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Le Bayern Munich va se reconstruire en évitant de tout détruire

David Lortholary

Mis à jour 21/05/2015 à 23:47 GMT+2

BUNDESLIGA - Le géant allemand va lancer un bruyant chantier de reconstruction pour revitaliser son effectif. Objectif : retrouver la finale de la Ligue des champions. Le président Rummenigge, pourtant, se dit plus enclin à une stratégie posée qu'à de coûteuses décisions précipitées.

Der FC Bayern München muss sich neu aufstellen

Crédit: AFP

La fin de saison en roue libre - à moins que ce ne soit sur la jante - du Bayern a favorisé, aussi bien à l'intérieur qu'en dehors des frontières allemandes, l'éclosion d'une tendance au "Guardiola Bashing". Le technicien espagnol dénaturerait le club et un certain "jeu à l'allemande". Josep Guardiola dérange. Les Allemands aiment s'appuyer sur leurs certitudes - témoin l'inamovible 4-2-3-1 de Jupp Heynckes qui a conduit le Bayern au triplé en 2013. Guardiola va à l'encontre de ces certitudes et, en ce sens, bouscule le logiciel germanique, un peu comme Joachim Löw l'avait fait en son temps.
Jusqu'à sa victoire en Coupe du monde, le sélectionneur allemand ne faisait pas l'unanimité chez les supporters de la Mannschaft. Tant qu'il ne gagnera pas la Ligue des champions en Bavière, Guardiola ne la fera pas non plus. D'aucuns voudraient même l'éjecter précocement.
Il va prolonger
Le contrat de l'Espagnol à la tête de l'équipe munichoise, d'une durée de 3 ans, se termine à l'été 2016, et le président Rummenigge a dit à plusieurs reprises qu'il souhaitait le prolonger. Il entend, à ce sujet, mener des discussions avec l'intéressé au cours de la seconde partie de 2015. D'une formule, "Pep" a récemment ouvert la porte à celles-ci : "Une fois la saison terminée, nous discuterons autour d'un bon café... ou d'une bière." Vainqueur de la Ligue des champions comme entraîneur de Dortmund (en 1997) puis avec le Bayern (en 2001), Ottmar Hitzfeld a pris les paris, mi-mai dans les colonnes du Bild am Sonntag : "Il y aurait eu un léger danger qu'il parte s'il avait déjà tout gagné avec le Bayern. Mais je crois plutôt qu'il va prolonger. En Bavière, il dispose de tous les moyens qu'il peut souhaiter pour continuer à développer sa philosophie de jeu."
Qu'il finisse ou non par prolonger, l'objectif 2015/2016 de Guardiola, au-delà du titre national, sera la finale de la Ligue des champions. Les deux échecs successifs, en demi-finale, contre des clubs espagnols, l'auront piqué au vif. L'état des troupes dont il disposait mi-mai pour affronter le virevoltant Barça - Ribéry, Robben, Alaba, Badstuber et Starke blessés, Lewandowski, Javi Martinez, Lahm, Thiago Alcantara et Schweinsteiger pas à leur meilleur niveau physique, Xabi Alonso en perte de vitesse, les jeunes talents encore trop peu expérimentés (Weiser, Gaudino, Kurt, Scholl), voire prêtés (Höjbjerg, Kirchhoff, Green) - ne permettait pas d'accéder à la finale. Même si l'effectif actuel est le plus luxueux de l'histoire du club, Pep va donc souhaiter du renfort de poids dès cet été.
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Franck Ribéry et Pep Guardiola (Bayern)

Crédit: AFP

Nous ne sommes pas dans l'urgence
Le Bayern, cependant, n'a jamais été frappé par la folie du shopping, et il serait dès lors étonnant qu'un tel syndrome ne l'atteigne aujourd'hui. La direction peut sans doute céder à des envies sur des postes précis, mais pas au point de perdre la tête. "C'est certain, nous allons nous activer sur le marché des transferts. Mais nous ne sommes pas dans l'urgence, car Alaba, Ribéry, Robben et Javi Martinez vont revenir en forme et motivés", estime le président. Traduction : le groupe est déjà fort et le Bayern n'empilera pas les stars n'importe comment. "Je ne chercherai pas à conclure un transfert à 100 millions d'euros juste parce que le Real Madrid vient d'en faire autant, ajoute Rummenigge. Nous ne succomberons pas à toutes les folies. Nous n'avons pas l'instinct grégaire."
La réflexion sur la transition du milieu de terrain, notamment, est néanmoins engagée. Aussi bien dans l'axe que sur les ailes. En annonçant pouvoir débloquer plus de 100 millions, Jan-Christian Dreesen, à la direction financière du Bayern, a provoqué un courant d'air médiatique. Un exemple ? Le milieu offensif belge de Chelsea Eden Hazard, 24 ans, plaît aux dirigeants. Non seulement Rummenigge s'est rapproché de l'entourage du joueur durant la demi-finale de Coupe d'Allemagne, mais il y aurait déjà eu des discussions entre les deux parties. Son profil de dribbleur flexible s'adapterait au jeu prôné par Guardiola, dans la perspective de succéder à un Ribéry dangereusement cabossé. Mais Hazard est hors de prix. Jusqu'ici, le transfert le plus cher de l'histoire du club est la venue de Javi Martinez de l'Athletic Bilbao pour 40 M€...
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Javi Martinez à terre après s'être blessé au genou

Crédit: AFP

Trop vieux, trop jeunes

Le milieu défensif espagnol ne s'est pas encore imposé en raison de ses soucis physiques ; d'autres sont troublés psychologiquement lorsqu'ils arrivent chez l'ogre munichois. Tel Mario Götze, qui digère mal son transfert de Dortmund, où son niveau était excellent. Son but décisif en finale de Coupe du monde accentue la pression sur lui car il a, par là même, accédé au statut de star. À 22 ans, il n'a pas encore assumé. "Ce n'est pas la première vedette qui débarque au Bayern et découvre la concurrence, estime Hitzfeld. Il peut falloir un long processus pour s'y faire. Je suis convaincu de ses qualités. Il est trop tôt pour qu'il envisage de partir."
Son épanouissement est une des clefs de la transition bavaroise. Pour faire le lien générationnel entre les trentenaires (Pizarro, Starke, Dante, Schweinsteiger, Lahm, Xabi Alonso, Robben, Ribéry), que le Bayern n'entend pas balayer d'un coup, et les jeunes talents comme Mitchell Weiser (déjà titularisé plusieurs fois cette saison), Gianluca Gaudino ou Joshua Kimmich (en provenance de Leipzig) qui n'ont pas encore les épaules pour assumer les plus hautes responsabilités sur la scène continentale.
David Lortholary suit l'actualité du football germanique depuis 1986 et est devenu, depuis, "Monsieur Bundesliga" notamment pour RMC, MCS et RFI. Travaille encore pour être aussi saignant que les Beckenbauer, Kahn, Effenberg et autre Matthäus dans ses saillies médiatiques.
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Mario Götze avec Pep Guardiola

Crédit: AFP

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