Tour de France Femmes - Maeva Squiban, un doublé surprise et un nouveau statut : "De base c'était une blague, finalement je l'ai fait"

Maeva Squiban l'a refait. Au lendemain de sa première victoire sur le Tour de France Femmes, la coureuse de UAE Team ADQ a remporté sa seconde étape consécutive ce vendredi entre Bourg-en-Bresse et Chambéry. Un doublé rare dans l'histoire de la Grande Boucle, forcément chargé d'émotions mais qui la fait surtout passer dans une autre dimension aux yeux du peloton et des supporters.

Squiban pour le doublé à Chambéry : sa 2e arrivée victorieuse en vidéo

Video credit: Eurosport

Puisqu'il restait une toute petite amertume après sa victoire de la veille, Maeva Squiban a dû gagner une seconde fois consécutive pour être sûre de tout effacer. Jeudi, à Ambert, le scénario était romanesque et la victoire magnifique mais la coureuse de UAE Team ADQ avait dû attendre de retrouver le camping-car de son père sur une aire d'autoroute pour qu'ils se tombent dans les bras. Il n'aura pas fallu attendre tout ce temps ce vendredi. Mickaël, le paternel, attendait sagement derrière la ligne d'arrivée cette fois-ci, et non pas une quinzaine de bornes en amont. Et ce n'était pourtant pas vraiment une intuition si l'on en croit sa réaction.
"Mais comment c'est possible ? T'as même pas dormi" a-t-il lancé, déjà en larmes, à sa fille qui venait de réussir l'exploit de remporter une deuxième étape consécutive du Tour de France Femmes. Elle ne pensait alors qu'à "faire des rouleaux" – du home-trainer pour la récupération active – mais n'en savait pas beaucoup plus. "J'avais dit pour rigoler hier que j'allais attaquer au kilomètre zéro, a-t-elle raconté quelques instants plus tard, en descendant du podium. Finalement je l'ai fait mais de base c'était une blague. C'est juste incroyable." Cette fois, on peut être sûr que l'utilisation du mot 'incroyable' n'est pas galvaudée. Beaucoup d'autres adjectifs, en réalité, pourraient être associés à ce doublé tant il est unique.
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Squiban : "J'ai attaqué au km 0, je l'ai fait alors que c'était une blague..."

Video credit: Eurosport

C'est le premier pour une Française sur cette nouvelle formule du Tour de France Femmes, et seulement le troisième de l'histoire de l'épreuve après celui de Charlotte Kool en 2024 (1ere et 2e étape) et celui d'Annemiek van Vleuten en 2022 (7e et 8e étape). Et si on prolonge jusqu'aux hommes, il faut remonter jusqu'à 1991 et Charly Mottet pour trouver trace d'un doublé tricolore sur le Tour de France. Un exploit qu'elle n'a même pas osé imaginer : "Franchement non, je ne pensais pas au doublé. Mais on reste quand même concentré parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer." Et l'impensable est arrivé.
Elle a joué comme il fallait
Dans la dernière difficulté, le col du Granier, c'était encore elle la plus forte des survivantes de l'échappée du matin. Et cela n'étonne pas notre consultant Roxanne Fournier : "Quand j'ai regardé les meilleures grimpeuses de l'échappée, elle en faisait partie. Pendant les 90 premiers kilomètres, elle n'a pas roulé et elle a joué comme il fallait." Avec son dossard vert de combative de la veille, elle y était pourtant plus surveillée que jamais. Mais elle est décidément dans la forme de sa vie et pleine de confince. Et après l'abandon de sa leader Elisa Longo Borghini, elle n'a plus besoin de calculer ses efforts.
"Ce n'était pas forcément très intelligent de ma part [d'attaquer au km 0] mais finalement ça a marché, a-t-elle savouré après l'étape. Je pense que c'était une des journées les plus dures de ma vie autant mentalement que physiquement." Aussi parce que, contrairement à la veille, elle n'a pas pu se permettre un instant de relâchement dans son épopée en solitaire pour achever l'étape. A fond jusqu'au bout, assourdie par un public formidable qu'elle n'a pas l'habitude de voir aussi nombreux le long des routes : "Dans la dernière montée j'en pouvais plus. A la fin, je n'entendais plus rien. Les 15 derniers kilomètres je n'étais à moitié plus là. Je ne faisais que de demander les écarts mais je n'entendais plus rien."
Elle n'avait donc aucune idée qu'elle avait près d'une minute d'avance dans les deux derniers kilomètres sur ses poursuivantes, que le peloton ne remontait pas si vite et qu'elle aurait pu savourer un peu. Tant pis, c'était beau quand même. "Je pense qu'elle préfère gagner deux étapes que faire un top 10 au général, parce que les gens ne s'en rappellent pas", note Roxane Fournier. Car si elle n'a pas pu profiter des effets de son doublé fantastique sur le moment, Maeva Squiban va certainement en ressentir très vite les retombées. En deux jours, elle est devenue l'une des figures de ce Tour de France Femmes et l'un des visages du cyclisme féminin français aux yeux du grand public. La fameuse magie du Tour.
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