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Depuis 1998 et Zidane, le Ballon d'Or ne parle plus français : les raisons d'une disette

Maxime Dupuis

Mis à jour 29/11/2021 à 10:56 GMT+1

BALLON D'OR - Lundi soir, le Ballon d'Or 2021 sera très probablement remis à Robert Lewandowski ou Lionel Messi, les deux favoris du scrutin. Malgré sa perçée automnale, Karim Benzema a peu de chance de mettre fin à la disette française. Disette qui dure depuis 1998 et le succès de Zinédine Zidane. Au XXIe siècle, la récompense a complètement échappé à l'Hexagone. Voilà pourquoi.

Thierry Henry, Franck Ribéry et Antoine Griezmann, trois grands battus du Ballon d'Or

Crédit: Eurosport

1998 - 2021. Vingt-trois ans, déjà. Depuis décembre 1998 et le triomphe de Zinédine Zidane, plus aucun joueur français n’a été sacré Ballon d’Or. Voilà pour le constat. Dans l’histoire, le football hexagonal a déjà connu disette plus étendue. Entre 1958, date du couronnement du pionnier Raymond Kopa, sacré pour ses exploits de Suède avec les Bleus et d’Espagne avec le Real Madrid, et l’avènement de Platini Ier en 1983, il s’était écoulé vingt-cinq ans. Un quart de siècle dont le football français se rapproche dangereusement. A moins que Karim Benzema ne grille la politesse à Robert Lewandowski (Bayern Munich) ou à Lionel Messi (PSG), ce qui reste tout de même peu probable.
Si le trou noir traversé par le football français entre 1958 et 1983 pouvait s’expliquer assez aisément, alors que la France ne possédait plus de joueur de classe mondiale au coeur des 60's et n’était tiré que par la locomotive stéphanoise durant les années 70, années “sauvées” par le premier podium du jeune Michel Platini en 1977 sous les couleurs de Nancy, la série actuelle a, de loin, quelque chose de paradoxal.
Depuis la libéralisation du marché avec l’arrêt Bosman, les meilleurs joueurs français jouent dans les meilleurs clubs de la planète, l’équipe de France dispute une finale de Coupe du monde sur deux (1998, 2006, 2018), a atteint deux fois le rendez-vous final à l’Euro (2000 et 2016) et ses stars ne déméritent généralement pas en club.
De Zinédine Zidane, qui aurait pu/dû récolter une récompense de plus au début du XXIe siècle, à Antoine Griezmann qui n’aurait pas fait un vilain Ballon d’Or en 2018, en passant par Thierry Henry ou Franck Ribéry, personne pourtant n’a décroché la timbale en vingt-et-un ans. Tous les déboires de ces Bleus ont leur propre histoire. Zidane (2e) a été victime d’un coup de tête, contre Hambourg, en 2000… Henry a, lui, été battu par les pays de l’Est en 2003, ceux-là même qui lui avaient préféré et poussé très fort Pavel Nedved. En 2006, c’est le final acrimonieux du Mondial (plus un autre coup de boule) qui a éloigné ZZ et Titi de la récompense individuelle suprême.

Zéro lobbying, zéro récompense

Après ça, il n’y en a eu que pour Lionel Messi et Cristiano. Entre 2008 et 2019 (ndlr : le Ballon d’Or n’a pas été attribué l’an dernier), les deux compères ont ramassé 11 des 12 récompenses attribuées dans l’intervalle. L’Argentin et le Portugais n’ont pas frustré que les Français, cela va sans dire. Demandez donc à Wesley Sneijder ou Andres Iniesta… Demandez donc, aussi, à Franck Ribéry.
L’ailier du Bayern est sans doute le joueur qui a le plus mal vécu d'être passé à côté d'une récompense qui n'aurait pas fait tache sur sa cheminée bavaroise. Compte tenu de l’immense talent de Messi et de Ronaldo et de leur poids sur le jeu, ceux-ci ont fini par transformer l’élection du joueur de l’année en un scrutin pour l’élection du meilleur joueur du monde. Et, à cette question, la réponse est invariablement devenue : l’un ou l’autre. C’était le cas à l’ère Ballon d’Or FIFA, où les sélectionneurs, les joueurs et les fans votaient aussi. Ça l'est toujours un peu, avec les seuls journalistes redevenus maîtres à bord.
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Le Ballon d'Or 2021, forcément un mauvais cru ?

En 2013, Franck Ribéry était tout de même arrivé en tête parmi les journalistes. Mais il s’était incliné, derrière Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Pourquoi le joueur du Bayern, virevoltant et vainqueur de la Ligue des champions, était-il passé à côté de la récompense suprême ? Le manque d’entrain de la France, journalistes, public et… coéquipiers, pour son poulain, peu soutenu. Le Bayern, dont ce n’est pas la culture (au contraire du Real), n’avait pas rééquilibré la balance. Et, ce n’est pas un détail, la date de clôture des votes, initialement prévue au 15 novembre, avait été repoussée au 29. Parce que la FIFA n’avait pas reçu assez de votes. Dans l’intervalle, CR7 avait planté quatre buts en barrage avec le Portugal face à la Suède (dont un triplé), et la dernière impression l’avait bien aidé à décrocher le gros lot.
Antoine Griezmann, lui aussi, a payé une forme de discrétion. Mais aussi et surtout de dispersion. Discrétion car aucune machine médiatique ne s’est mise à rouler pour lui. Zéro lobbying, zéro récompense. Dispersion car Griezmann était en 2018 la tête pensante et le chef d’orchestre (trop) feutré d’une équipe qui a renversé le monde. Luka Modric, même battu en finale du Mondial, même fantomatique après son retour de Russie, avait décroché le Ballon d’Or. Le seul depuis 2008 arraché au duopole Messi - Ronaldo. Y en aura-t-il un second lundi soir ? Possible. Sera-t-il français ? Peu probable.
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Luka Modric, Ballon d'Or 2018.

Crédit: Getty Images

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