CAN 2013 : Le Burkina Faso y croit dur comme fer contre le Nigéria

Comme adorait rappeler un Didier Deschamps pragmatique, ‘une finale n’est belle que lorsqu’on la gagne’. Dans l’absolu, impossible de lui donner tort. Il existe néanmoins des défaites qui, à défaut d’êtres encaissées avec joie, demeurent un brin plus faciles à digérer. Même en finale. En cas d’issue négative dimanche, les Etalons du Burkina Faso n’auraient pas vraiment à rougir. Peu de chances de voir des sourires sur les visages burkinabés, le cas échéant. Un sentiment de fierté est un peu plus envisageable. Car les hommes de Paul Put ont déplacé des montagnes pour se hisser jusqu’en finale. Entre un effectif limité au départ, des blessures dont ils n’avaient guère besoin, et un arbitrage bien douteux en leur défaveur, c’est peu de dire qu’il fallait avoir la foi pour accéder au dernier round.

D’abord, le squad. Si 14 des 23 sélectionnés jouent en Europe, seuls 6 d’entre eux évoluent dans un championnat majeur (5 en Ligue 1, à Lyon (B.Koné), Marseille (Kaboré), Rennes (Pitroipa), Evian (D.Koné) et Lorient (A.Traoré), plus un en Bundesliga, à Augsbourg (Aristide Bancé)). Le Phocéen Charles Kaboré (24 ans), pourtant pas réputé spécialement doué balle aux pieds du côté de la Canebière, fait presque office de leader technique au sein de la sélection nationale. ‘J’apporte offensivement, quasiment tous les ballons passent par moi, pour les distribuer vers Pitroipa ou Alain Traoré. (…) Ici on me trouve moins technique, au Burkina on me trouve technique…’, a même prétendu l’intéressé dans Le Phocéen, dix jours avant l’ouverture de la compétition. Les bases sont posées.

Pitroipa (26 ans) et Alain Traoré (24 ans), justement. Le second, alors qu’il avait achevé la phase de poules meilleur buteur (3 réalisations, depuis dépassé par le Nigérian Emenike et le Ghanéen Mubarak, (4 buts chacun), s'est blessé à une cuisse et a abandonné son équipe pour le début des rencontres à élimination directe. Son confrère breton du Stade Rennes Jonathan Pitroipa devait également manquer la finale, mais pour une toute autre raison. Déséquilibré dans la surface de réparation ghanéenne à 2 minutes des tirs au but, l’arbitre tunisien Slim Jedidi trouve le moyen de siffler une simulation. Sauf que ‘Pit’ était déjà averti. A la douche avant ses camarades, et initialement privé de finale, donc. Les larmes de l’ancien ailier d’Hambourg seraient restées comme l’image malheureusement forte de cette édition 2013, mais ouf de soulagement, pour une fois. La CAF a considéré l’appel de la fédération burkinabé, et a décidé de lever la suspension du joueur. . Quoi qu’il advienne, ça sera un Burkina Faso décimé qui affrontera un Nigeria qui vient de sortir les supers favoris ivoiriens, avant d’infliger 4 buts en une heure au Mali. Mais après avoir surmonté de tels obstacles, plus rien n’effraie les Etalons.

Car il lui reste des munitions, à Paul Put. A commencer par l’auto-proclamée plaque tournante technique, Charles Kaboré. Un garçon qui affiche un championnat de Ligue 1 et trois coupes de la Ligue remportées à 24 ans, avec l’OM. Ses quelques expériences de Ligue des Champions ne seront pas de trop à ce poste clé qu’est la sentinelle devant la défense. Il constitue la colonne vertébrale du onze titulaire avec notamment Bakary Koné, 24 ans, solide défenseur de l’Olympique Lyonnais. ‘Il semble tout maigre, mais il a une masse musculaire impressionnante’, dixit son entraîneur Rémi Garde. Quelque peu en difficulté cette saison (Lovren et Bisevac ont souvent la préférence du coach), l’ancien Guimgampais revit, lors de cette CAN. Enfin devant, Aristide Bancé, 28 ans, aura légitimement pas mal d’espoirs placés en lui lors de cette finale, lui qui est l’auteur du but égalisateur face au Ghana en demi. Au-delà d’un Bakary Koné ou même d’un Gervinho, l’attaquant d’Augsbourg est souvent en tribunes, puisqu’il n’affiche aucune rencontre disputées au compteur cette saison. La sélection nationale demeure une bouffée d’oxygène pour ces joueurs qui suffoquent quotidiennement de la concurrence accrue dans leurs clubs respectifs. Attention à l’étalon piqué au vif.

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