Un coup de gueule contre Nibali, un coup de stress avec Quintana : Froome en a bavé vendredi

Ce qu'il y a de bien avec Chris Froome, c'est qu'il arbore toujours un petit sourire. Pas carnassier, pas moqueur. Le sourire du gentil. Même quand, comme vendredi, il passe une sale journée. Incident mécanique, bras d'honneur, crachat et, le plus important, ce petit moment de faiblesse dans la montée finale de la Toussuire, avec cette trentaine de secondes perdues sur Nairo Quintana. Tout va encore bien pour le leader de la Sky, mais quand même, rien ne lui aura été épargné dans cette avant-dernière étape alpestre.

On n'épiloguera pas sur l'attitude consternante de certains spectateurs, qui pensent pouvoir tout se permettre, comme ces bras d'honneur ou ce crachat au visage au passage du maillot jaune. Des gestes qui n'abaissent que leurs petits auteurs. Froome ne s'est d'ailleurs pas étendu sur le sujet à l'arrivée.

Il avait d'autres chats à fouetter, et d'autres coups de gueule à pousser. Ses nerfs, "Froomey" les a passés sur Vincenzo Nibali, coupable à ses yeux de l'avoir attaqué quand il a connu un problème mécanique dans la montée du Glandon. "J'ai eu un problème mécanique à la roue arrière vers la fin de l'ascension, raconte-t-il.  Un morceau de bitume s'est coincé dans ma roue arrière. J'ai dû m'arrêter pour l'enlever."

Or c'est exactement à cet instant que Nibali a choisi de s'envoler pour ne plus être revu. L'Italien crie à la coïncidence. Froome n'y croit pas une seconde. "Il m'a semblé que Nibali s'est retourné, m'a vu, poursuit le Britannique. C'est ce que m'ont dit d'autres coureurs. Il avait toute la montée pour m'attaquer. J'ai donc le sentiment qu'il a choisi ce moment-là volontairement. Son geste n'était pas sportif. Ce n'est pas dans l'esprit du Tour de France."

A l'arrivée, les deux derniers vainqueurs du Tour se sont expliqués. "Je lui ai dit ce que je pensais de lui", assène Froome, cinglant. "Il m'a dit des mots que je ne veux pas répéter", a répondu Nibali, plutôt serein. "Il était très fâché mais c'est son problème. On est encore dans le feu de l'action à la fin de la course, j'ai préféré ne pas répondre tout de suite. On est tous nerveux, c'est normal."

Nervosité sans doute accrue chez Chris Froome par le fait que, pour la première fois dans ce Tour de France, il a cédé du temps à Nairo Quintana à la pédale. Le Colombien a mis le temps pour attaquer, mais son démarrage à 5 bornes de l'arrivée a fait flancher le maillot jaune, incapable cette fois de combler le trou creusé par son dernier rival. "Oui, j'ai eu peur quand Nairo a attaqué, avoue l'homme fort de la Sky. Il a montré qu'il avait de très bonnes jambes."

L'essentiel pour lui était alors de gérer la situation au mieux. Ce qu'il a globalement réussi à faire en limitant la casse. "J'ai évité de paniquer, explique-t-il. Je me suis mis en mode contre-la-montre, en songeant à ne pas me mettre dans le rouge dans la perspective de l'étape de samedi, mais en tentant de ne pas concéder trop de temps." Mission accomplie.

Néanmoins, c'est une alerte avant l'étape de samedi. Il y a deux ans, Froome avait concédé un peu plus d'une minute à Quintana à l'Alpe d'Huez. Si le maillot blanc attaque le jaune suffisamment tôt, un nouveau coup de stress sera peut-être à l'horizon...

Mais là encore, Froome se veut confiant. Le poids de l'expérience. "Par rapport à 2013, souligne-t-il, j'ai un meilleur contrôle des événements et je connais mieux mon corps. Pour moi, c'est le défi final mais je suis dans une bonne position avec deux minutes trente d'avance." Et le maillot jaune d'annoncer "une étape incroyable" pour samedi. Nous, on signe.