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Brésil - Le roi Pelé fête ses 80 ans : Il reste plus que jamais accroché à sa couronne

Chérif Ghemmour

Mis à jour 23/10/2020 à 09:24 GMT+2

Depuis qu’il a été sacré Roi du football dans les années 60, Pelé n’a jamais voulu abdiquer. Même après la fin de sa carrière. Le vieux lion s’est mué en milieu défensif rugueux qui contre inlassablement l’adversité, décennie après décennie, afin de préserver les trois points d’une gloire victorieuse acquise en 1970. Et à 80 balais, O Rei parvient encore à faire croire que son règne perdure.

Pelé, le roi qui n'abandonnera pas sa couronne

Crédit: Getty Images

Edson Arantes do Nascimento est né le 23 octobre 1940. On lit parfois qu’il serait né le 21 octobre de cette année-là. Peu importe… Pelé est né au football le 16 juillet 1950, dans la froideur de l’été pourtant tropical de Baurù. Il avait 9 ans le soir où la Séleçao s’était fait battre 2-1 par l’Uruguay en tournoi final de Coupe de monde. Le drame national du fameux Maracanazo constitue le fil rouge de "Pelé, ma vie de footballeur", son autobiographie publiée au printemps 2014. Quelques semaines avant le Mineiraço infligé par l’Allemagne (1-7)…
Ce 16 juillet 1950, devant son père Dondinho en pleurs, le petit Pelé larmoyant se fit consolateur : "Ne t’en fais pas, papa. Un jour, je te le promets, je gagnerai la Coupe du monde pour toi." Et la promesse fut tenue huit ans plus tard : à 17 ans et demi, il contribue au premier succès mondial du Brésil en Suède en inscrivant un triplé en demie et un doublé en finale contre les hôtes du tournoi (5-2) !
Puis viendront deux autres victoires en Coupe du monde, celle tronquée de 1962 (blessé dès le deuxième match) et celle, magnifique, de 1970 au Mexique. Le lendemain de la finale contre l’Italie (4-1), le London Sunday Times avait même titré, "Comment épelez-vous Pelé ? D-I-E-U." Avec en sus le fabuleux record de 1281 buts inscrits en 1342 matches (pas tous officiels) et des gestes anthologiques, le Roi Pelé gouvernera sans conteste la caste des plus grands footballeurs.
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Pelé, des records pour l’éternité ?

Première star internationale du monde moderne au nom magique prononçable dans toutes les langues, il fut même missionné en 1974 pour évangéliser les USA et les convertir au soccer au sein du New York Cosmos… Américanisé, enrichi par les innombrables contrats publicitaires, il décroche pour de bon en 1977, se contentant de régner en retraité peinard sur la planète foot qui le couvre d’honneurs. Les rivaux s’effacent d’eux-mêmes : Beckenbauer est grandiose mais c’est un défenseur, les classieux Cruyff et Platini n’ont pas gagné de Coupe du monde. Tout comme le splendide Zico, le "Pelé blanc", malheureux en 1982 et 1986. Jusqu’au jour où le drame éclate : le génial Diego Maradona, champion du monde 1986 avec l’Argentine, lui conteste sa couronne de meilleur joueur de tous les temps ! Pelé accuse le coup.
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Les statues de Maradona et Pelé, les plus grands joueurs de l'histoire

Crédit: Getty Images

Comment garder le sceptre et la couronne ?

Peut-on être et avoir été ? L’autre grand match de sa vie commence. Il s’évertuera ainsi à vouloir conserver son sceptre à tout prix, afin de ne jamais subir le sort infâmant de certains grands souverains déchus qu’il a rencontré tout au long de son existence. L’immense Tostão, qui fut son partenaire télépathique au Mundial 1970, n’y va jamais de main morte quand il parle de Pelé.
Il y a quelques années, il taclait sévèrement O Rei, pourtant plus que septuagénaire : "Pelé est extrêmement préoccupé par le prestige de Pelé. Aujourd’hui encore, vous pouvez le constater. Quand un joueur apparait à ses côtés, il n’aime pas trop ça. Il veut sans cesse renforcer l’idée que personne ne puisse prendre sa place." Sa place de Numéro 1 mondial de tous les temps, bien sûr…
Avec trois couronnes mondiales à une, Pelé en imposera finalement au sublime Maradona, qui maudit encore à jamais la finale perdue de 1990, ses problèmes de drogue et sa calamiteuse expérience de sélectionneur de l’Albiceleste. Mais le Roi en reconquête permanente n’en reste pas là ! A l’ère triomphante de YouTube et des réseaux sociaux naissants, il travaille sans cesse à sa postérité en tentant de sublimer une légende, certes grandiose, mais inscrite dans un passé lointain en noir et blanc. Il donne ainsi sa bénédiction à deux films à sa gloire, le plutôt bon documentaire Pelé Eterno (2004) et Pelé : Birth of a Legend, un biopic nunuche de 2016 sur sa Coupe du monde 1958...
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Pelé, 1000e but

Crédit: Getty Images

Business is business

Sempiternel ambassadeur du beautiful game, toujours autant célébré de par le monde et prestataires VIP des plus grandes marques, il sait se faire aussi arbitre des élégances, flattant avec une fieffée démagogie vraies stars et fausses étoiles. "Pelé débarque au Japon et il déclare que le Japon a des chances de gagner la Coupe du monde et que Nakamura est aussi bon que Ronaldinho, persifleTostão. Sa liste FIFA des 125 meilleurs joueurs de tous les temps, c’était ridicule ! Il a fini par l’avouer après, du genre ‘ben, ça fait partie du game’, et que ces petits arrangements politiques pour plaire à tel ou tel pays, c’est normal… C’est Pelé le mythe, Pelé le businessman ! Et il le fait très bien."
Le sourire éclatant du gentil Pelé, toujours neutre et apolitique, masque en fait une triple rangée de dents acérées de vieux requin du foot qui défend son imperium. Et pour mieux se perpétuer, le malin Edson Arantes n’oubliera pas d’adouber très ostensiblement ses successeurs, brésiliens de préférence ! S’il se complaira à louanger Ronaldo Lima (un "concurrent" sérieux aux deux couronnes mondiales 1994 et 2002) puis Kakà, Pelé jettera son dévolu sur deux jeunes cracks de Santos, son club de toujours : Robinho et Neymar. Une fois le premier balancé aux orties, le Roi couvera de sa royale estime l’actuel Numéro 10 du PSG et de la Séleçao. Un possible Ballon d’Or ou une victoire en Coupe du monde du Ney rejailliraient immanquablement sur son prestigieux parrain.
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Messi, Neymar et Pelé

Crédit: AFP

Toujours privés de titre mondial avec leur sélection, les deux Titans Messi et Ronaldo parvenus à la caste des plus grands, ne demeurent jusqu’à aujourd’hui que les souverains du présent, donc de l’éphémère. Palmarès oblige ! En vrai connaisseur du ballon, Pelé cache mal une admiration éblouie pour Zinedine Zidane, passé au Mondial 2006 à deux doigts de lui ravir sa couronne.
Pelé ne rechigne pas non plus à grappiller les éclats de prestige de Kylian Mbappé, français, certes, mais qui lui ressemble tant, de visage comme de précocité. Alors va pour des jolies photos des deux stars sous le patronage des montres de luxe Hublot. Business as usual
En inscrivant récemment un triplé contre le Pérou (4-2), Neymar est devenu avec 64 buts le deuxième meilleur buteur de la Séleçao. Le record de Pelé (77 buts) est menacé. Pas grave ! Ca fait encore parler de Pelé et l’octogénaire Edson Arantes do Nascimento en est très heureux...
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Pelé

Crédit: Getty Images

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