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Le gourou du Pérou

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/07/2011 à 17:07 GMT+2

Sélectionneur du Pérou qui affronte le Venezuela samedi soir (21h), Sergio Markarian est dans la force de l’âge. A 66 ans "El mago" ("le magicien") a encore fait parler son savoir-faire dans cette Copa America. Il n’a, aujourd’hui, qu’un seul objectif: la Coupe du monde 2014.

2011 Copa America Peru coach Sergio Markarian

Crédit: Reuters

La figure du sauveur, du gourou, du magicien, est très prisée dans le football latino-américain. A chaque Copa America, Copa Libertadores et dans chaque championnat national, il y a toujours un entraîneur qui attire les regards, les médias et les supporters. Un héros, un homme quasi mystique, qui dégage une aura et un charisme certains. Un homme capable de soulever des montagnes. Pour enfiler ce costume, il doit avoir une identité forte dans le jeu, une grande gueule, des joueurs et des médias qui boivent ses paroles et bien sûr, gagner et déjouer les pronostics. Dans cette Copa America, pleine de surprises, Sergio Markarian, l’entraîneur uruguayen du Pérou, est bien l’homme de la situation. Car personne n’attendait "la Bicolor" à pareille fête. Jusqu’à l’arrivée de Markarian, en 2010, le Pérou était le cancre du continent. Il avait terminé les deux dernières éliminatoires de la Coupe du monde à la dernière place. Mais aujourd’hui, ces médiocres résultats semblent de l’histoire ancienne. Car, avec "El mago" Markarian, tout est désormais possible.
Sergio Markarian est un entraîneur à part. Il n’a pas fait une carrière de footballeur puisqu’il a commencé sa vie active comme directeur financier d’une entreprise de combustible. Et puis, un jour, sa vie a basculé devant un match de football. C’était en 1974, une année de Coupe du monde en Allemagne. A l’instar des 3,5 millions d’Uruguayens, Marakrian est devant sa télévision, rongé par l’angoisse, pour regarder le premier match de la Celeste contre les Pays-Bas. Les Hollandais volants sont trop forts et l’Uruguay perd ce premier match de Coupe du monde (2-0). Markarian a alors une révélation, il se tourne vers sa femme et lui déclare qu’il veut aider le football uruguayen et devenir entraîneur professionnel. Au lieu de le prendre pour un fou, sa femme lui donne son consentement et depuis, elle a toujours été son premier supporter.
Cinq titres avec trois équipes différentes
A ses débuts, Markarian n’est pas encore un magicien, mais force est de constater qu’il apprend vite le métier. Il est doué. Il s’occupe d’abord des jeunes du Club Atletico Bella Vista, avec qui il gagne tout. C’est donc en toute logique que ses dirigeants lui confient les rênes de l’équipe pro. Résultat : il gagne son premier titre et devient champion de deuxième division. Il va ensuite diriger quelques équipes de première division uruguayenne, sans résultats pour finir par migrer, en 1983, vers le Paraguay. La légende peut alors commencer. En huit ans, au pays des Guaranis, il remporte cinq titres avec trois équipes différentes. Sergio Markarian devient un gourou, un entraîneur à la mode. En 1993, il débarque au Pérou, après avoir remporté, avec la sélection paraguayenne des moins de 23 ans, le tournoi pré-olympique. Et c’est au Pérou que, dès la première saison, Sergio se transforme en magicien. Il arrive au club Universtario Deportes, alors lanterne rouge du Championnat. Quelques journées et quelques victoires plus tard, le club est champion. Son exploit est retentissant. L’homme est capable de tout, c’est un pompier de service qui adore enfiler le costume de sauveur de la nation.
En 2010 donc, après cinq titres supplémentaires de champion (au Pérou et au Paraguay), une Copa Libertadores (avec le Sporting Cristal), une expérience enrichissante sur le Vieux Continent (un quart de finale de la Coupe de l’UEFA avec le Panathinaïkos d’Athènes en 200, perdu face au FC Porto de Mourinho) et une participation à la Coupe du monde avec le Paraguay (2002), "El mago" décide de revenir au Pérou pour s’occuper d’une sélection moribonde. A son arrivée, "Don Marka" sait qu’il a du pain sur la planche. Le Pérou ne s’est plus qualifié à une Coupe du monde depuis 1982. L’équipe nationale est en crise, elle brille par sa médiocrité et ses meilleurs joueurs (Farfan, Pizarro) boudent la sélection. Ils ne font pas confiance aux entraîneurs locaux. Markarian met immédiatement les points sur les "i".
"Le Mondial dans le pays de Pelé, c’est notre terre promise"
Sa méthode se base sur "la discipline et l’organisation". "C’est facile de traiter un entraîneur d’offensif où de défensif, déclare t-il, mais personne prend le temps d’analyser l’effectif sur lequel il peut compter." Il le sait, son salut vient de ses joueurs "européens", les Vargas, Guerrero, Pizarro et Farfan. Ce dernier est fâché avec la discipline. Sa vie, en dehors des terrains, est rocambolesque. Il y a quelques mois pourtant, Guerrero, Vargas et Pizarro demandent une audition au gourou et lui demandent: "coach, nous allons tout donner pour vous, mais notre équipe pourrait encore plus forte avec Farfan. Faîtes-le revenir." Markarian écoute et leur dit qu’il va y réfléchir. Le lendemain, il convoque les trois stars pour leur dire: "je vais faire une exception, mais je vous préviens, si l’un de vous fait une connerie, je ne vous punirais pas. Non, je démissionnerais sur le champ. Ok ? Et ce, même si le Pérou caracole en tête des éliminatoires. C’est bien clair ?" Depuis, ils se tiennent tout à carreau. Et si Farfan n’est pas en Argentine, c’est tout simplement parce qu’il est blessé.
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Peru's national soccer team coach Sergio Markarian (R) of Uruguay looks at player Jefferson Farfan during a practice session in Lima before the Copa America soccer championship June 20, 2011.

Crédit: Reuters

La méthode Markarian a tout de suite porté ses fruits. C’est un bourreau de travail. Chez lui, par exemple, il a une pièce dans laquelle il empile les informations, les matchs et les statistiques de tous les joueurs péruviens sélectionnables. Depuis son arrivée, il a décidé de tout reprendre à zéro. Il organise, trois jours par semaine, du lundi au mercredi, des séances spécifiques, par ligne, pour les internationaux qui évoluent au pays. Il a demandé à un ancien international, réputé pour son jeu de tête défensif, de travailler spécifiquement avec ses défenseurs centraux. "Parce que je ne veux plus que tout le pays tremble à chaque fois qu’il y a un coup franc où un corner, parce que nos joueurs ne décollent pas les pieds du sol comme s’ils avaient perdu leur timing." Il a également demandé à un ex-international uruguayen (Bengoechea) d’apporter sa science et d’améliorer la qualité des coups francs des Péruviens. Enfin, il paie de sa poche son psychologue personnel pour qu’il travaille le mental de ses protégés. Et s’il fait tout ça, c’est parce qu’il veut que le Pérou se qualifie à la Coupe du monde 2014, au Brésil. "Pour nous, le Mondial dans le pays de Pelé, c’est notre terre promise. C’est notre objectif. Nous sommes sur la bonne voie, mes joueurs ont compris que pour y arriver, il fallait être capable de souffrir et d’avoir beaucoup de cœur."
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