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La Copa America : désirée par Lionel Messi, jamais conquise par Pelé ni Maradona

Thomas Goubin

Mis à jour 11/06/2015 à 11:43 GMT+2

COPA AMERICA - Les meilleurs joueurs de tous les temps n'ont pas gagné la Copa America, ce trophée après lequel court encore Lionel Messi. Eclairages sur les raisons de cette absence de Maradona et Pelé au palmarès de l'épreuve sud-américaine.

Lionel Messi lors d'Allemagne - Argentine, finale de la Coupe du monde le 13 juillet 2014, à Rio de Janeiro

Crédit: Panoramic

Trois Coupes du monde, deux Copa Libertadores, deux Coupes Intercontinentales, le palmarès du roi Pelé est à la hauteur du joueur superlatif qu'il a été. Au tableau de chasse l'homme aux 1000 buts, un trophée lui fait toutefois étrangement défaut : la Copa America.
O Rei a bien flirté avec le plus vieux tournoi international au monde, organisé depuis 1916, mais il n'a pu conclure. En 1959, dans la foulée d'un Mondial où le jeune surdoué de 18 ans s'était présenté au monde en survolant la compétition, Pelé va planer sur la Copa America. Avec huit buts en six matches, Pelé éblouit les spectateurs du stade Monumental, où se tient l'intégralité de la compétition. Le tournoi se joue alors sous forme de championnat. Il réunit sept nations (Brésil, Argentine, Pérou, Bolivie, Uruguay, Paraguay, Chili) pendant un mois, à Buenos Aires, chez l'ennemi argentin.

Pelé a payé le désintéressement du Brésil pour la Copa America

Bien accompagné par Didi, Garrincha, Zagallo, ou Nilton Santos, Pelé ne terminera toutefois pas le tournoi porté en triomphe, comme en Suède. Dans le match décisif face à l'Argentine, le génie brésilien inscrit bien un but, mais le match se termine sur nul (1-1) qui permet aux locaux de conserver un petit point d'avantage.
Pour Pelé, cette première sera aussi une dernière. Car, lors des années 60, le Brésil se désintéresse de la Copa America. “Champion du Monde, le Brésil a commencé à mépriser les tournois continentaux” indique Marcos Sergio Silva, éditeur de Placar, hebdomadaire brésilien de référence. En 1963, la Seleçao préfère profiter de son été pour se jauger face à des sélections européennes (Portugal, Belgique, Pays-Bas, Italie) pendant qu'une sélection régionale du Minas Gerais se fade la Copa America. En 1967, le Brésil va même jusque faire l'impasse sur un tournoi qui ne l'intéresse plus.
Le climat de violence régnant alors sur les pelouses sud-américaines a aussi eu sa part de responsabilité dans ce manque d'implication du géant continental. L'édition de 1959, à laquelle a participé Pelé, avait d'ailleurs été marquée par une bataille dantesque lors de Brésil-Uruguay, qui impliqua, joueurs, bancs, et même spectateurs.

Le cas Maradona est plus complexe

"Cette Copa America est aussi importante pour moi que la Coupe du monde ou les titres que j'ai gagnés avec Naples. Je voulais faire un tour d'honneur dans mon pays.” Cette déclaration de Diego Armando Maradona date du 9 juillet 1987, alors que l'Argentine vient d'être éliminée en demi-finale par l'Uruguay (0-1), ce grand tombeur de favoris. Elle dit tout de la détermination d'El Diez à remporter ce trophée. Mais comme pour Pelé, la Copa America se refusera à lui.

A domicile, Diego Maradona se trouvait pourtant devant une occasion en or d'enfin régner sur son continent, un an seulement après avoir mis le monde à ses pieds. Mais l'Albiceleste championne du monde va manquer son rendez-vous. Privée de Valdano et Burruchaga, l'équipe n'en est que plus Maradona-dépendante, et le génial numéro 10 reçoit un traitement de choc de la part de ses adversaires. Voilà ce que confiait alors l'idole napolitaine : “Je me suis approché de l'arbitre et je lui ai montré les marques sur mes jambes provoqués par les coups des Péruviens et il m'a dit 'mais vous êtes un joueur de football'. Justement, lui ai-je répondu.” Buteur à trois reprises, Maradona va aussi se contenter d'une place d'honneur au classement individuel : il sera élu deuxième meilleur joueur de la compétition, derrière Carlos Valderrama.
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Pelé et Maradona

Crédit: Eurosport

Avant l'occasion manquée de 87, Diego Maradona avait déjà disputé la Copa America, en 1979. Il n'était alors que ce génie frisé en germe, une promesse courte sur pieds de lendemains qui chantent, mais pas encore un pilier de la sélection. Lors de sa première participation au tournoi continental, Maradona ne jouera d'ailleurs que deux matches sur quatre, et l'Argentine ne passera pas la phase de poule, où elle était opposée au Brésil et à la très modeste Bolivie. Un an après avoir remporté la Coupe du monde, 1978 les grognards avaient besoin de souffler. Quant à la jeunesse, une échéance de taille la mobilisait, le Mondial moins de 20 ans, où l'Argentine triomphera, avec un Maradona épatant.
La dernière Copa America anoblie par la présence de Diego Maradona se déroule en 1989, au Brésil. Le numéro 10 se présente diminué. Il ne pourra porter son équipe vers la victoire. Dans une phase finale à quatre, l'Argentine termine avant-dernière avec un petit point. Lors du match perdu face à l'Uruguay, il signe tout de même une merveille de but qui n'a pas été, un lob tapé depuis la ligne médiane, qui atterrit sur la transversale.
En 1991, l'Argentine finit par renouer avec la victoire en Copa America, qui la fuyait depuis 1959. Mais Maradona n'est pas de la fête, suspendu pour dopage. On peut parler de malédiction. Côté brésilien, on a redonné toute son importance au tournoi lors de la traversée du désert de la Seleçao (1970-1989), où remporter un titre devenait une question vitale. “Et depuis la Coupe du Monde 1994, gagner tous les trophées est devenu une obsession pour le Brésil” précise Marcos Sergio Silva.
Sur les six dernières Copa America, quatre ont été remportées par le Brésil (1997, 1999, 2004, 2007). La dernière, à domicile, face à l'Argentine de Lionel Messi, déjà titulaire à 20 ans aux côtés de Carlos Tevez. Quatre ans plus tard (2011), le Barcelonais se trouvait dans des circonstances favorables pour de ne pas imiter Pelé et Maradona. L'Argentine jouait à la maison, mais ce fut une nouvelle désillusion (élimination en quarts face à l'Uruguay). Au Chili, Lionel Messi en sera à sa troisième tentative pour lever un trophée qui s'est refusé aux deux plus grands. S'il échoue à nouveau, ce trou dans son palmarès lui sera rappelé avec plus d'insistance, pour n'avoir jamais rien gagné avec sa sélection, à l'inverse de Maradona et Pelé.
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