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Tour de France 2015 : Warren Barguil (Giant-Alpecin), la divine surprise tricolore

Julien Chesnais

Mis à jour 07/07/2015 à 21:39 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2015 - Classé 11e du général à 1'19'' de Tony Martin, Warren Barguil (Giant-Alpecin) a su parfaitement déjouer les pièges des quatre premiers jours. Pour son premier Tour, le grimpeur breton de 23 ans impressionne par sa maturité et pourrait revoir ses objectifs à la hausse.

Warren Barguil lors de la 4e étape du Tour de France 2015

Crédit: Panoramic

Si on devait donner une couleur au ciel tricolore après les quatre premiers jours du Tour, elle serait du genre grise. Un gris bien sombre si ce n'est carrément noir, si l'on songe que Pinot (FDJ), la meilleure chance française au départ, pointe à plus de six minutes au général. Que Bardet en possède lui trois de retard et que seul le vieux Péraud (AG2R La Mondiale) empêche la baraque de tomber sur les nouveaux rêves de victoire avec ses cannes de 38 ans (19e à 2'12'').
Heureusement, une éclaircie inattendue perce ce climat morose. Elle se nomme Warren Barguil (Giant-Alpecin). Une divine surprise. Que l'on n'attendait pas à ce niveau. En tout cas sur ce terrain-là.

11e du général, au milieu des quatre fantastiques

Avant le Tour, le grimpeur breton de 23 ans n'ambitionnait pas le général. Pour sa première Grande Boucle, il viserait les étapes. Comme lors de sa première Vuelta, en 2013, où il conquit, à seulement 21 ans, ses deux (seuls) succès chez les pros. Un an avant de revenir sur ce même Tour d'Espagne pour se classer 8e du général. Plus que prometteur déjà.
Samedi, son chrono inaugural l'éloignait, comme prévu, des principaux cadors (127e + 1'27''), laissant apparaître ces faiblesses dans l'effort solitaire. Les trois jours de "classiques" ne devaient pas échapper à cette logique. Pour son premier Tour de France, il allait forcément devoir manger son pain noir. Au contraire. Le longiligne Morbihannais (1,82m, 61kg) a sorti les gros bras.

Il n'a pas peur de frotter

Dimanche, dans l'étape ventée de Zélande, celui qui a déménagé cet hiver sur la Côte d'Azur a pris son pied au bord de la Mer du Nord. Dans la première bordure de 25 coureurs, il était là. Au contact de Contador et Froome tandis que Nibali, Valverde et Quintana s'étripaient à vouloir revenir.
Au début, je pensais même être le seul Français. Quand on s'est vus (avec Tony Gallopin), il a rigolé. Il était un peu surpris que je sois là.
Surpris, on ne l'a pas été de le voir dans le coup dans le Mur de Huy lundi. Après tout, la Flèche Wallonne, il connaissait. Il sait frotter pour se placer. Et le grimpeur-puncher qu'il est se trouvait à sa place quand il a franchi la ligne au 17e rang, à 24'' de Rodriguez.

Il ne connaissait pas les pavés, il y a attaqué

Mais mardi, Barguil nous a laissés bouche bée. À quarante kilomètres, sur le secteur pavé n°5 à Quérénaing, il pointait une première fois le bout de son nez en tête de peloton. Dès lors on n'a cessé de voir ses grands compas se mouvoir à l'avant, alors que certains endurcis des Flandriennes couinaient à l'arrière. Quinze kilomètres plus loin, il a même attaqué à la sortie d'un secteur. En costaud. Et seulement rattrapé par Vincenzo Nibali en personne.
Arrivé dans le premier peloton, à 3'' du vainqueur Martin, Barguil a ainsi été le Français le plus en vue. Époustouflant. À la limite de l'insolence au regard de son expérience : zéro Paris-Roubaix. Aucune participation à une course flandrienne. "J'ai fait un entraînement seulement sur les pavés. C'est quelque chose qui ne me dérange pas. J'ai bien aimé ça (sourire)." Et nous aussi. Résultat, le voilà parfaitement placé au général (11e à 1'19''). Devant, Nibali et Quintana.

Le top 10 ? Il attend pour voir

Après une démonstration pareille, Barguil n'a pas versé dans l'euphorie du prodige qui se révèle, à la lumière, qui plus est, surexposé du Tour. Non, marqué par l'effort et couvert du crachat noirâtre des pavés, c'était la déception qui primait. Il n'avait pas réussi à faire gagner son leader John Degenkolb, deuxième à Cambrai derrière l'anticipateur Tony Martin. "Personne n'a réagi quand il est sorti. Ils ont attendu que ce soit nous. J'aurais dû vraiment y aller tout de suite et boucher le trou rapidement. Quand on lui laisse deux mètres, c'est fini."
La tristesse n'est pas feinte. Le sens du collectif est une valeur fondamentale pour l'ancien vainqueur du Tour de l'Avenir. Barguil n'est pas de ces jeunes starlettes à caprices. On le sent empreint d'une maturité rare à son âge. Quand il le faut, il se mue en bon petit soldat. Avec une dévotion sans faille pour la formation allemande qui l'a fait passer pro en 2013, mais l'avait pourtant privé en 2014 d'une première participation sur le Tour pour éviter d'empiéter sur les plans de la machine à gagner Marcel Kittel, absent cette année. En septembre dernier, alors qu'il était en lutte pour un top 10 sur la Vuelta, Barguil était là pour étirer le peloton dans certains finaux tortueux pour lancer Degenkolb vers l'une de ses trois victoires d'étape. Il respecte ses aînés. Et ceux-là lui rendent bien quand la montagne se profile.
A coup sûr, ils n'hésiteront pas à le faire à nouveau dès les Pyrénées, où ses talents de grimpeur ne devraient pas le placer très loin des tous meilleurs. Avec sa position actuelle, Barguil va-t-il changer ses objectifs ? Pense-t-il au général ? "C'est pas le but, réfute-t-il, comme un vieux renard sachant que tout peut basculer d'un jour à l'autre. On verra après le Mur de Bretagne et le chrono par équipes si je peux viser un top 10 ou pas." Barguil ne veut pas sauter les étapes. Mais il semble avoir déjà bien grandi.
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