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"Cette année, Gaudu a mûri sur tous les plans"

Benoît Vittek

Mis à jour 03/07/2019 à 11:48 GMT+2

TOUR DE FRANCE - À 22 ans, David Gaudu impose désormais ses talents en World Tour et s'avance en lieutenant de Thibaut Pinot pour sa deuxième Grande Boucle. Yvon Madiot, directeur sportif de la Groupama-FDJ, et David Han, entraîneur, dressent le profil du grand espoir breton.

David Gaudu (Groupama FDJ)

Crédit: Getty Images

Tadej Pogacar, Brandon McNulty ou Fabio Jakobsen, sans oublier les extraordinaires Egan Bernal et Remco Evenepoel : le cyclisme mondial fait ces derniers mois une place conséquente aux très jeunes talents. Et les Français ne sont pas en reste, avec notamment David Gaudu (Groupama-FDJ).
Impressionnant pendant la première moitié de la saison, le Breton sera à 22 ans l’une des attractions de la 106e édition du Tour de France, qui s’élance dimanche de Bruxelles. Non seulement parce que la France cycliste cherche toujours son successeur à Bernard Hinault, mais surtout parce qu’il réalise jusqu’à présent une excellente saison 2019, synonyme de vrai palier franchi pour le natif de Quimper.
“Cet hiver, on en a beaucoup parlé”, situe David Han, entraîneur de David Gaudu depuis que celui-ci a rejoint la Groupama-FDJ (d’abord comme stagiaire fin 2016, puis à part entière depuis 2017). "Quand il a rejoint l’équipe, on est parti sur deux ans d’apprentissage, sur tous les niveaux, en course, à l’entraînement… Là, c’est la troisième saison, on s’est dit : ‘C’est fini. L’apprentissage est terminé, il faut y aller !’"
Le directeur sportif Yvon Madiot, qui a repéré Gaudu en Junior 2 et lui a offert pendant deux ans le soutien de la Fondation FDJ avant de l'intégrer à l'effectif pro, abonde : "On savait qu’on avait un coureur de haut niveau donc on ne voulait pas y aller trop vite. C’était un peu lui qui dictait le rythme. Parfois, il fallait plutôt le freiner ! Il a un tempérament fougueux. Mais cette année, il a mûri, sur tous les plans. C’est normal, il est encore très jeune !"
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David Gaudu

Crédit: Getty Images

Grimpeur-puncheur

Dans le sillage de son leader et copain Thibaut Pinot, Gaudu a donc pris en janvier la direction du volcan Teide, dans les Canaries, pour la première fois de sa carrière. "Il était déjà demandeur d’un stage en altitude l’an dernier, mais certains tests montraient qu’il était encore trop jeune et peut-être fragile", précise son entraîneur. Si l'expérience a été mitigée pour Pinot, Gaudu est reparti sur un stage d'altitude pendant deux semaines à Tignes (où il s'était imposé sur le Tour de l'Avenir, en 2016) en mai.
Malade sur le Dauphiné, il n'a pu donner la pleine mesure de son talent, mais sa prestation dimanche aux Championnats de France, malgré un incident mécanique dans le final, montre que les jambes sont là, comme lorsqu'il enchaînait les performances de haut vol en World Tour entre la fin de l’hiver et le début du printemps : 3e de l’UAE Tour, 6e de Liège-Bastogne-Liège et 5e du Tour de Romandie avec une victoire d’étape en costaud à Romont. “Il a un peu d’Alaphilippe dans ce genre d’efforts”, salue Yvon Madiot. "C’est un grimpeur, mais un grimpeur qui peut être puncheur, avec un véritable changement de rythme."
L’autre point fort de Gaudu réside dans ses qualités de récupération, illustrées par sa fraîcheur en fin de Tour l’an dernier. "La capacité à tenir trois semaines n’est pas quelque chose qui nous inquiète ou nous fait peur", selon son entraîneur David Han, qui accompagne également Valentin Madouas, 22 ans, compagnon de route de Gaudu depuis leur enfance et 13e de son premier Giro au mois de mai. "David a montré que la récupération faisait partie de ses qualités naturelles."
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Valentin Madouas

Crédit: Getty Images

Le déstabilisateur, pour éviter le rouleau-compresseur dans les cols
En revanche, “le chrono, on partait vraiment de zéro”, reconnaît l’entraîneur de la Groupama-FDJ. "On a d’abord travaillé une position dans laquelle il se sentait bien, pour qu’il prenne goût à l’effort. Ce n’était pas facile. Parfois, je lui mettais des séances de chrono en septembre, alors qu’il n’en avait plus dans la saison, il ne comprenait pas. On a beaucoup travaillé pour qu’il s’assouplisse, l’hiver dernier il a fait des exercices avec un osthéo, on a encore changé sa position… Et il commence à aimer le chrono à force de le travailler. Ça lui a permis de faire 5e du général de la Romandie !"
Pour résumer, Gaudu présente les qualités de base sur lesquelles construire un vainqueur de Grands Tours… “Oui, bien sûr, c’est à ça qu’on travaille”, explique Yvon Madiot, pour qui son jeune protégé doit encore “prendre de la maturité et de la force” avant de jouer la victoire sur le Tour. "Il est encore jeune, il faut qu’il passe un palier par rapport à l’année dernière. C’était une découverte, sans aucune pression. Les étapes de plaine, il se relevait. Cette année, on va lui demander d’être plus présent."
Et c’est surtout dans la montagne que les Groupama espèrent voir Gaudu bousculer le jeu pour son leader Pinot : “Il vient pour être le trouble-fête, le déstabilisateur pour éviter le rouleau-compresseur des autres équipes dans les cols. Il a cette capacité d’accélération qui peut vraiment mettre en difficulté beaucoup de coureurs”, appelle Yvon Madiot, qui n’a aucun doute sur la capacité des deux grimpeurs à se comprendre : "Ils sont inséparables. Ils sont chambreurs tous les deux donc ils s’entendent comme larrons en foire. Parfois il faut dire : ‘Calmez-vous les garçons.’ Ils s’entendent très très très très très bien."
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