NFL - Et si le Super Bowl se tenait loin des États-Unis ?

Après les premiers essais fructueux à Mexico et Londres dans les années 2000, la NFL est passé du test grandeur nature à la stratégie durable. La Ligue est désormais largement ouverture vers l'internationale, avec une stratégie bien établie. Au point qu'un jour, il n'est pas impossible d'imaginer qu'un Super Bowl soit organisée en Europe, ou qu'une franchise vienne s'y implanter à temps plein.

Le Super Bowl se tiendra-t-il un jour en Europe ? En chine ? Au Brésil ?

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Arena Corinthians. Croke Park. Wembley. Tottenham Stadium. Olympiastadion. Santiago-Bernabeu. La NFL n'en finit plus de s'exporter. Cette saison, sept matches ont ou vont être joués loin du sol américain, dans cinq pays différents et sur des scènes toujours plus prestigieuses. Les "International Series", noms donnés à ces rencontres délocalisées, font désormais partie intégrante de la vie de la Ligue dirigée par Roger Goodell. Au total, depuis 2005, 56 matches ont été joués à l'étranger. Et ce n'est pas fini. Ce n'est même que le début. Avec, en filigrane, cette question : et si un Super Bowl était organisé loin des États-Unis ?
A la fin du siècle dernier, la seule idée d'organiser un match de saison régulière en Europe, au Brésil ou au Mexique aurait semblé totalement ridicule. C'est dire l'ampleur du chemin parcouru. Un homme, méconnu du grand public, a œuvré dans l'ombre des hauts dirigeants de la NFL pour faire avancer la cause de l'internationalisation du football américain. Il s'appelle Mark Waller et personne d'autre n'était mieux placé que lui pour mener à bien cette mission.
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Mark Waller.

Crédit: Getty Images

Né en 1957 au Kenya de parents britanniques, il a ensuite grandi au pays de Galles. Waller a vécu et travaillé aux États-Unis, en Grèce, en Espagne (aux Canaries, notamment) ou en Chine. Sportivement, ses amours naturels sont le soccer, le rugby et le cricket. C'est pourtant lui qui va hériter de ce rôle fondamental : faire découvrir et aimer le football américain au reste de la planète. Lorsqu'il devient commissionner en 2006, Roger Goodell le débauche de chez Coca-Cola pour faire de lui son responsable du développement international. Il aurait pu, tel Steve Jobs arrachant John Sculley à Pepsi, souffler à l'oreille de Waller : "Tu veux passer le reste de ta vie à vendre de l'eau sucrée ou tu veux changer le monde avec moi ?"
Si vous êtes chez Pepsi, vous ne vendez pas Pepsi version 2 au monde entier
Ils n'ont pas changé le monde, mais celui de la NFL s'est élargie et tel était le but. En 2007, Mark Waller met ainsi sur pied le concept des International Series, une véritable marque, et met le cap sur l'Europe. Mais avec la vraie NFL, pas un ersatz. Exit donc la NFL Europe, qui vivotait depuis 15 ans avec une poignée de franchises sans âme. Pour lui, ce n'est pas seulement le jeu qu'il faut exporter, mais la Ligue tout entière : des matches doivent se jouer tous les ans à l'étranger. "Si vous êtes chez Pepsi, vous ne vendez pas Pepsi version 2 au monde entier. Vous leur vendez du Pepsi", explique-t-il.
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La NFL continue d'innover : ici, à Croke Park, à Dublin, en 2025. Une première en Irlande.

Crédit: Getty Images

Même Roger Goodell s'interroge : ne va-t-on pas trop vite ? "Je ne pense pas qu'on puisse rester puissant éternellement si l'on ne fait pas partie de la communauté internationale, surtout de nos jours, lui répond Waller. Je pense qu'avec le recul, on se dira : 'Waouh, c'était un moment où on a eu l'impression de changer notre vision des choses'." Très vite, il comprend toutefois qu'il ne faut pas se disperser : "Je ne crois pas que nous devons chercher à être puissants dans 150 pays. Dans 6 à 10, cela suffit. Le Royaume-Uni, le Mexique, le Brésil, l'Allemagne, la Chine, le Japon, l'Australie. Si nous y arrivons, nous serons bien."
C'est peu dire que la NFL a surtout axé ses efforts sur l'Angleterre. 42 des 56 matches des International Series se sont tenus là-bas, essentiellement à Wembley. Mais le champ des possibles s'ouvre au fil des ans. L'Allemagne, chaque année depuis 2022. L'Irlande et l'Espagne pour la première fois cet automne. Le Brésil, l'an dernier. L'an prochain, un match aura même lieu au Maracana. Le cap sera aussi mis sur l'Australie, autre grande première, au Melbourne Cricket Ground. Aujourd'hui, les 32 franchises NFL ont joué au moins un match à l'étranger.
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Quand les immeubles de Sao Paulo au Brésil se mettent aux couleurs de la NFL.

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Qu'est-ce qui pourrait permettre à la NFL de changer encore de braquet ? Deux options auraient valeur de révolution :
. L'installation d'une des 32 franchises à temps plein à l'étranger
. L'organisation d'un Super Bowl à l'étranger
Les deux sont à l'étude, mais aucune n'est imminente. Pour la première, les Jaguars, basés aujorud'hui à Jacksonville, sont souvent cités. Les Floridiens ont évolué 13 fois à l'étranger. Aucune autre équipe n'a joué plus de six rencontres. Surtout, les Jaguars ont signé en mars 2022 un accord avec le stade de Wembley pour évoluer ici une fois par an. Il y a deux ans, ils s'y étaient même produits à deux reprises. Si une franchise devait s'établir un jour en dehors des États-Unis, ce serait à Londres. Et ce serait les Jaguars. Mais nous n'en sommes pas là.
Notre priorité est de disputer le Super Bowl sur les marchés où nous avons des franchises
Idem pour le Super Bowl. Roger Goodell a soufflé le chaud et le froid à ce sujet au fil des années. "C'est une réelle possibilité pour le futur", a-t-il déclaré à plusieurs reprises. Mais le futur, cela peut être demain ou dans 30 ans. "Il est délicat d'anticiper l'avenir, mais je dirais que notre priorité est de disputer le Super Bowl sur les marchés où nous avons des franchises", a précisé le patron cet été. Autrement dit, aux États-Unis.
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Le commissionner Roger Goodell faisant la promotion du Super Bowl 2026 à San Francisco.

Crédit: Getty Images

Les deux principaux freins sont météorologiques et économiques. En février, quand se joue le Super Bowl, c'est l'hiver en Europe. Un Super Bowl a certes été organisé à New York, mais c'était une exception. Wembley, en février, ce n'est pas l'idéal en termes de climat. Il existe bien sûr des Arenas, des stades couverts, mais un Super Bowl en Europe s'établirait d'abord à Londres, la chose est évidente. Mais c'est surtout la dimension financière qui pose problème. "L'impact économique est considérable, rappelle Goodell. Le Super Bowl de l'année dernière à La Nouvelle-Orléans a généré plus d'un milliard de dollars… C'est un investissement considérable."
D'ici là, la NFL estime avoir encore besoin de consolider sa stature à l'international, auprès d'une fanbase grandissante, mais encore insuffisante. Même si elle pèse. "À long terme, notre succès sera défini par la construction d'un 'fandom', qui dépasse désormais les 240 millions de personnes dans le monde'", juge Gerritt Meier, l'homme fort aujourd'hui de NFL International. Il rappelle au passage que plus de 50% de l'engagement des fans sur les réseaux sociaux autour de la NFL vivent à l'étranger. Il y a 10 ans, c'était moins de 10%...
"Au bout du compte, notre vision, ce n'est pas seulement d'être le sport le plus populaire en Amérique, mais de devenir un sport global pour les fans et les sportifs du monde entier", évoque encore Meier. Chaque chose en son temps. Le chemin parcouru en à peine deux décennies est déjà considérable. Alors, un Super Bowl à l'étranger ? En Europe ? "Les choses changent, elles évoluent. Je ne serais pas surpris que cela arrive un jour, à l'avenir", a encore conclu Goodell au mois d'août. C'est quand, un jour ? C'est loin, l'avenir ?
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