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Chris Froome commence à conquérir le coeur des Français et ainsi entrer dans la légende du Tour

Loris Belin

Mis à jour 26/07/2016 à 22:29 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2016 – Vainqueur sans soutien populaire sur ses deux premières Grandes Boucles, Christopher Froome a dominé l’édition 2016 en obtenant cette fois un début d'approbation des supporters français. Les prémices d'une histoire d'amour jusque-là contrariée, mais qui lui sera indispensable pour réellement entrer dans la légende de l'épreuve.

Froome sur le podium du Tour aux Champs-Elysées

Crédit: AFP

En remportant son troisième Tour de France dimanche, Christopher Froome est rentré un peu plus dans l'histoire du Tour de France en rejoignant d'immenses coureurs : Philippe Thys, Louison Bobet et Greg LeMond. Mais à la différence de ces grands champions, le Britannique a toujours manqué de soutien populaire auprès du public français. Arrivé sur le devant de la scène en pleine époque de chasse aux sorcières et de révélations successives sur la gangrène du dopage dans le monde du vélo, Froome représentait pour beaucoup cette suprématie écrasante, trop grosse pour être vraie et sans cesse soupçonnée. Son image d'un cycliste calculateur et froid, les yeux rivés sur son compteur, n'a pas non plus aidé à le faire entrer dans les cœurs des ménages français, qui ont pourtant déjà su s'enamourer de sportifs à l'hégémonie encore plus grande, même entachée a posteriori d'usages de produits dopants.
Bien sûr, les sceptiques n'ont pas disparu en trois semaines, et Froome ne fera jamais l'unanimité. Mais finis les jets d'urine, oubliés les bras d'honneur. Si le leader de l'équipe Sky ne peut se targuer de nombreuses banderoles à son effigie ou de voir son nom occuper le bitume dans les ascensions, il ne provoque plus la même animosité auprès du public. Même son coup de sang lors de la 8e étape sur un supporter maladroit n'a pas eu le retentissement sulfureux qu'un tel geste aurait pu produire.
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Un spectateur le collait, Froome l'a repoussé d'un coup de coude !

Les jets d'urine et les bras d'honneur ont disparu

D'ailleurs, et cela va presque de paire, les bruits de dopage se sont fait bien moins présents cette année. Qu'elle soit par l'utilisation de produits ou mécanique, la tâche indélébile du cyclisme n'a pas fait couler d'encre cette année. Les nouveaux contrôles par caméra thermique mis en place sur ce Tour en sont en partie responsables. Le temps faisant son œuvre aussi. Nous avons bien lu vos commentaires tout au long de ces trois semaines, et les répliques fréquentes sur les performances encore au sommet de Froome et de son équipe continuent d'en étonner plus d'un. Une méfiance tout à fait compréhensible, les précédents ayant échaudé tous les passionnés de la petite reine. Mais qui semble s'estomper pour le natif du Kenya, au fur et à mesure.
Sa domination sur le peloton est toujours évidente mais malgré son matelas de quatre grosses minutes sur Romain Bardet, la victoire de "Froomey" prend des airs moins écrasants que par le passé. Ses qualités de rouleur lui ont permis de creuser (comme tous les ans) une marge confortable sur les chronos. Mais on n'a plus revu le dragster du Ventoux 2013, le coup de massue de La-Pierre-Saint-Martin dès la première étape de montagne l'an passé. Fin stratège, Froome a aussi fait la différence sur des coups de filou, le genre de manouvres au panache certain qui ne laissent pas les spectateurs insensibles. Sa descente à bloc dans Peyresourde, sa bordure avec Sagan à Montpellier sont autant de coups de force dans un Tour qui en a cruellement manqué.
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La descente supersonique de Froome

Pourtant, il n'a pas été aidé par l'incident du Mont Ventoux, qui aurait clairement pu jouer en sa faveur. Cette image surréaliste du maillot jaune à pied dans LE col par excellence du Tour de France réunissait toutes les conditions pour entrer dans l'armoire à souvenirs de la mémoire collective du Tour. Au lieu de cela, la décision de figer les écarts à ce qu'ils étaient avant la chute de Froome, Porte et Mollema, a balayé d'un revers de la main ce qui aurait été un moment pour l'histoire de la Grande Boucle.
Ce temps perdu, rendu par l'UCI, fait de cette séquence "un instantané de velours, même s'il ne sert à rien." Alors les sifflets ont retenti quand le leader du classement général est allé chercher son maillot jaune. Mais ils n'ont pas plu comme on aurait pu le craindre. Et ils n'ont pas gâché la suite de la relation naissante entre Froome et la France.

Humain, après tout

Car finalement, ce qu'on retient du millésime 2016 de Christopher Froome, c'est aussi un visage plus humain, une faille plus lumineuse dans la carapace de l'homme habillé de noir. Son discours et son attitude après l'attentat de Nice n'avait rien de surfait, simplement un homme visiblement touché par des événements ayant eu lieu dans un lieu familier puisqu'il vit dans le Sud de la France. Sa volonté de communiquer le plus possible en français, et surtout son discours final sur les Champs-Elysées, d'un père vers son jeune fils, d'un homme dans un monde touché par le terrorisme, mais avant tout d'un passionné par le Tour vers tous ses adorateurs, lui ont valu des applaudissements nourris, comme jamais on ne les avait entendus pour le coureur Sky. "Vive le Tour et vive la France". La fin d'une première lettre entre un champion qui commence enfin à faire prendre le soutien dans le cœur des Français. Le début peut-être d'une belle histoire, aussi tardive soit-elle. Une condition obligatoire pour être plus qu'un vainqueur, mais un véritable champion du Tour de France.
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"Vive le Tour et vive la France !" : le discours poignant de Froome

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