Légendes: Miguel Indurain

Eurosport
ParEurosport

Publié 06/07/2007 à 13:00 GMT+2

Miguel Indurain fut le premier à remporter cinq fois de suite le Tour de France, entre 1991 et 1995. Rouleur phénoménal, c'est dans l'effort solitaire qu'il a bâti sa légende. L'humilité et le talent du Navarrais lui ont permis de convaincre tout le monde

Miguel Indurain est né le 16 juillet 1964. Deux jours avant sa venue au monde, Jacques Anquetil remportait son cinquième et dernier Tour de France en devançant Raymond Poulidor. On ne peut s'empêcher de voir un clin d'oeil là-dedans, car le Navarrais a continuellement été comparé au Normand tout au long de son règne, souvent avec justesse, notamment pour ses qualités exceptionnelles de rouleur.
Par son éducation, c'est pourtant de Gino Bartali que Miguel parait le plus proche. Fervent catholique, issu d'une famille modeste, il ne changera pas une fois la notoriété, la gloire et l'argent venus. "Dans la famille, on ne connaît pas le mot facilité", se plaisait-il à dire. Jeune homme timide à ses débuts, presque emprunté, il n'a jamais donné le sentiment de modifier son comportement par la suite.
Cinq dauphins en cinq ans
Sa modestie naturelle lui a permis de rester longtemps, trop peut-être, dans l'ombre de son aîné Pedro Delgado. Chez Reynolds puis Banesto, Jose-Miguel Echavarri a joué jusqu'en 1990 la carte du Segovian. C'était au moins une année de trop. Bien sûr, on ne saura jamais si Indurain aurait pu titiller Lemond en 90. Ce qui est sûr en revanche, c'est que Delgado n'en avait plus les moyens. Et à voir comment Indurain avait déposé l'Américain dans le dernier kilomètre de Luz-Ardiden, il est permis de penser que, s'il avait joué sa carte...
Mais l'heure de Miguel allait venir suffisamment tôt pour qu'une place au panthéon du Tour lui soit gardée au chaud. Son destin bascule dans la descente du Tourmalet, un jour de juillet 91, quand il s'envole avec Chiappucci. A Val-Louron, deux heures plus tard, le premier de ses 62 maillots jaunes l'attend. Ce jour-là débute un règne de cinq années, ininterrompu et quasiment incontesté. Cinq victoires magistrales, marquées par une supériorité totale de l'Espagnole, et facilitée par l'absence d'un adversaire à sa taille. Pour preuve, Indurain a connu un dauphin différent (Bugno, Chiappucci, Rominger, Ugrumov et Zülle) à chacun de ses sacres.
Comme tout règne qui s'éternise, celui du roi Miguel finit par engendrer une certaine monotonie, avec, il faut bien le dire, des facteurs aggravants. Les détracteurs du Basque ne manquent pas d'arguments: en cinq ans, Indurain n'a pas gagné une seule étape en ligne. Un fait unique dans l'histoire du Tour, puisque tous les champions qui comptent au moins deux victoires à leur palmarès ont remporté au minimum une étape en ligne au cours de leur dynastie. Difficile dans ces conditions de considérer le coureur de Villava comme l'exact équivalent de Merckx, Hinault et, à un degré moindre, Anquetil.
Grand dans la victoire, géant dans la défaite
Ses chefs d'oeuvre, et cela lui ressemble finalement assez bien, Indurain les a livrés en solitaire: contre-la-montre. Le symbole des années Indurain reste d'ailleurs le chrono de Luxembourg, en 1992. Un exploit d'anthologie, un régal pour les puristes et une boucherie pour ses adversaires. Il n'est pas interdit de juger qu'il y avait dans cette performance-là autant de panache et de grâce que dans n'importe quelle envolée montagnarde. Oui, Miguel Indurain a bâti ses succès en assommant le Tour et la concurrence contre-la-montre, un exercice qu'il a porté au rang d'art, avant de gérer habilement son maillot jaune. Et alors? Faut-il le lui reprocher?
Non. D'autant moins que, contrairement à une tenace idée reçue, l'Espagnol n'a pas toujours conquis la première place dans les chronos. A deux reprises (la première et la dernière), c'est en attaquant que Miguel a endossé le maillot jaune: dans le Tourmalet, donc, en 1991, et sur la route de Liège, quatre ans plus tard. Ce jour-là, Indurain fut géant, les mains en bas du guidon, avec le seul Bruyneel dans sa roue. Un formidable numéro, surtout à la veille... du premier contre-la-montre.
C'est vrai, on aurait aimé que cet immense champion, qui n'a jamais déçu, nous surprenne plus souvent, comme il sut le faire en cette occasion. Ce n'était pas dans sa nature, voilà tout. S'il avait été plus méchant, Indurain aurait sûrement gagné des étapes en ligne, plutôt que de se contenter de ses innombrables deuxièmes places au sommet, derrière Chiappucci, Virenque, Leblanc, Rominger, Zülle, Bugno et cie. Mais c'est aussi parce qu'il possédait ce caractère que le Navarrais accepta avec une dignité admirable sa chute, aussi spectaculaire que brutale, en 1996. Elégant dans la victoire, superbe dans la défaite, Miguel Indurain était tout sauf un champion banal.
MIGUELINDURAIN DIGEST
Né le 16 juillet 1964
12 participations
Victoires: 5 (1991, 1992, 1993, 1994, 1995)
Victoires d'étapes: 12
Jours en jaune: 62
Laurent VERGNE
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