Good morning le Tour : Froome est-il devenu l'unique favori ?

L.V. : Si je dis autre chose que "bonne", je risque à l'évidence d'avoir l'air fin. Il est presque parfait pour le moment et honnêtement, je ne pensais pas le voir prendre du temps à tout le monde sur le mur de Huy. Il est manifestement en excellente condition. Quant à l'installer dans le costume de grand favori solitaire, attendons. Au moins l'étape des pavés ce mardi. Elle marquera la fin de cette première séquence un peu dingue. Si Froome conserve l'avantage qui est le sien (ou mieux, qu'il l'augmente) alors, oui, il deviendra clairement l'homme à battre. Mais il peut encore se passer beaucoup de choses d'ici les Pyrénées...

L.V. Il a évité les chutes, les cassures, il a bien passé le Mur de Huy, sorti un bon premier chrono et il est troisième du général. C'est quasiment du 10/10 pour lui. Mais il est trop tôt pour savoir ce que Van Garderen a dans le ventre. C'est en haute montagne, et devant la répétition des efforts, qu'on saura, et lui avec nous, s'il peut nourrir des ambitions supérieures à, disons, un Top 5. Nous n'en sommes pas encore au stade où le Tour se gagne, mais à celui où il peut se perdre. En tout cas se compromettre. Dans cette phase, jusqu'ici, TVG est impeccable. Tout le monde ne peut pas en dire autant.

L.V. : Jamais trois sans quatre, non ? Ou quelque chose comme ça. Donc plutôt non. Je mise davantage Van Avermaet ou Sagan. Voire Stybar. Un Roubaisien. Ou pourquoi pas Gallopin. Mais après tout, ce début de Tour est si fou...

L.V. : Il était extrêmement prématuré de s'emballer samedi après le chrono, il est un peu tôt encore pour l'enterrer. En revanche, on peut être très inquiet après l'étape de lundi. Autant dimanche, il se trouve pris dans une cassure, c'est arrivé à d'autres, ce n'est pas dramatique. Mais le voir sans forces, comme ça, lâché à la pédale avant même le mur de Huy, ça ne dit rien de bon. Il a parlé d'un jour sans, s'est dit "vidé de ses forces". Et ça, on ne l'avait pas vu venir. Si je veux être optimiste, je dirais qu'il vaut mieux qu'il connaisse un jour sans à Huy qu'au Plateau de Beille. Si je suis pessimiste, je redoute que ce jour sans ne soit pas le dernier.

L.V. : Je suis un peu étonné qu'on se pose encore ce genre de questions en 2015. Le Tour voyage depuis des décennies. Et aujourd'hui, c'est devenu une multinationale, dont le succès et l'impact n'a jamais été aussi fort. Tant mieux. Faire un crochet par l'étranger, ça ne me pose aucun souci d'ordre philosophique, tant que ça reste un petit crochet. Le jour où le Tour passera 10 jours sur trois semaines en dehors de l'Hexagone, on pourra crier au scandale. Puis aujourd'hui, il rentre à la maison, donc tout va bien.