Et le Cobra ressurgit

Il y a définitivement du Marco Pantani en Riccardo Ricco. A le voir accélérer et sortir du peloton dans les pentes du Col d'Aspin, on a semblé apercevoir le Pirate. Un démarrage éclair qui a surpris les favoris, tous au coude à coude et qui ont cru à un coup de bluff de l'Italien. Mais depuis le temps, ils devraient savoir que Ricco ne fait pas que parler haut et fort. Il agit aussi.

Victime d'une chute dans le final de samedi à Toulouse, touché au poignet et annoncé incertain pour le départ, Ricco s'est rapidement rappelé au bon souvenir de ses rivaux. Premier à l'offensive dans les dernières pentes de l'Aspin, Stefan Schumacher embarquait dans sa roue Leonardo Piepoli. Le lieutenant ouvrait la voie au leader de Saunier Duval qui sautait dans sa roue. Les favoris ne le reverront plus. A 30km de Bagnères-de-Bigorre, le Cobra surgissait alors sur une terrible accélération et déposait un à un tous les poursuivants intercalés.

A 30km de Bagnères-de-Bigorre, le Cobra surgissait alors sur une terrible accélération et déposait un à un tous les poursuivants intercalés. Il n'avait plus qu'à avaler le pauvre Sebastian Lang, dernier rescapé d'une longue échappée partie après 22 kilomètres, en compagnie d'Aleksandr Kuschynski (Liquigas) et Nicolas Jalabert (Agritubel). Sur de son fait, l'Italien s'offrait même un léger sourire aux lèvres en dépassant l'Allemand de Gerolsteiner à un kilomètre du sommet de l'Aspin, dernière difficulté du jour. "C'était complètement improvisé", analyse le vainqueur du jour à l'arrivée. "Tout le monde s'est regardé derrière lui. C'était tout bon pour nous" , ajoute Joxean Fernandez, le directeur sportif de la Saunier Duval.

Il est d'ailleurs difficile de comprendre la réaction des favoris sur le départ de Ricco. Celui-ci avait annoncé après sa victoire à Super-Besse qu'il n'avait pas fait du général sa priorité. Ses rivaux semblaient l'avoir pris au sérieux... Ses rivaux se regardant en chiens de faïence, la désorganisation faisait les affaires du fuyard dont la maigre avance d'une minute et demie serait suffisante jusqu'à l'arrivée pour devancer Vladimir Efimkin et Cyril Dessel.

La Caisse d'Epargne et la Rabobank n'étaient pas relayées par une CSC, pourtant bien présente avec les frères Schleck et Sastre, qui n'avait nullement l'intention de rouler. Kim Kirchen, pas vraiment à son avantage, n'en demandait pas plus à ses Columbia. Quant à son dauphin, Cadel Evans, victime d'une lourde chute juste après le ravitaillement, il avait déjà dû redoubler d'efforts pour rentrer sur le peloton. Le maillot déchiré dans le dos et sur le côté, l'Australien a passé de longues minutes auprès de la voiture médicale pour soigner ses plaies sur tout le côté gauche (épaule, coude, hanche, genou).

Le double vainqueur d'étape du Giro revient ainsi à 2'35" de Kirchen, arrivé avec les favoris à 1'17" du vainqueur. Une 21e place au général qui ne pourra que s'améliorer tant il a semblé au-dessus du lot dans cette première balade pyrénéenne. Bis repetita à Hautacam lundi? Il n'y pense même pas. "J'aimerais bien que Piepoli gagne à Hautacam. Ce sera pour lui demain, lâche-t-il en hommage à son fidèle coéquipier . Je suis déjà très content. J'ai vu que mes jambes étaient en très bonne forme."

Et si des envies de victoire finale s'emparaient tout de même de lui? "J'ai montré aux autres que j'étais compétitif. Ma façon de courir et d'attaquer, c'est la seule chose que j'ai et je continuerai à le faire." Et quand on lui demande si ses difficultés dans les contre-la-montre peuvent l'handicaper, le gamin de Sassuolo retrouve sa verve habituelle: "Pantani l'a bien fait, je peux le faire". Dire qu'il avait failli ne pas participer à un Tour de France qui tient peut-être là le symbole de son renouveau tant espéré... au moins au niveau de la course.