Coupe d'Italie | AC Milan - Inter Milan | Sergio Conceiçao, le cigare s'est éteint

Débarqué en début d'année pour remplacer son compatriote Paulo Fonseca sur le banc de l'AC Milan, Sergio Conceiçao avait parfaitement démarré son aventure en Lombardie. Puis tout s'est précipité pour le technicien portugais, qui a d'abord vu son équipe éliminée en Ligue des champions puis chuter à la neuvième place en Serie A. Son départ en fin de saison est quasi certain.

Pourquoi Maignan est-il devenu si friable ?

Video credit: Eurosport

L'histoire avait bien commencé. Trop, peut-être. Appelé à la rescousse d'une équipe à la dérive début janvier, Sergio Conceiçao, alors courtisé par plusieurs clubs, dont le FC Nantes, n'avait mis qu'une petite semaine pour remporter son premier trophée avec l'AC Milan. En sept jours chrono, il avait tout d'abord battu la Juventus Turin (1-2) en demi-finale, puis l'Inter Milan (2-3), le grand rival, en finale, pour ainsi ramener la Supercoupe d'Italie de ce voyage express en Arabie Saoudite. De quoi remettre au goût du jour sa fameuse danse du cigare. 
"Dès qu'on est revenu dans les vestiaires, les joueurs m'ont demandé de danser et de fumer un cigare, car ils se rappelaient que c'était mon rituel quand je gagne un titre", expliquait alors l'ancien entraîneur du FC Porto (2017-24), passé entre 1998 et 2004 par la Serie A (Lazio, Parme, Inter Milan) quand il était joueur et qui venait de mettre fin à trois ans de disette milanaise. Mieux, il offrait à Gerry Cardinale, le propriétaire du Milan (depuis juin 2022) très critiqué par les tifosi, un premier trophée.
Mike Maignan et ses coéquipiers avaient retrouvé le sourire, tous parlaient d'un nouvel élan avec le technicien portugais après des mois difficiles sous Paulo Fonseca, et la route semblait ainsi toute tracée en vue de la deuxième partie de saison, surtout après un gros mercato réalisé en janvier (Kyle Walker, Santi Gimenez et Joao Félix ont notamment débarqué). Bref, tout semblait parfait. "Dès qu'il est arrivé, Sergio Conceiçao a apporté une autre énergie, on a senti tout de suite le changement", se félicitait par exemple Rafael Leao, l'une des stars de l'effectif milanais. 
"C'est quelqu'un de très exigeant, attentif au moindre détail, qui a une énorme envie de gagner", s'enthousiasmait l'attaquant Tammy Abraham. Au sein du club lombard, les dirigeants milanais, Zlatan Ibrahimovic en tête, étaient persuadés d'avoir misé sur le bon cheval. "Mais quand une saison commence de manière tordue, elle termine généralement de manière tordue...", souffle un habitué de Milanello. Car les vieux démons du Diavolo (le diable, symbole du club) ont finalement refait surface.

un management qui irrite

"Après un titre, les joueurs peuvent perdre leur motivation et devenir suffisant. Cela n'arrivera pas, car nous devons montrer que nous sommes des gagnants", avait prédit Conceiçao en janvier. Bien vu. Plombés par des erreurs individuelles en série, dont celles des internationaux français Mike Maignan et Théo Hernandez face à Feyenoord lors du barrage retour de Ligue des champions (1-0, 1-1), les Rossoneri sont retombés dans leurs travers. Le technicien portugais avait hérité d'une équipe à la huitième place en championnat et à un pas de se qualifier directement en 8es de C1 ? Trois mois plus tard, elle est neuvième de Serie A, distancée par tous ses concurrents aux places européennes, et a pris la porte de la coupe aux grandes oreilles de façon humiliante (d'abord battu par le Dinamo Zagreb lors de la première phase, puis sortie par Feyenoord à San Siro). Même une éventuelle victoire de la Coupe d'Italie (Milan affronte l'Inter en demi-finale, aller ce mercredi soir, retour le 23 avril) ne sauverait pas cet exercice 2024-2025 complètement raté.
Persuadé de pouvoir sortir ses joueurs du bourbier, Conceiçao s'est finalement lui aussi retrouvé dedans jusqu'au cou. Certes, l'ancien entraîneur nantais a bien des circonstances atténuantes, comme il l'a souvent rappelé en conférence de presse. Il est arrivé en cours de saison, avec une équipe qui n'était pas la sienne et un calendrier surchargé, ne lui permettant pas de travailler sur des semaines complètes. Mais rien n'a changé quand il s'est allégé, au contraire. Malgré un mercato révolutionnaire et jugé nécessaire pour secouer tout le monde, Milan a dégringolé. Et le Portugais en est aussi responsable. Ses méthodes drastiques et son management à la dure ont fini par user un vestiaire probablement trop bien habitué. Comment oublier, par exemple, l'altercation surréaliste entre l'entraîneur milanais et Davide Calabria au coup de sifflet final du match contre Parme en janvier dernier ? Le technicien portugais et le capitaine déchu des Rossoneri, furieux d'avoir été remplacé à la 77e minute, en étaient presque venus aux mains en mondovision.

Pas de jeu, peu de résultats

"L'important, c'est que tout a été réglé avant que je n'arrive dans le vestiaire. C'est une bonne chose pour l'équipe que des choses comme ça arrivent, sinon ce serait comme si (le club) n'avait pas d'importance. C'est peut-être moche, mais ça arrive", tempérait à l'époque Zlatan Ibrahimovic. "Quand vos enfants se comportent mal, il faut agir", avait de son côté jugé l'entraîneur Sergio Conceiçao. Davide Calabria avait balayé l'incident en évoquant "un malentendu". "On a réglé ça, en regardant les images maintenant, ça me fait rire", déclarait l'arrière droit international italien au micro du diffuseur DAZN, tout en reconnaissant qu'il "ne (faisait) pas une bonne saison". Au point qu'il a fini par ses valises en janvier. Désireux d'assainir un environnement qu'il jugeait "toxique" autour du club lombard, le Portugais s'est retrouvé protagoniste d'un épisode aussi grotesque que surréaliste : début mars, son attaché de presse décidait de démissionner après avoir attaqué les dirigeants milanais dans un message envoyé à différents journalistes. "Il me dira qui l'a payé pour faire ça", se dédouanait alors l'ancien attaquant, fortement touché et marqué.
Côté terrain, son équipe a rarement déployé un jeu flamboyant. C'est même tout l'inverse. Lors des vingt matches (toutes compétitions confondues) de sa gestion, elle a été même été menée à treize reprises, dont neuf fois en championnat... sur treize rencontres. Dimanche, à Naples, le score était de 1-0 après moins de deux minutes de jeu. Simple problème de concentration ou mauvaise approche des matches ? Certains de ses choix continuent en tout cas d'étonner les observateurs. Plutôt que de démarrer avec Rafael Leao dimanche, il décidait de lancer son poulain João Félix, pourtant en grande difficulté ces dernières semaines. Sans surprise, ce dernier était rappelé sur le banc en début de deuxième période et son compatriote, entré à la mi-temps, a changé le match avec son entrée sans pouvoir éviter la défaite des siens.
Un constat évident : Conceiçao n'a pas trouvé la solution aux maux d'une équipe malade bien avant son arrivée. Il a tout tenté, tout essayé, parfois tout raté. Comme si le mal était trop profond, trop ancré dans la genèse même de son équipe. "C'est une saison vraiment usante, exténuante... Une grande révolution aura lieu l'été prochain, à tous les étages", indique une source proche de la direction milanaise, qui demeure la principale cible de la vive contestation des ultras milanais ces dernières semaines.
De son côté, le Portugais est probablement conscient que son sort est d'ores et déjà scellé. Si son contrat expire en juin 2026, Milan bénéficie d'une clause permettant de le rompre unilatéralement avant fin juin. Ce qui sera très certainement le cas, sauf énorme surprise d'ici là. "Je n'ai pas besoin d'être rassuré sur mon avenir comme un enfant. Je dépends des résultats et je continue de travailler", assurait l'intéressé samedi dernier dans une conférence de presse plutôt calme. Cela n'a pas été toujours le cas, puisque le Portugais a souvent tenu à rappeler qu'il n'était pas vraiment un lapin de six semaines, que son CV parlait pour lui et qu'il entraînait maintenant depuis plus d'une décennie, avec treize trophées à la clé, réclamant ainsi plus de respect de la part des journalistes et des suiveurs. C'est d'ailleurs l'un d'entre eux qui lui avait dégoté un cigare en ce fameux soir de janvier à Riyad. C'est comme si tout était parti en fumée depuis...
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