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Ange-Freddy Plumain, attaquant du Rukh Lviv en Ukraine : "Je n’ai pas hésité, il fallait partir"

Alexis Billebault

Mis à jour 04/03/2022 à 11:43 GMT+1

UKRAINE - L’attaquant français Ange-Freddy Plumain a signé au Rukh Lviv au mois de janvier dernier un contrat d’un an et demi avec l’équipe ukrainienne. Il ne se doutait pas que six semaines plus tard, il devrait quitter son nouveau pays d’accueil en quelques heures, après la guerre déclenchée par Vladimir Poutine, le président de la fédération de Russie.

Ange-Freddy Plumain, attaquant du Rukh Lviv en Ukraine, ici avec le maillot de Westerlo

Crédit: Imago

Ange-Freddy Plumain (27 ans) a retrouvé la tranquillité de son logement en Ile-de-France, après avoir vécu des heures agitées. Le 24 février dernier, alors que l’armée russe lançait son offensive sur l’Ukraine, l’ancien joueur du RC Lens, passé également par Sedan, Quevilly- Rouen, le Red Star, l’Angleterre, Israël, la Turquie et la Belgique a décidé de quitter Lviv avec sa femme et ses deux petites filles. Désormais à l’abri, Plumain a accepté de raconter ce qu’il a vécu ces derniers jours.
Ange-Freddy Plumain, quand êtes-vous rentré en France ?
J’ai pris un vol le vendredi 25 février, à Varsovie, pour rejoindre Paris. Depuis, je suis de très près tout ce qui se passe en Ukraine. Moi qui ne regardais pas souvent les chaînes d’information, ma télé est allumée presque toute la journée. Aujourd’hui, je ne souhaite qu’une chose, c’est que cette guerre s’arrête. Mais j’ai peur que cela dure. Je suis soulagé d’avoir pu quitter l’Ukraine très vite, quelques heures après l’offensive russe. Cela faisait un peu plus d’un mois et demi que j’avais signé au Rukh Lviv. Je ne m’attendais pas du tout à repartir si vite
Racontez-nous comment s’est déroulée cette journée du 24 février…
Nous étions revenus quelques jours plus tôt d’un stage en Turquie. Le jeudi matin, j’ai quitté l’hôtel où j’étais logé avec ma femme et mes deux enfants pour aller à l’entraînement. J’avais entendu des sirènes le matin, mais je ne me suis pas plus inquiété que ça. Et puis, en me rendant au centre d’entraînement, j’ai vu que les stations-service étaient prise d’assaut. Et cela m’a mis la puce à l’oreille. J’ai reçu un message du club m’indiquant que l’entraînement était annulé. Je me suis quand même rendu au centre, où j’ai retrouvé Elhadji Diaw (un international sénégalais, ndlr) et là, on a compris que la Russie avait attaqué. Je suis rentré à l’hôtel, et j’ai discuté avec la personne de la réception, qui ne semblait pas trop inquiète. Elle m’a juste dit que Lviv, une ville située à l’ouest de l’Ukraine, ne risquait pas grand-chose, que Poutine voulait juste se montrer et que cela ne durerait pas. D’ailleurs, c’est ce que disaient les gens avec qui je discutais depuis mon arrivée en Ukraine. Un de mes coéquipiers ukrainien me tenait le même discours. En remontant dans ma chambre après l'entraînement, j’ai dit à ma femme et aux filles qu’il fallait faire les valises et s’en aller. Comme j’avais mon passeport sur moi, contrairement à des joueurs brésiliens qui avaient laissé le leur au club, je pouvais partir.
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Quand on voit des gens qui marchent le long de la route avec des bagages...
Vous n’avez pas hésité ?
Non. J’ai une famille, et je devais la mettre à l’abri. Si j’avais été seul, cela aurait peut-être été différent, j’aurais peut-être attendu, car Lviv n’est qu’à 70 kilomètres de la frontière polonaise. Mais je ne voulais pas prendre de risques. On a donc chargé la voiture que j’avais louée, et on a pris la direction de la Pologne. Et ce que j’ai vu sur la route m’a fait penser que j’avais eu raison. Quand on voit des gens qui marchent le long de la route avec des bagages, que certaines stations-service n’ont plus d’essence et parfois plus de nourriture, c’est qu’il se passe des choses anormales. Comme j’avais une voiture de location avec assez d’essence pour atteindre la frontière, je n’ai pas eu de problème pour y arriver. Mais une fois là-bas, ça a été plus compliqué.
Que s’est-il passé ?
Les douaniers ukrainiens nous ont laissé passer sans problème. Mais je suis tombé sur un douanier polonais qui ne voulait pas nous laisser entrer. Comme j’avais une voiture de location, mais sans la carte grise, il m’a expliqué qu’on devait rester en Ukraine. J’avais beau lui dire que j’étais français, que j’étais footballeur et que je voulais rentrer dans mon pays, il ne voulait rien entendre. Puis il est parti et j’ai expliqué à un autre douanier, beaucoup plus compréhensif. Il a accepté que ma femme et mes filles passent la frontière, mais que je devais laisser la voiture sur le sol ukrainien. C’est ce que j’ai fait, après avoir appelé la société de location. Mais il fallait que je repasse la frontière. Comme j’étais à pied, je me suis mis à courir, j’avais une capuche sur la tête, et j’ai été arrêté par une patrouille de l’armée ukrainienne. Ils m’ont emmené dans un local, et j’ai dû attendre de trouver quelqu’un parlant anglais pour m’expliquer, et ils m’ont laissé partir. Et en me dirigeant vers la frontière, j’ai vu arriver Elhadji Diaw, avec deux coéquipiers (le Néerlandais Lassana Faye et le Nigérian Viv-Solomon Otabor, ndlr). J'ai pu monter avec eux et rejoindre ma famille en Pologne, après plusieurs heures d’attente.
Comment s’est déroulée la suite de votre retour en France ?
J’ai retrouvé ma femme et mes filles. J’avais conseillé à mon épouse d’appeler un taxi pour aller à Lublin, où j’avais réservé une chambre d’hôtel. Mais il n’y avait aucun taxi de disponible à cet endroit. On a donc attendu jusqu’à ce que des Ukrainiens qui possédaient un van acceptent de nous déposer à Lublin. Là, on a passé la nuit avant de rejoindre Varsovie et de rentrer en France en avion.
Avez-vous des contacts avec vos coéquipiers ?
Je sais que tous les étrangers ont pu quitter l’Ukraine. Un groupe WhatsApp a été créé, on échange régulièrement pour prendre des nouvelles des ukrainiens, qui sont tous restés sur place. On pense à eux, à la population locale qui souffre, en espérant que cette guerre s’arrête vite.
Imaginez-vous repartir un jour à Lviv ?
Pourquoi pas ? Mais il ne faut pas trop y penser pour l’instant. Le championnat a été suspendu pour un mois, mais ça va sans doute durer beaucoup plus longtemps. On attend de savoir ce que la FIFA va décider pour les joueurs, notamment étrangers. Est-ce qu’on pourra être prêtés ? Ou les contrats seront-ils résiliés ? Pour l’instant, on ne sait rien, mais je pense que nous serons vite fixés.
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