"Le coup de massue"

Ces informations, "je ne les ai pas lues, on m'en a informé", déclare le triple vainqueur du Tour de France, dimanche, dans un entretien à L'Equipe. "Cela a été un coup de massue total. (...) Des accusations sur fond d'hypothèses, ça fait très mal. Je respecte le travail de chacun. Je voudrais juste qu'on traite ce genre d'information avec une extrême prudence. Les dommages peuvent être énormes. Si on me condamne, on aura condamné un innocent."

C'est L'Equipe qui, jeudi, s'était le premier fait l'écho en France, d'une information développée en Allemagne par le journaliste d'ARD Hans Joachim Seppelt, qui a eu accès à la totalité des résultats obtenus par le laboratoire de Cologne (celui qui a trouvé une dose infime de clenbutérol dans l'échantillon prélevé sur Alberto Contador le 21 juillet). Des résidus plastiques auraient également été détectés par le laboratoire allemand, nourrissant l'hypothèse d'une auto-transfusion. La méthode de détection indirecte des autotransfusions n'est cependant pas encore validée.

Dans cet entretien réalisé à l'hôtel où Contador a donné sa conférence de presse, vendredi, au sud de Madrid, le coureur Astana laisse filtrer sa blessure personnelle face à cette tourmente. "Depuis des semaines, il y a eu des moments où j'ai eu envie de foutre un grand coup de pied à mon vélo. Et puis je me calme. Parce que c'est aussi dans ces moments-là qu'il faut prouver qu'on est un champion." Il décrit aussi son malaise face aux "gosses autour de chez (lui) (l'imitant)". "J'avais envie de leur dire : 'Laissez tomber. N'essayez pas d'être un champion et de le faire correctement. Ce monde est injuste'."

Visiblement très touché, le champion espagnol s'est également confié à la chaîne espagnole Telecinco, samedi soir, pour évoquer son avenir. "Si tout cela ne se termine pas d'une façon favorable et juste, j'hésiterai beaucoup à remonter sur un vélo", a-t-il avancé.

Vendredi, l'agent de Contador et l'UCI ont révélé publiquement que le coureur avait fait l'objet d'un contrôle "anormal", nécessitant une enquête supplémentaire lié à la faible quantité de produit interdit trouvée dans les échelons A et B. Le coureur défend son innocence en plaidant la thèse de la contamination alimentaire liée à la consommation d'une viande la veille du contrôle, et en réaffirmant son refus du dopage. "Je suis un coureur qui a les idées claires, dit-il. Je me fous de faire vingtième d'une course en ne touchant jamais à des produits interdits."