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Championship : Les 5 règles qui ont permis à Bielsa de magnifier Leeds et séduire le Royaume

Romain Laplanche

Mis à jour 27/12/2018 à 16:34 GMT+1

CHAMPIONSHIP - La recette de Marcelo Bielsa régale Leeds United, champion d'automne après sa victoire à Villa Park dimanche (2-3) et plus que jamais en lice pour remonter en Premier League, quinze ans après avoir quitté l’élite. Comment l'Argentin a-t-il mené le club du Yorkshire à un redressement spectaculaire ?

Marcelo Bielsa, entraîneur de Lille.

Crédit: Getty Images

Dimanche 23 décembre, il est 16h22 à Villa Park lorsque Kemar Roofe, buteur de Leeds, délivre les siens sur une demi-volée dans les ultimes instants de la rencontre (90e+5) face à Aston Villa pour arracher la victoire aux hommes de Dean Smith. Mené 0-2, Leeds a créé l’impossible en l’emportant 3-2. Mais avec Marcelo Bielsa, l’impossible n’existe pas. Six mois après son arrivée en Angleterre, l'Argentin a séduit mais aussi réussi : son Leeds est champion d'automne, idéalement lancé vers un retour en Premier League après quinze ans d'absence. Comment a-t-il fait ? Réponse en cinq règles.

Règle n°1 : prendre la mesure d'un nouveau championnat

Qu’il est loin le temps où l’Argentin traînait sa peine sur les bancs de Ligue 1. Débarqué du LOSC en novembre 2017 pour mauvais résultats, Marcelo Bielsa s'est engagé à Leeds six mois plus tard, pour tenter de refaire briller une énième entité en quête de repères. Choisi par le propriétaire Andrea Radrizzani et le directeur sportif Victor Orta après une saison 2017-2018 achevée dans le ventre mou, Bielsa n'a pas pour autant révolutionné l'effectif. Il a préféré faire du neuf avec du vieux et appliquer sa méthode et son football pour des joueurs au talent suffisant pour l’objectif fixé. Quelques mois plus tard, Leeds est l'équipe la plus complète du championnat : quatrième meilleure attaque (39 buts), deuxième meilleure défense (20), seule équipe à avoir marqué à chaque fois en déplacement...
Si, à l’instar de la Premier League, le Championship se caractérise par la diversité des approches tactiques, les matches de Leeds répondent souvent au même schéma : les hommes de Bielsa mettent le pied sur le ballon (59% de possession en moyenne, aucune équipe ne fait aussi bien), l’adversaire essaie d’installer un pressing pour perturber la relance en début de match, avant de reculer sous les assauts des Whites et ce quelle que soit l’évolution du score.
L'Argentin applique une recette qu'il connaît bien : le surnombre défensif comme principe structurel (le système s’adapte au nombre d’attaquants adverses : défense à trois face à deux attaquants, défense à quatre face à un attaquant), un pressing haut, continu et organisé ainsi que le marquage individuel comme principes défensifs, et l’utilisation de la largeur du terrain en phase offensive pour exploiter les espaces ou les créer à base de projections, de combinaisons à trois, d’appuis-soutiens et d’appuis-remises. Les seules équipes qui se sont montrées audacieuses (Stoke City, Derby County, Norwich, Preston) en contestant le ballon à Leeds ont toutes été sèchement battues.

Règle n°2 : installer un management parfait

25. C’est le nombre de joueurs utilisés par Bielsa en seulement cinq mois de compétition. Un chiffre ahurissant quand on connaît la tendance de l’Argentin à faire confiance à un groupe restreint. Dans son groupe des 18, tous les joueurs sont traités sur un pied d'égalité : "Je n’ai pas à la souligner, mais être titulaire ou faire partie des 18, pour moi, c’est la même chose" a expliqué Bielsa avant le déplacement à Aston Villa. Sauf qu’en raison des blessures, l’Argentin a dû rapidement élargir son groupe, faire confiance aux remplaçants et aux joueurs du centre de formation. Dans son onze-type, seulement deux joueurs ont traversé la première partie de saison sans se blesser : le milieu de terrain Kalvin Phillips et l’ailier gauche Ezgjan Alioski.
Autre domaine dans lequel Bielsa fait preuve de maestria cette saison : son coaching gagnant. Pas besoin de remonter bien loin pour en trouver les démonstrations : sur les quatre derniers matchs de Leeds, quatre victoires, trois d'entre elles peuvent être attribuées à l’Argentin par sa capacité à répondre aux difficultés rencontrées en cours de match. Le succès contre Bolton est le plus emblématique mais les exemples sont légion. 22e journée : Leeds se déplace à Bolton. Les conditions météorologiques sont dantesques : fortes pluies, vents violents et froid polaire. Le match piège par excellence. La première période est insipide. Alors dès la mi-temps, Bielsa décide de faire appel à l’attaquant Patrick Bamford pour apporter de la taille et un relais dos au but avec l’objectif de faire remonter le bloc-équipe pour s'installer dans le camp adverse. 66e minute, sur un ballon dans l'intervalle de Pablo Hernandez aux abords de la surface, Bamford, lancé, crucifie Ben Alnwick, le portier de Bolton. 1-0, et victoire de Leeds.
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Patrick Bamford

Crédit: Getty Images

Règle n°3 : créer la symbiose entre jeunes et vétérans

À Marseille, Bielsa a un temps su porter un groupe hybride entre jeunes prometteurs (Thauvin, Mendy, Lemina, Imbula), joueurs au meilleur de leur forme (Payet, Gignac, André Ayew, Nkoulou) et joueurs d’expérience (Mandanda, Nkoulou, Gignac). À Lille, Marcelo Bielsa avait fait le choix de faire confiance à un groupe très jeune, peut-être trop jeune pour affronter un championnat aussi concurrentiel et âpre que la Ligue 1. L'Argentin s’était engagé dans la voie de la post-formation avec un projet à long terme, radical, peut-être le plus ambitieux depuis ses débuts à Newell's Old Boys. Un projet également qui se rapprochait au plus près de son idéal footballistique : former et faire gagner des jeunes.
A Leeds, la donne est très différente. Bielsa a décidé de faire confiance au même groupe qui a terminé 13e du Championship la saison dernière. Un groupe très disparate et principalement dans la force de l’âge dont les principales pièces maîtresses sont Pontus Jansson (27 ans), Pablo Hernandez (33 ans), Kemar Roofe (25 ans), Liam Cooper (27 ans), Mateusz Klich (28 ans) ou encore Barry Douglas (29 ans). Avec Kalvin Phillips (23 ans), Bailey Peacock-Farrell (22 ans), les jeunes promesses du club (Jack Clarke, Jamie Shackleton, Tyler Roberts, etc) apportent leur contribution en sortie de banc avec une grande efficacité. Principal fait marquant du revirement de la situation lors de la victoire (3-2) face à Aston Villa ? 8 joueurs issus de l’académie ont participé à cette rencontre, signe de la bonne santé du club en matière formation.

Règle n°4 : assurer une condition physique optimale

Avec Leeds, la seconde période est bien souvent synonyme de spectacle et de maîtrise. Depuis le début de saison, Leeds impressionne par sa capacité à terminer ses matchs en trombe. Le fruit d'un travail de fond mené principalement par les deux préparateurs physiques du club : l'Espagnol Ruben Crespo et le Français Benoît Delaval, ancien préparateur physique du LOSC douze ans durant (2006-2018) et que Bielsa a conservé de son court mandat lillois. Très souvent malmenés en début de match (une mauvaise habitude), les hommes de Bielsa broient peu à peu leurs adversaires par leurs qualités physiques supérieures et leur générosité sans bornes. Le pressing installé en début de match pour gêner la relance de Leeds s'étiole au fil de la rencontre et le match s’apparente bien souvent à une attaque-défense durant le deuxième acte.
C’est simple, Leeds a marqué deux fois plus de buts après la pause (27) qu’en première période (12). Mieux encore, les Whites n’ont encaissé que deux buts dans les vingt dernières minutes de ses rencontres. L’ironie veut que ces deux buts sont venus du même match : lors de la défaite (1-4) contre West Bromwich qui remonte au 10 novembre dernier. Sa dernière au demeurant.

Règle n°5 : créer une dynamique

Ah, la fameuse dynamique. Ce fut le grand mal du LOSC de Bielsa, quand son OM avait brillé dès le mois d'août. À Leeds, la saison a démarré tambour battant, puisque le club est resté invaincu lors des huit premiers matchs du championnat avec trois victoires d’entrée. Une dynamique qui a permis au club anglais de prendre très vite la tête du championnat. Après un début d'automne plus compliqué, les Whites restent depuis la fin novembre sur six victoires de rang, série en cours. Nul hasard alors de voir Leeds et Norwich en tête du championnat : ce sont les deux seules équipes qui sont parvenues à enchaîner les résultats durant la phase aller (série en cours de 11 matches sans défaite pour Norwich).
L'effectif reste rongé par les blessures mais tous les feux sont au vert pour que le club du Yorkshire retrouve l’élite la saison prochaine (d’autant que des renforts sont envisagés cet hiver). Il faut remonter à la saison 2007-2008 pour retrouver trace d’un leader à Noël qui ne soit pas parvenu à monter en Premier League (Watford avait reculé au 6e rang et échoué en barrages). Interrogé à ce sujet dimanche en conférence de presse, Bielsa a préféré la réserve et l’humilité : "J’espère que nous ne serons pas l’exception. Vous savez que toutes les règles ont leurs exceptions, c’est pourquoi nous prenons toutes nos précautions." C’est sûrement la meilleure façon d’aborder la seconde partie de saison.
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Un bijou à l'entraînement et Bielsa s'emballe

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