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ESCALADE - On ne voit qu'eux : pourquoi les Indonésiens dominent tant l'escalade de vitesse

Glenn Ceillier

Mis à jour 10/08/2023 à 08:35 GMT+2

A presque chaque épreuve, les Indonésiens font le spectacle sur les murs de vitesse. Avant les Championnats du monde de Berne (1-12 août), l’Indonésie s'est imposée comme une puissance en escalade, alors que ses champions ne brillent que dans les épreuves de vitesse. Mais alors quelle est la recette du succès indonésien ?

Veddriq Leonardo : "Avoir une médaille en escalade serait extraordinaire pour l'Indonésie"

Veddriq Leonardo en est le nouvel étendard. Premier grimpeur sous la barre mythique des cinq secondes, l'Indonésien de 26 ans a marqué l'histoire de la vitesse en escalade, une discipline qui consiste à grimper un mur vertical de 15 mètres le plus rapidement possible. Lui peut le faire en 4.90 secondes ! Tout simplement bluffant. Et si vous suivez l'escalade et même d'assez loin, sa nationalité ne doit pas vous surprendre. Car une tendance s'impose depuis quelques années dans cette épreuve : la surpuissance de l'Indonésie.
En escalade de vitesse, l'Indonésie est devenue une référence avec la Chine. Chez les hommes, Veddriq Leonardo est ainsi loin d'être le seul à s'illustrer. Ses compatriotes Raharjati Nursamsa et Kiromal Katibin multiplient eux aussi les podiums. C'est simple, seul le Chinois Jianguo Long est parvenu cette saison à stopper l'hégémonie indonésienne lors des étapes de Coupe de monde. Et chez les dames où la Pologne est aussi bien fournie, les Indonésiennes ne sont pas en reste avec Rajiah Sallsabillah, sacrée lors de l'étape de Chamonix, alors qu'Aries Susanti Rahayu avait été surnommée la "spiderwoman" en 2019 après être devenue la femme la plus rapide du monde. Mais alors quel est le secret de cette armada indonésienne dans cette discipline ?
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Nous nous entraînons toujours ensemble, comme une famille
En 2022 pour le site des Jeux Olympiques, Kiromal Katibin avait donné une première piste pour expliquer les raisons de ce succès. "L’Indonésie est une terre réputée pour faire naître de bons grimpeurs de vitesse. Je pense que c’est parce que nous nous entraînons toujours ensemble, comme une famille. Nous nous supportons toujours les uns les autres. C’est la clef", avait expliqué le grimpeur indonésien. C'est sûrement l'une des clefs en effet. Mais ça ne peut pas tout expliquer. Surtout que l'Indonésie était insignifiante en escalade il y a encore quelques années.
Matthieu Dutray a pu observer de près cette métamorphose. "Encore récemment quand un Indonésien se qualifiait pour les phases finales, je me souviens qu'on le voyait sauter partout et célébrer. Maintenant, quand ils ne gagnent pas, ils sont déçus", lance le consultant Eurosport et ancien sélectionneur de l’équipe de France. Et si l'Indonésie ne cesse de s'illustrer, c'est évidemment que le pays d'Asie du Sud-Est s'est donné les moyens de ses ambitions dans ce sport. "Ils ont fait un centre d'entraînement de 'psychopathe' avec tout un ensemble de murs côte à côte alors qu'en France en a que deux. Et ils sont allés chercher des jeunes dans d'autres disciplines comme la gymnastique ou l'athlétisme", raconte Matthieu Dutray.
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Ils ne font pas vraiment de l'escalade, mais uniquement de la vitesse
La vraie clef de la réussite indonésienne réside alors peut-être dans un choix fort et assumé : tout miser sur la vitesse, laissant de côté ostensiblement les épreuves de bloc ou de difficulté. Alors que certains en escalade peuvent décrier cette épreuve pour le manque d'attention portée à la technique et à la concentration ("Beaucoup de gens considèrent que la vitesse, ce n'est pas de l'escalade. Ce qui n'est pas vraiment vrai mais n'est pas faux non plus", confesse Matthieu Dutray), l'Indonésie n'en a cure et ne voit de l'escalade que par ça.
"Ils ne font pas vraiment de l'escalade, mais uniquement de la vitesse. Dans cette sorte de centre de formation qui doit avoir quatre ans, ils ne font que de la vitesse du matin au soir", explique encore Matthieu Dutray. "A l'inverse, les Français par exemple qui font de la vitesse, ce sont des grimpeurs à la base qui se sont tournés vers ça. En Indonésie, ils n'ont jamais fait d'escalade. Et si les Chinois ont par exemple essayé de tenir la route dans les autres épreuves également, les Indonésiens ne s'intéressent pas du tout au reste."
Une politique claire qui porte ses fruits dans le but de ramener des titres et des médailles au pays d'Asie du Sud-Est. Ayant profité de l'absence de la Russie ces derniers mois ou des grimpeurs chinois avec le Covid, l'Indonésie s'est ainsi installée comme une place forte de l'escalade de vitesse. Et compte bien le démontrer aux Championnats du monde de Berne avant de le faire à Paris 2024. "Notre but à Paris est de gagner l'or en vitesse", a annoncé dès 2022 Kiromal Katibin.
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