lombardia) et ses débuts professionnels (vainqueur d'étape sur le Giro dès sa première saison, à 21 ans). Mais, depuis, Giulio Ciccone n'avait jamais vraiment confirmé son talent, surtout sur les courses par étapes. Lui qui ne rêvait que du Tour d'Italie y a certes décroché trois victoires d'étapes, mais il n'a jamais réussi à faire mieux qu'une 16e place au classement général. Surtout, il n'a cessé de jouer de malchance, ce mal récurrent qui lui a longtemps gâché sa carrière.
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Giro de Italia 2025 | Giulio Ciccone se ve forzado a abandonar: Las pruebas médicas en el hospital confirman dos lesiones.
Crédit: Getty Images
Si en 14 participations à un Grand Tour, l'Abruzzese n'a jamais décroché le moindre top 10 (11e du Tour de France 2024 au mieux), il le doit en grande partie à ses nombreux abandons (6 dont 4 en 8 Giro). L'Italien a souvent chuté au pire moment, lorsqu'il pouvait se montrer ambitieux, à l'image du Tour d'Italie 2025 (7e à 1' du futur vainqueur Simon Yates après la 14e étape) ou du Giro 2021 (6e à 51'' du podium au soir de la 16e étape). En grande forme au printemps 2023, c'est le Covid qui l’avait privé du Tour d'Italie cette année-là, alors que ce dernier s'élançait de chez lui, aux Abruzzes. Comme un symbole de la malchance qui le poursuivait. Mais, s'ils ont retardé son explosion, ces échecs lui ont permis de se forger un caractère de champion. Et pas seulement.
Il était temps de de revenir plus fort que jamais
"Il s'est marié il y a deux ans, et cela l'a fait grandir comme cycliste, expliquait son directeur sportif Markel Irizar. 'Cicco'' est très fort, très tranquille et convaincu de ses qualités. Il arrive à maturité". Et cela se voit. Passé tout près du top 10 sur le Tour de France 2024 (10e avant le chrono final de Nice), l'Italien aurait pu ne pas s'en remettre, surtout avec un nouvel échec sur la Vuelta juste après. Comme lors de sa chute au dernier Tour d'Italie. "Après ma chute au Giro, il n’a pas été évident de repartir au combat, de garder le moral, avouait-il après la Clasica San Sebastian. Mentalement, c’était très dur… Puis j’ai réalisé qu’il était temps de s’y remettre, de revenir plus fort que jamais". Et depuis un an, il ne l'a jamais autant été.
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Ciccone à la peine, Pedersen et Bernal à terre : gros dégâts à 23km de l'arrivée
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Lui qui n'avait jamais décroché le moindre podium sur une épreuve World Tour jusqu'ici dans sa carrière s'est offert son premier top 3 sur une course par étapes sur l'UAE Tour (2e), en février, sur un Monument (3e du Tour de Lombardie en octobre 2024) et vient donc de s'offrir la Clasica San Sebastian, sa toute première classique World Tour. Le cap est aussi immense que paradoxal, tant Giulio Ciccone était plus attendu sur les classements généraux que sur les courses d'un jour. C'était pourtant dans ce domaine que l'Italien avait déjà brillé au plus haut niveau (5e de la Flèche Wallonne 2023 et du Tour de Lombardie 2020) mais ses qualités de grimpeur et ses rêves de Grand Tour le poussaient vers les courses de trois semaines. Et l'y poussent toujours.
Voir au jour le jour, en me faisant plaisir
Déjà de retour sur les routes espagnoles cette semaine avec le Tour de Burgos, dont il est le grand favori, Giulio Ciccone prendra surtout part à partir du 23 août au prochain Tour d'Espagne, qui s'élancera d'Italie et du Piémont. "Je connais la région, on y a déjà couru plusieurs fois, y compris sur le Giro, raconte le natif de Chieti. Il est difficile de dire si ça me conviendra ou non mais, dans tous les cas, l’équipe sera ambitieuse tous les jours avec Mads (Pedersen) et moi." A 30 ans, celui qui a déjà gagné le maillot de la montagne sur le Giro et le Tour rêve aujourd'hui de bien plus sur les routes espagnoles. Sans se mettre la pression pour autant.
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Ciccone plus fort que Gall et Seixas dans le final de la 1re étape
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"J'irais là-bas avec le même état d’esprit qu’au Giro, assure l'Italien. Je veux y aller en prenant la course au jour le jour, en me faisant plaisir, et on verra au fur et à mesure ce qu’il est possible de faire ou non". La concurrence sera rude avec Jonas Vingegaard (Visma | Lease a Bike), Joao Almeida et Juan Ayuso (UAE Emirates-XRG) ou encore Richard Carapaz (EF Education-Easy Post), en espérant que sa chute sur le Tour de Burgos soit sans conséquence. Mais Ciccone a déjà battu un duo d'UAE Emirates-XRG sur la Clasica San Sebastian et l'Italien de la Lidl-Trek n'a plus peur de jouer avec les cadors, à la pédale. Ça lui sourit sur les classiques et il n'y a pas de raison qu'il n'en soit pas de même, aussi, avec les Grands Tours. Il est désormais temps.
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