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Claude Michy s'explique

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ParEurosport

Mis à jour 23/07/2010 à 12:56 GMT+2

S'il a lancé l'idée d'envoyer les Bleus devant les tribunaux, c'est parce que Claude Michy trouve insupportable l'inaction des instances après la grève des joueurs en Afrique du Sud. Le président de Clermont nous explique sa démarche. Et nous fait comprendre qu'elle pourrait devenir très concrète.

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Crédit: Eurosport

Combler un vide. Faire taire le silence. Et, plus concrètement, encourager le conseil fédéral à prendre ses responsabilités. En suggérant mercredi qu'il était possible de faire jouer la responsabilité délictuelle des Bleus devant les tribunaux, le président de Clermont Claude Michy a frappé très fort. Mais il nous a expliqué, joint par téléphone, qu'il ne voyait pas vraiment d'alternative. "Ou on laisse passer les choses, on les oublie après l'agitation, ou on entreprend quelque chose. Ce n'est pas parce que c'est du foot qu'il faut s'empêcher de réfléchir, nous dit-il d'une voix très posée. Je ne suis pas procédurier. Je suis légaliste. En mettant cette idée sur la place, j'invite tout le monde à prendre ses responsabilités. Je ne pouvais pas rester absent, j'ai agi en conscience." Le droit de grève n'est-il pas reconnu par les lois de la République, interroge-t-on ? "Les personnes concernés ne sont pas à plaindre" répond M. Michy, presque surpris de passer pour un extrémiste dans cette affaire. "Les joueurs ont eu un comportement inadmissible. Si tout le monde trouve ça très bien... Moi, je ne veux pas que ça tombe dans l'oubli."
"Un avocat dira toujours ce qui l'arrange..."
Le patron de Clermont assure être couvert. "J'ai pris conseil et un avocat m'a dit, m'a écrit même, qu'un fondement juridique existait pour ce type d'action. Si la faute est reconnue, si le préjudice est reconnu, et s'il y a causalité entre les deux, ça fonctionne." Le président de l'UCPF, Jean-Pierre Louvel, qui a tout de suite réaffecté le dossier des sanctions à la FFF, le suit sur ce point. "Sur l'intention et le constat, je n'ai pas d'objection. Plusieurs choses sont certaines. La première, c'est qu'il y aura une désaffection des jeunes, moins d'inscrits dans les clubs. On risque aussi d'avoir la désaffection du public, moins d'abonnés, on le verra dès les premières journées de championnat. Il y aura aussi la désaffection de certains partenaires. On a chassé, ces dernières semaines et on a senti une certaine réticence".
Pour que les joueurs réparent les dommages, encore faut-il les chiffrer. "Il est encore difficile d'évaluer les dégâts sur le plan économique, reconnaît Louvel, il faudrait quasiment faire du club par club". Si le président des présidents prend l'affaire avec des pincettes, c'est pour une autre raison. "La démarche de M. Michy est une position radicale et qui n'est aujourd'hui pas appropriée. Cette proposition, il faut l'étayer juridiquement, travailler dessus avant de faire quoi que ce soit. Il me dit qu'il a vu un avocat. Mais vous savez, un avocat dira toujours ce qui l'arrange. Ce qui m'intéresse concrètement, ce sont les chances d'aboutir."

"Je peux y aller tout seul, vous savez"
Elles semblent très incertaines, d'où les multitudes questions autour de la spontanéité de la démarche. "De sa part, je ne pense pas que ce soit un coup de pub, il n'en a pas besoin, rassure M. Louvel. Il y a surtout une part de détresse, qu'il n'est pas le seul à ressentir. On subit. Après ce qui s'est passé, il faut que ça bouge. Je le prends comme ça." Le président de l'UCPF sait pourtant que si la FFF fait bouger les choses en suspendant les joueurs, elle n'imposera pas de dédommagement. "Il est certain que même si les joueurs sont sanctionnés, cela ne refera pas venir nos partenaires, consent M. Louvel. Mais il y a déjà le problème de l'image : il est nécessaire de montrer que des décisions sont prises. A ce jour, c'est insuffisant et c'est gênant."
A ce jour... Cette précision veut dire qu'une frange de l'UCPF pourrait réexaminer la proposition de M. Michy si elle estime que les joueurs s'en sortent à bon compte. Les deux hommes suggèrent, chacun à leur façon, que l'idée pourra ressurgir. Claude Michy, malgré l'absence de soutien public, assure que son idée tient toujours. "Quand vous lancez une proposition comme celle-là, vous prenez quelques avis, dit-il. Certains présidents, ça les gêne un peu, ils sont dans un tas d'instances... Mais Louvel a le même problème que moi. Et si vous avez trois internationaux dans votre effectif c'est délicat." L'unanimité n'aura pas lieu, mais ce n'est pas un problème. "Je peux y aller seul, vous savez..." M. Michy se décidera "selon la façon dont ça va se passer". Sous-entendu : au conseil fédéral, vendredi. Il reste sceptique. "J'entends par exemple que les joueurs ne toucheront pas leur prime. Ils l'ont dit. Mais le premier avocat venu peut débouler et obtenir qu'ils la perçoivent." Quant au chapitre du préjudice causé, il s'ouvre à peine. Vendredi, France Football a indiqué qu'Adidas, à sa connaissance, avait demandé 10 millions d'euros de réparation à la FFF pour le préjudice subi.
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Claude Michy

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