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Les débats du Tour : Quelle étape dans les Alpes fera le plus de dégâts ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/07/2019 à 11:29 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à des membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. On s'intéresse ce lundi aux étapes de la troisième semaine. Laquelle permettra aux meilleurs de faire la différence ?

Los Alpes, en la zona del Mont Blanc, en la 14ª etapa del Giro 2019

Crédit: Getty Images

Quelle étape fera le plus de dégâts ?

  • Jean-Baptiste Duluc
Il ne faut pas se cacher. C'est souvent lors de la dernière étape de montagne que les favoris tentent le plus souvent de renverser le général. En même temps, c'est le dernier moment pour le faire. On se rappelle notamment la 20e étape du Tour 2015 où Quintana avait mis Froome en difficulté ou même de l'étape de Lauruns l'an passé où Landa et Bardet avaient tenté leur va-tout de loin. Sans oublier le show évoqué plus haut de Contador et Schleck lors de l'étape de l'Alpe d'Huez en 2011. Cette année encore, je vois bien l'étape de Val-Thorens être la plus "impactante" au niveau du général.
Déjà, c'est l'ultime étape alpestre. Ce qui signifie que les coureurs l'aborderont fatigués par les deux jours – terribles eux aussi – précédents et qu'elle constituera la dernière chance pour les favoris de renverser le maillot jaune, qu'il soit toujours Alaphilippe ou non. La bagarre a de bonnes chances de se déclencher dès le Cormet de Roselend à plus de 100 km de l'arrivée pour les coureurs les plus loin au général. Et la montée vers Val Thorens a les moyens de créer des écarts monumentaux avec ses 33,4 km très irréguliers (alternance de pentes à 7-8% avec des replats à 3%, voire même des descentes). Difficile d'y prendre son rythme et donc plus facile d'y créer des écarts et de pousser des coureurs à la défaillance. Après deux jours en enfer, le troisième sera fatal à beaucoup. Et sourira à un seul.
  • Simon Farvacque
En l'absence de chrono, le triptyque alpestre (jeudi-vendredi-samedi) se dégage assez nettement dans la course au "grand rendez-vous de la troisième semaine", même si l'arrivée à Gap, mercredi, peut réserver des surprises. Mais entre ces trois étapes qui mèneront les coureurs en haute altitude (à plus de 2000 mètres, à chaque fois), le dilemme est cornélien.
Je pense que l'étape de jeudi, entre Embrun et Valloire (208 km), va générer des écarts conséquents. Le menu est copieux, avec le Col de Vars (9,3 km à 7,5%), puis les deux géants que sont l'Izoard (14,1 km à 7,3%) et le Galibier (23 km à 5,1%), dont le sommet est situé à seulement 19 kilomètres de l'arrivée, jugée au pied de la descente. Cette absence de plat dans le final est à mon avis prépondérante.
Le lendemain, entre Saint-Jean-de-Maurienne et Tignes, j'imagine que la vallée qui précède la montée finale va calmer les ardeurs des attaquants, tandis que samedi, en direction de Val Thorens, le scénario narré par Jean-Baptiste est crédible… mais voir les comptes d'apothicaire battre leur plein et nuire au spectacle également. Ceci-dit, spectacle ou pas, difficile de nier que la pénultième journée du Tour de France risque d'être le théâtre de bouleversements, par le simple effet de la fatigue accumulée.

Alaphilippe a-t-il eu tort de vouloir suivre Pinot ?

  • Simon Farvacque
Julian Alaphilippe a peut-être fait une erreur en répondant à l'attaque de Thibaut Pinot. Mais c'est en faisant confiance à son instinct qu'il en est arrivé là. Difficile de lui reprocher d'avoir voulu repousser, encore un peu plus, ses limites. Ce n'est pas en gestionnaire qu'il a réalisé un superbe début de Tour et il est resté fidèle à sa façon de courir sans commettre de faute tactique manifeste.
En revanche, le deuxième choix marquant qu'il a fait dans la dernière ascension de cette 15e étape m'a plus surpris et m'a semblé plus critiquable. Lorsqu'il a été repris par Geraint Thomas, son dauphin, il a passé un long relais, alors que Wout Poels était encore là, aux côtés de Thomas, susceptible de mener ce groupe de coureurs distancés au sein duquel figurait également le troisième du classement général, Steven Kruijswijk.
Je ne reproche pas à Alaphilippe d'avoir roulé derrière Pinot – l'alliance franco-française est un fantasme qui ne m'émoustille aucunement –, mais d'avoir raté l'occasion de reprendre un peu de force dans les roues, sachant qu'il n'avait pas à paniquer, en compagnie de ses deux plus proches poursuivants. Avec ce léger répit, il aurait peut-être pu répondre au pétard du tenant du titre, à deux kilomètres de l'arrivée.
  • Jean-Baptiste Duluc
Comme le dit Simon, c'est difficilement possible de faire le moindre reproche au Français tant il se bat et donne tout depuis plusieurs jours. Mais on ne m'enlèvera pas de la tête qu'il s'est laissé "griser" dans l'ascension du Prat d'Albis. Suivre l'attaque de Pinot était une initiative aussi ambitieuse et pleine de panache qu'un mauvais choix stratégique. Bien sûr, s'il n'avait pas explosé en vol ensuite, je n'aurais pas la même analyse. Mais le fait est qu'il s'est mis dans le rouge alors qu'il n'en avait pas besoin.
Cette situation n'est d'ailleurs pas sans me rappeler le cas de Thomas Voeckler en 2011. Porteur du maillot jaune lui aussi, le coureur d'Europcar avait cherché à suivre absolument l'attaque d'Alberto Contador et Andy Schleck dans le Galibier lors de la 19e étape, alors que Cadel Evans, avec expérience, avait privilégié une montée au train.
Et c'est l'Australien qui a remporté le Tour quelques jours plus tard. Ce samedi, Alaphilippe aurait sans doute eu plus intérêt à rester avec Geraint Thomas, quitte à bouger dans le final s'il lui restait de la force, que tenter de suivre les purs grimpeurs. Il aurait sûrement économisé de précieuses forces et de lucidité, chose qui lui ont manqué au moment où le groupe Thomas est revenu sur lui. Pour moi, l'erreur évoquée par Simon découle de sa première au moment de l'attaque de Pinot.

Que peut encore espérer Landa ?

  • Jean-Baptiste Duluc
Sans sa malheureuse chute le jour des bordures, alors qu'il n'avait pas été piégé, Mikel Landa (7e à 4'54" de Julian Alaphilippe) pointerait ce soir à un peu plus d'une minute de Geraint Thomas. Mais l'Espagnol de la Movistar a bien été poussé et doit composer avec ce retard de 3'19'' sur le Britannique, premier favori derrière Alaphilippe, à l'aube de la dernière semaine. S'il s'agissait de n'importe quel autre coureur et d'une dernière semaine plus facile que celle-ci, je ne verrais vraiment pas comment il pourrait espérer mieux qu'une 6e place et une victoire d'étape.
Sauf qu'il s'agit de Mikel Landa. En bonne forme malgré son Giro, le Basque est clairement l'un des plus forts en montagne (2e aux temps cumulés sur ces Pyrénées) et semble encore monter en puissance. Jamais avare de tentatives lointaines, à l'image de son numéro vers le Prat d'Albis ce dimanche, l'Espagnol peut aussi compter sur le collectif de la Movistar, qui semble le plus solide en montagne. Et cette dernière semaine est monstrueuse avec des Alpes dantesques, qui promettent – à mon sens – des défaillances en pagaille et de gros écarts. Si son retard dans la course au podium peut aujourd'hui sembler rédhibitoire, il ne faut pas l'écarter des candidats au top 3. Pas encore.
  • Simon Farvacque
Impossible d'écarter Mikel Landa de la liste des candidats au podium, avec le menu que les coureurs ont à déguster en troisième semaine. Trois minutes de retard dans un tel contexte, ce n'est pas grand-chose. Surtout que le grimpeur de la Movistar a fait belle impression lors du week-end pyrénéen. Qui était plus fort que lui ce dimanche, à part Thibaut Pinot ? Personne, sans doute. Enfin, son appétence pour les offensives de grande envergure n'est effectivement plus un secret pour personne.
Cependant, je suis un peu moins optimiste que Jean-Baptiste quant aux chances que Landa à d'exorciser ses démons du Tour 2017, à l'issue duquel il avait manqué le podium pour une seconde, derrière Romain Bardet. Le Giro, qu'il a bouclé à la quatrième place début juin, risque de lui peser dans les jambes. Le voir échouer, encore une fois, au pied de la boîte, au gré de quelques défaillances des coureurs qui le devancent au classement général après deux semaines de course me semble l'hypothèse la plus probable.
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Mikel Landa, à l'attaque lors de cette 15e étape

Crédit: Getty Images

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