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Argentine - Le numéro 10 n'appartient à personne, même pas à Lionel Messi

Martin Mosnier

Mis à jour 05/01/2024 à 21:36 GMT+1

La semaine dernière, Claudio Tapia, le président de la Fédération argentine, a promis que plus aucun joueur argentin ne porterait le numéro 10 sitôt que Lionel Messi aura pris sa retraite internationale. Ce qui pourrait passer comme la marque ultime de respect n'est en fait qu'un acte populiste et désespéré qui ne sert ni le football ni son histoire.

Lionel Messi, numéro 10 de l'Argentine lors de la Coupe du monde au Qatar

Crédit: Getty Images

Quoi de mieux qu'une petite déclaration bien populiste pour finir l'année ? Claudio Tapia a bien saisi l'enjeu. La semaine dernière, alors que 2023 tirait sa révérence, le président de la fédération argentine présentait une plaque commémorant la victoire de l'Albiceleste à la Coupe du monde 2022. Au centre, le nom des dirigeants et d'abord le sien. Sur les côtés, ceux du staff et des joueurs. Une grosse maladresse que le patron a tenté de noyer en remettant au goût du jour une vieille marotte : "Quand Lionel Messi prendra sa retraite internationale, on n'autorisera plus personne à porter le numéro 10. Il sera retiré à vie en son honneur. C'est le moins que l'on puisse faire."
En voilà une bonne idée. Messi le mérite bien après tout. Capitaine, meilleur joueur, boussole, âme des champions du monde. Retirer son maillot, c'est en faire un demi-dieu, sanctifier son héritage. Se souvenir de lui pour toujours. Sauf que tout ceci n'a pas grand sens dans le football international. D'abord parce que les règlements FIFA sont clairs : pas question de retirer un quelconque numéro pour les sélections au cours des compétitions internationales.
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Lionel Messi embrasse la Coupe du monde

Crédit: Getty Images

Maradona 2002, déjà

Pour la Coupe du monde 2002, déjà, la fédération argentine avait décidé de retirer son numéro le plus symbolique en hommage à Diego Maradona. Le comité exécutif de la FIFA en avait décidé autrement : les numéros des 23 sélectionnés doivent s'étendre du 1 au 23 et pas question de faire d'exception. Ce qui avait valu ce bon mot de Sepp Blatter : "Le n°10 de l'Argentine reviendra donc au troisième gardien, Roberto Bonano. Pour une fois, le n°10 argentin aura le droit de jouer avec les mains." C'est finalement le génial Ariel Ortega qui héritera de la précieuse tunique au Japon et en Corée du Sud.
Ceci pose un autre problème qui n'a rien à voir avec les règlements. De quel droit peut-on retirer un numéro autant chargé d'histoire ? Et plus encore, de quel droit l'Argentine briserait-elle le lien qui unit ses plus grands joueurs ? Elle a gagné trois Coupes du monde grâce aux trois plus grands numéros 10 de son histoire : Mario Kempes, Diego Maradona, Lionel Messi. Retirer ce numéro, c'est ôter la chance aux suivants de s'inscrire dans cet héritage et de le magnifier. L’Argentine n’est pas à l’abri de voir débarquer dans 10, 20 ou 30 ans un talent plus grand encore que ceux qu’elle a révélées jusqu’ici.
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Leo Messi in festa con la Coppa del Mondo nella stessa identica posa di Diego Maradona nel trionfo a Messico 1986, Getty Images

Crédit: Getty Images

Maradona – Messi et le numéro 10 : deux mythes qui se font grandir

Le numéro 10 n'appartient à personne, même pas aux plus grands qu’ils soient français, argentins ou brésiliens. Sans l'intervention de la FIFA, qui peut, donc, parfois prendre les décisions qui s'imposent, ni Pablo Aimar, ni Juan Roman Riquelme ni… Lionel Messi n'auraient pu accoler leur génie au symbole qui couronne les plus grands créateurs de l'histoire du jeu. Maradona et Messi ont alimenté le mythe, personnifié la légende accolée au numéro le plus iconique du football. Mais ni eux, et sans doute encore moins les autres, ne sont plus grands que le numéro qu'il porte dans le dos et l'histoire séculaire qu'il charrie.
En 2012, la Juventus avait souhaité retirer le numéro 10 d'un Alessandro Del Piero sur le départ. Mais le champion du monde 2006 avait refusé en résumant assez bien la chose : "Il est bon que les enfants continuent de rêver de jouer avec ce numéro dans le dos." Pas de populisme ici, simplement du bon sens.
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