Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Brésil: une classe politique désemparée face aux manifestations

ParAFP

Publié 20/06/2013 à 02:52 GMT+2

-

Eurosport

Crédit: Eurosport

Les grandes manifestations sociales qui se déroulent quotidiennement au Brésil ces derniers jours laissent atones les dirigeants politiques et traduisent leur rejet par de jeunes protestataires lassés du manque de résultats et des scandales de corruption, estiment des observateurs.
La mobilisation de dizaines de milliers de personnes aux quatre coins du pays - il y avait au moins 250.000 manifestants dans les rues lundi, selon la police - ne comprend ni partis ni syndicats : "Ils ne nous représentent pas", est-il écrit sur des pancartes brandies dans les cortèges.
"Toute l'institution politique, y compris la plus progressiste, est prise de stupeur, car c'est un mouvement qui sort des cadres traditionnels. C'est un mouvement d'individus qui transite de Facebook à la rue", explique à l'AFP le député socialiste Chico Alencar.
Le chef de cabinet de la présidence, Gilberto Carvalho, a lui-même admis la difficulté à cerner le mouvement : "C'est très difficile à comprendre, même à notre belle époque nous n'arrivions pas à mettre 100.000 personnes dans les rues", a-t-il déclaré, faisant allusion à l'époque où le Parti des travailleurs (PT, au pouvoir), était l'instigateur des principales mobilisations dans ce pays qui compte aujourd'hui 194 millions d'habitants.
A Sao Paulo, plus grande ville et capitale économique du Brésil, où a débuté le mouvement il y a une dizaine de jours en réaction à une augmentation des prix des transports publics, les habitants désavouent massivement la classe politique.
Selon une enquête de l'institut Datafolha dont les résultats ont été publiés mercredi, 79% des personnes interrogées ont peu ou pas de considération pour les partis. 76% disent la même chose du gouvernement et 82% du Parlement.
Parmi les motifs de mécontentement, si la hausse des transports est la cause principale (67% des sondés), viennent ensuite la corruption (38%) et les hommes politiques (35%).
Les manifestations contre les prix des transports et la facture des installations pour le Mondial de football 2014 (11 milliards d'euros selon le gouvernement) ont glissé vers une critique plus large des institutions - maires, gouvernements locaux, Parlement et gouvernement fédéral - auxquelles sont réclamées des améliorations des services publics, après deux années de faible croissance économique et une accélération de l'inflation.
"Le peuple s'est réveillé : ou il cessent de nous voler, ou nous arrêtons le Brésil", scandaient des milliers de manifestants lundi, perchés sur le toit du Parlement.
"Il y a une insatisfaction face à la politique traditionnelle, une distance entre l'électeur et ses politiques, qu'on ne voit pas seulement au Brésil, mais aussi dans toutes les grandes mobilisations de rue dans le monde", estime pour sa part la sociologue à la Fondation Getulio Vargas (FGV), Dolce Pandolfi.
Le Brésil est dirigé depuis plus de 10 ans par le Parti des travailleurs (gauche), né sous la dictature (1964-1985) précisément de mobilisations sociales et syndicales, d'où était issu l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, prédécesseur de l'actuelle présidente Dilma Rousseff.
Ces mouvements interviennent également à la suite de nombreux scandales de corruption ces dernières années, qui ont éclaboussé des parlementaires comme des ministres et touché tous les partis, y compris le PT, qui a fait face fin 2012 au procès de nombreux anciens dirigeants, impliqués dans un système d'achat de voix de député.
"De plus en plus, les grands partis ont accepté des pratiques qu'ils contestaient auparavant (...) Il y a eu dans la politique une dégénérescence des relations entre les partis, des alliances hétérodoxes, une connivence face à la corruption", poursuit M. Alencar, qui a quitté le PT il y a deux ans.
A un an d'élections nationales dans le pays, et de la Coupe du Monde, Mme Rousseff connaît sa première baisse de popularité significative (-8 points entre mars et juin, selon une enquête CNI/Ibope), mais reste tout de même à des sommets (71% d'opinions favorables avant le début de la mobilisation). Cette chute est expliquée par les sondeurs par la forte inflation et la croissance économique en berne.
Après avoir ignoré le mouvement, la présidente a finalement appelé les politiques à "écouter la voix de la rue".
En signe de bonne volonté, mercredi soir, les autorités de Sao Paulo et Rio annonçaient la suspension des augmentations dans les transports publics.
ym/hdz/jr
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité