Oubliez Brady, Goff et les autres : la vraie star du Super Bowl, c'est Tony Romo
Mis à jour 31/01/2019 à 13:25 GMT+1
SUPER BOWL – L'ancien quarterback Tony Romo sera aux commentaires dimanche sur CBS lors de la grande finale de la NFL qui opposera New England aux L.A. Rams. En deux saisons, il est devenu un consultant aux compétences unanimement saluées. Ses talents prédictifs l'ont même transformé en véritable phénomène lors de ces playoffs.
Tony Romo au Super Bowl. Enfin. Près d'une décennie et demie de carrière n'aura pas permis au quarterback de Dallas de disputer le match d'une vie. Mais s'il était arrivé au Super Bowl à la tête des Cowboys, le Californien n'aurait pas suscité autant d'attente. Dimanche, c'est au micro de CBS que l'ex-monsieur Jessica Simpson participera à la grand-messe annuelle de la NFL en mondiovision. Consultant du réseau national depuis seulement deux saisons, Romo est devenu une référence dans son domaine.
Quelle douce revanche pour celui qui aura été tout au long de sa carrière la tête de turc des médias et d'une partie du public. Il n'était pourtant pas un manchot, le Tony. Quadruple Pro Bowler (l'équivalent du All-Star Game en NFL), il a mené six fois les Cowboys en playoffs et sur la période 2006-2013, aucun QB n'a affiché un rating supérieur. Mais sa réputation a souffert de sa propension à s'écrouler en playoffs (seulement deux victoires pour quatre défaites). Un si fragile Tony, incapable de résister à la pression. On a même dit de lui qu'il était trop douillet... Sur le net, les parodies ont fleuri au fil des années.
La révélation de McManus
En avril 2017, à 37 ans, Romo annonçait son départ à la retraite, à l'issue d'une carrière bien remplie mais frustrante. Sean McManus, le patron de CBS Sports, saute sur l'occasion. Depuis plus de deux ans, il a une idée derrière la tête. A la veille du Super Bowl 2015, qui allait opposer New England à Seattle, McManus dîne avec Jerry Jones, le propriétaire des Dallas Cowboys. Romo passe par là pour saluer son patron.
L'homme fort de CBS lui demande de façon anodine son avis sur le match. Il va avoir une révélation : "pendant de longues minutes, Tony nous a expliqué comment selon lui la défense des Seahawks pouvait stopper Brady et inversement pour les Patriots avec Russell Wilson. Il était si enthousiaste, si pédagogue, si précis, c'était incroyable. En repartant, j'ai dit à David Berson (son adjoint) 'je crois qu'on tient notre prochain consultant le jour où il arrête sa carrière.'"
En mai 2017, Tony Romo a rendez-vous au 5e étage du siège de CBS à New York. Il passe un test avec le commentateur vedette du groupe, Jim Nantz. L'essai est si concluant que la chaine décide de propulser directement l'ancien quarterback aux commentaires. "D'habitude, il y a toujours une période de transition, où l'analyste fait du plateau à la mi-temps, ou après les matches, explique Nantz. Mais avec Tony, on a voulu tenter le coup, parce que nous pressentions qu'il avait quelque chose de spécial. C'était un risque, mais nous étions confiants."
Le risque était calculé, mais c'était quand même un risque
Exit le taulier du poste, Phil Simms. CBS a mis dans le mille. Très vite, Romo séduit. Aussi bien sur la forme que sur le fond. A l'antenne, l'ancien Cowboy dégage une énergie et un enthousiasme communicatifs, sans en rajouter. Bref, il est lui-même. Là où, sur la FOX, un Troy Aikman (légendaire quarterback de... Dallas dans les années 90) a une fâcheuse tendance à inciter à la sieste, Romo embarque tout le monde avec lui. Jim Nantz tente une comparaison évocatrice : "Il me fait penser à ces professeurs au lycée qui sont tellement passionnés par leur sujet qu'ils arrivent à faire aimer leur matière aux plus réfractaires. Ces profs-là sont rares, mais ils marquent la mémoire de tous leurs élèves."
Mais la justesse du ton s'accompagne de celle du propos. Tony Romo sent le jeu. Il le voit. Ce fut une évidence dès ses premières apparitions. Son année de rookie l'a rapidement installé parmi les consultants les plus appréciés du pays. Sean McManus a gagné son pari. "Le risque était calculé, mais c'était quand même un risque, a-t-il dit à USA Today. Mais parfois, il faut suivre son instinct, et notre instinct nous disait que Tony serait bon. Très bon, même. Mais franchement, il a dépassé toutes nos attentes."
Romostradamus
Sa deuxième campagne n'a pas fait baisser sa cote. Mais depuis une dizaine de jours, Tony Romo est carrément devenu un véritable phénomène. Lors de la finale de conférence entre Kansas City et New England, il a livré un véritable petit chef-d'œuvre au micro. Parallèlement à ses analyses pointues, Romo a joué les devins, prédisant sur pas moins de 13 séquences ce qui allait se passer avec exactitude. Bluffé, Jim Nantz l'a même rebaptisé en direct "Romostradamus". Ce fut notamment le cas en fin de match et lors de la prolongation, où Romo a annoncé quatre fois de suite ce que Tom Brady allait faire. La défense des Chiefs n'avait rien vu venir. Romo, lui, avait tout compris.
Au point qu'il a mis le feu aux réseaux sociaux. Plusieurs joueurs NFL qui regardaient le match n'en sont pas revenus. "Tony Romo a Miss Cleo dans son oreillette", a ainsi tweeté le défenseur de Philadelphie, Chris Long, en référence à l'ancienne voyante qui œuvrait à la télévision américaine. "Je viens de contacter Tony Romo pour savoir où je jouerai l'année prochaine" a plaisanté le joueur de baseball Bryce Harper, message assorti du hashtag "YouAreAWizardTony" (Tu es un magicien Tony). Aux quatre coins du pays, les fans, eux, demandent à leurs dirigeants d'engager au plus vite Romo dans leur staff dès la saison prochaine.
Un buzz inédit
"Tu dis seulement ce que tu crois voir et tu es chanceux de temps en temps, ce n’est rien de plus que ça", a modestement tempéré l'intéressé. Certains assurent d'ailleurs que ce que Romo fait n'a rien d'exceptionnel, comme l'ancien coach Rex Ryan, lui aussi consultant télé. "Oui, il annonce beaucoup de jeux par avance, mais savez-vous que c'est très facile à faire ?", a-t-il lancé il y a quelques semaines.
"En réalité, précise Jim Nantz, beaucoup de consultants ont peur de faire ça, de peur de se tromper. Tony, lui, n'a pas cette crainte, il le fait instinctivement, parce qu'il pense que ça fait partie de son job, de décrypter non seulement après coup, mais aussi en amont. Et je peux vous dire que beaucoup de consultants ne sont pas capables d'être aussi efficaces dans ce domaine."
Le buzz, en tout cas, est bien en route. En début de semaine, CBS a tenu sa traditionnelle conférence de presse pré-Super Bowl, pour présenter son dispositif. La salle était bondée jusqu'à la gueule. Du jamais vu. La conséquence du phénomène Romo. Ce dernier avoue ressentir "un peu de pression" avant de commenter dimanche pour une audience inhabituelle pour lui. "Le Super Bowl, c'est différent, dit-il. Je suis un peu stressé, mais je vais essayer de juste être moi-même". Jusqu'à présent, ça ne lui a pas trop mal réussi.
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