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Le retour des deux attaquants de pointe : comment la Bundesliga assume son accent plus offensif

David Lortholary

Mis à jour 28/03/2019 à 11:17 GMT+1

BUNDESLIGA - La tendance s'est retournée de manière spectaculaire. Cette saison, la grande majorité des équipes du championnat allemand sont revenues à des systèmes avec deux attaquants de pointe. Assumant ainsi un accent plus offensif.

Timo Werner und Yussuf Poulsen (RB Leipzig) im Spiel gegen die TSG 1899 Hoffenheim

Crédit: Imago

C'est le retour d'un refrain familier, que les attaquants apprécient car il les aide à rompre l'isolement qu'ont affronté certains ces dernières saisons : les deux joueurs en pointe. Robert Lewandowski-Thomas Müller au Bayern, Davie Selke-Vedad Ibisevic au Hertha, Timo Werner-Youssouf Poulsen au RB Leipzig, Luka Jovic-Sébastien Haller à l'Eintracht, Wout Weghorst-Daniel Ginczek à Wolfsburg, Jean-Philippe Mateta-Quaison à Mayence, Joelinton-Ishak Belfodil au TSG Hoffenheim, Bobby Wood-Hendrik Weydandt à Hanovre, Mario Gomez-Anastasios Donis au VfB Stuttgart, Michael Gregoritsch-Alfred Finnbogason à Augsbourg, Dodi Lukebakio-Rouwen Hennings à Düsseldorf, voire, en alternance, Steven Skrzybski-Mark Uth à Schalke, Nils Petersen-Luca Waldschmidt à Fribourg, Max Kruse-Martin Harnik au Werder Brême ou encore Paco Alcacer-Maximilian Philipp au Borussia Dortmund.
"Avoir deux cordes à son arc" pourrait correspondre, en français, à l'expression allemande "doppelt hält besser". De plus en plus fréquemment, ces derniers temps, les entraîneurs de Bundesliga se raccrochent à ce principe au moment de composer l'attaque de leur onze de départ. Cette saison, environ la moitié des formations au coup d'envoi des matches de la première division allemande renferment deux attaquants de pointe. Ces dernières saisons, c'était tout au plus un tiers.
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Thomas Müller et Robert Lewandowski

Crédit: Getty Images

Beaucoup plus de variantes dans la surface
"Cela dépend toujours du type de joueurs dont vous disposez dans l'effectif", remarque l'entraîneur de Schalke Domenico Tedesco dans les colonnes de l'hebdomadaire Sport Bild. "Une double pointe peut naturellement être une très bonne chose." Nonobstant les médiocres résultats de son club cette saison – les Bleu et Roi sont actuellement 15es et menacés par une place dans la zone de relégation –, le jeune technicien germano-italien énonce ici un retour à la mode aussi massif que récent. Et qui n'offre pas qu'une seule configuration : "Même dans un système à deux pointes, il y a des différences. On peut jouer comme le Hertha Berlin, avec deux grands attaquants de fixation comme Vedad Ibisevic et Davie Selke ; c'est très désagréable pour l'adversaire parce que les deux peuvent tenir la balle. Ou alors on peut jouer à la Chelsea, avec Costa, un attaquant de pointe mobile, et pour tourner autour de lui un attaquant rapide et fort dans les dribbles, comme Hazard ou Willian."
Le Hertha évoqué par Tedesco a fait évoluer son système récemment, passant d'une configuration à un seul attaquant axial à une formation à deux pointes. "C'est dangereux pour l'adversaire, parce que cela offre beaucoup plus de variantes dans la surface", croit savoir Davie Selke du haut de ses 24 ans. "Souvent, face à deux attaquants, les défenseurs ne savent pas comment se comporter." Son entraîneur, le Hongrois Pal Dardai, est partagé. "Si je dois composer une formation idéale, j'opte pour un 4-2-3-1", avance le recordman du nombre de matches de Bundesliga avec le Hertha, cité lui aussi par Sport Bild. "Mais il s'agit d'harmoniser les joueurs dont on dispose. Ibisevic et Selke sont nos joueurs les plus dangereux, et Duda est un n°10 fort. Nos ailiers marquent peu et ne sont pas non plus des passeurs décisifs réguliers. C'est pour cette raison que nous avons changé de système, parce que nous voulons marquer et voir des buts."
Un appétit offensif que confirme la moyenne de buts par match, qui est non seulement la plus élevée des grands championnats européens mais qui de surcroît est repartie à la hausse cette saison, et qui parle à beaucoup. "Une telle capacité de variation offensive est une bonne chose", abonde le légendaire Friedhelm Funkel, entraîneur du Fortuna Düsseldorf. "C'est une vérité chez nous comme chez d'autres. Tout le monde essaie de jouer offensif. C'est pour cela qu'il y a plus de buts, et c'est très bien." Funkel varie les plaisirs selon le raisonnement suivant : "Quand nous jouons contre une équipe forte, j'opte le plus souvent pour un attaquant de pointe et deux ailiers. Dans les autres matches, nous jouons avec deux pointes et deux joueurs excentrés."
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Luka Jovic et Sebastien Haller avec Francfort

Crédit: Getty Images

Werner et Poulsen, le duo idéal

Pour certains, la complémentarité est toute trouvée. À Leipzig, le directeur sportif et entraîneur Ralf Rangnick aligne en toute harmonie le robuste Danois Poulsen et le rapide Timo Werner. 12 buts pour l'un, 11 pour l'autre en Bundesliga cette saison... Le premier appuie sur les défenses et attire les défenseurs, libérant ainsi de l'espace pour son compère, qui aime particulièrement le dévorer. "Dans cette configuration, nous sommes en mesure d'aller chercher plus tôt et plus haut l'adversaire", décrypte Rangnick. Une double pointe dont Bruno Labbadia est également adepte à Wolfsburg, au point de ne pas y renoncer même en l'absence de l'un de ses deux titulaires (Daniel Ginczek s'est blessé en début d'année civile, suppléé, aux côtés de Woug Weghorst – l'une des révélations de la saison –, par Renato Steffen, dont le profil est pourtant plutôt celui d'un ailier). Labbadia raisonne comme ses confrères : "Avec deux attaquants axiaux, tu fixes plus d'adversaires et tu es plus dangereux", estime l'ancien joueur du Bayern. "Mais cela présente aussi des risques car de nombreuses équipes jouent le contre. Du coup, tu as besoin d'attaquants qui soient vraiment disposés à fournir des efforts au pressing dès le ballon perdu."
Dans l'Allemagne du football, le Bayern est la mesure de toute chose. Si Niko Kovac a fait du 4-2-3-1 son modèle cette saison, son attaquant vedette Robert Lewandowski n'a jamais caché apprécier du soutien sur le front offensif. "C'est mieux quand je peux avoir quelqu'un à mes côtés en pointe", affirme le Polonais. "Avec Thomas (Müller), c'est plus facile. Il m'aide beaucoup et nous nous apportons beaucoup mutuellement." C'est bien connu, c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes. Carsten Jancker et Giovane Elber, Jürgen Klinsmann et Rudi Völler, Stéphane Chapuisat et Karl-Heinz Riedle... le refrain est légendaire partout et l'Allemagne l'a remis au goût du jour.
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