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Voir MVDP et mourir : "C'est de l'art", Mathieu van der Poel a ébloui Benidorm même sans s'imposer

Benoît Vittek

Mis à jour 22/01/2024 à 21:16 GMT+1

Malgré sa chute et son premier revers de la saison dans son duel à distance avec Wout van Aert, Mathieu van der Poel a encore ébloui les spectateurs qui s'étaient pressés pour l'admirer à Benidorm. "Il est vraiment impressionnant, même pour nous", soufflent ses rivaux. Forcer le respect de tous, l'apanage d'une classe à part. Notre reportage à Benidorm.

Du pur Van der Poel : son accélération faramineuse

Premiers coups de pédale, premier mouvement de foule. Le départ de la 13e étape de la Coupe du monde de cyclo-cross vient d’être donné à Benidorm, dimanche. Le peloton fonce vers un premier virage à droite. Le public massé sur la ligne de départ se presse vers les secteurs techniques, pour mieux voir l’arc-en-ciel briller sous le soleil de janvier.
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Christoph Roodhooft manque d’être bousculé. Le manager de l’équipe Alpecin-Deceuninck porte le sac de Mathieu van der Poel sur le dos, les chaussures irisées de son poulain dans la main gauche, tandis que la droite conduit un vélo Canyon aux couleurs du champion du monde… Personne ne le voit. Tout le monde cherche Van der Poel, dont le succès l’an dernier sur ce même circuit avait lancé une série de 13 victoires toujours en cours au moment de se présenter à nouveau en Espagne.

L’arc-en-ciel s’est élancé bien au chaud, autour de la dixième position. Mais il a reculé au moment de franchir une première fois le pont qui fait gonfler les cuisses, après une série de tourniquets dans laquelle il a dû s’arrêter pour régler un problème de chaîne. Laurens Sweeck mène la troupe. Joris Nieuwenhuis, Thibau Nys, Eli Iserbyt et une quinzaine de coureurs suivent… Et enfin, le héros irisé apparaît.

Chair de poule

"C’est Mathieu !", s’émerveille Enaitz, 13 ans, venu de Navarre, à quelque 600 kilomètres de là. Maillot Alpecin-Deceuninck sur le dos, il passe son après-midi à bondir entre le bac à sable et les planches. Tout près, Hugo, 11 ans, a disputé son premier cyclo-cross la veille, sur le même circuit que ses idoles. Il a illustré une pancarte à l’adresse du Big Three : "Mathieu, Wout, Tom, j’échange ma maman contre un autographe". Pidcock a signé. Mais son préféré, c’est Mathieu, précise la mère.

Plus de 16 000 personnes (avec des entrées payantes de 15 à 150 euros, pour les super VIP) se sont pressées le long des 3 kilomètres du circuit tracé dans les parcs de Foietes et El Moralet, selon l’organisation. On estime que la moitié est espagnole, l’autre moitié étrangère. "Je suis venu pour mes compatriotes belges : Van Aert et Iserbyt, explique Luc. Et Van der Poel ? "Il est superbe, encore plus de tout près", sourit le retraité, accompagné par trois amis.
La clameur monte à nouveau dans ce sous-bois. Les cris se mêlent aux sons de cloches. Une tronçonneuse résonne. Rafa, “amoureux de cyclo-cross et de cyclisme en général”, montre son bras : “Je viens de voir le dépassement de Van der Poel dans la ligne droite, ça m’a mis les poils !” On est au troisième tour, le Néerlandais s’est replacé parmi les cinq leaders de la course…
Un tour plus tard, il est en tête, virevoltant de légèreté sur une pente à près de 20%. Au moment de sauter les planches, il semble aussi léger qu'Eli Iserbyt (Pauwels Sauzen-Bingoal), qui lui rend une vingtaine de centimètres et de kilogrammes. “L’élégance de Mathieu sur un vélo”, souffle Rafa… “C’est la classe absolue.
On ne peut pas l’imiter !
Au milieu du public, les jeunes pousses de la sélection néerlandaise sont également aux premières loges. “C’est fou, c’est de l’art”, se fascine Tibor del Grosso, leader de la Coupe du Monde espoirs et nouvelle recrue de l’équipe de développement d’Alpecin-Deceuninck. “Il est vraiment sympa. Mais ce n’est pas vraiment un exemple. Il ne s'échauffe pas, etc… On ne peut pas l’imiter !
Le Français Aubin Sparfel, champion d’Europe juniors et nouveau leader de la Coupe du Monde après sa victoire en fin de matinée à Benidorm, est tout aussi émerveillé : “Il a une carrure impressionnante. C’est vraiment un cyclo-crossman pur, qui peut s’exprimer sur tous les terrains. Il est très technique, c’est ce qui fait sa force, pour utiliser sa puissance. L’an dernier, à Besançon, il m’avait impressionné sur une ligne droite. Je pense qu’il montait la bosse à 50 km/h ! Et il arrive à rester lucide sur les parties techniques. C’est cette alliance qui fait de lui le meilleur coureur du monde.
L’admiration ne retombe pas avec l’âge. “Il est coureur le plus complet, dans tous les sens du terme”, appuie Felipe Orts, local de la manche de Benidorm (8e de la course élite). “Il est bon sur la route, bon en VTT… Et je pense que c’est encore plus impressionnant en cyclo-cross. C’est là qu’il montre sa meilleure version comme on peut le voir cette année. L’autre jour, à Zonhoven, après la descente du ‘Kuil’, il est très difficile de rester sur le vélo pour enchaîner la montée suivante. Et il l’a fait avec une énorme facilité… C’est vraiment impressionnant, même pour nous qui le voyons tout le temps.”
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Départ prudent pour van der Poel... puis plus rien à faire : son succès à Zonhoven en résumé vidéo

Coup de tonnerre : l’arc-en-ciel à terre

Pour autant, même Van der Poel n’est pas au-dessus des aléas, plus prégnants encore en cyclo-cross que sur la route. Au 8e tour, un excès de vitesse en sortie de sable lui fait percuter un poteau.
L’image a échappé aux caméras, pas aux spectateurs, saisis par la surprise, ni aux rivaux qui le suivaient. “C'est une chute assez lourde”, observe Eli Iserbyt (Pauwels Sauzen - Bingoal), quasi-assuré de remporter la Coupe du Monde après sa 4e place à Benidorm, juste devant Van der Poel. “Je ne sais pas où il a fini… Cinquième ? Ah oui, c’est pas mal !”, sourit le Belge. "Il sera le grand prétendant pour les Mondiaux."
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La chute de Van der Poel qui a échappé à la réalisation

Mathieu a été vraiment malchanceux aujourd’hui”, abonde le champion de France Clément Venturini (Arkéa - B&B Hotels), qui a vu le Néerlandais revenir dans le final. “Physiquement il était bien, même s’il sort aussi d’un gros stage. Et ça reste Mathieu van der Poel, je ne me fais pas de soucis pour lui.
L’entourage de MVDP n’est pas plus inquiet. Il ne s’est pas fait trop mal ? “Non, non, tout va bien.” Un peu de frustration peut-être ? “Encore moins”, rigole-t-on. “Il est difficile de faire des différences ici parce que c’est très rapide et glissant”, anticipait le principal intéressé, venu à vélo depuis la région de Calpe, où il réside. Son panache arc-en-ciel est désormais attendu à domicile, avec la dernière étape de la Coupe du Monde à Hoogerheide, sur le “GP Adrie van der Poel”, avant de repartir en conquête aux Mondiaux de Tabor (4 février).
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Grosse chute près de l'arrivée avant la victoire : fin de course rocambolesque pour Van Aert

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