CAN - Côte d'Ivoire - Sénégal - "Quand tu sors d'un match où tu te fais tabasser..." : Le miracle ivoirien

Il fallait être un peu givré ou avoir une foi aveugle pour imaginer, à la 4e minute de ce 8e de finale, la Côte d'Ivoire en quart de finale. A ce moment précis, le Sénégal venait d'ouvrir la marque et les Eléphants sortaient d'une rouste mémorable face à la Guinée Equatoriale (4-0) et devaient leur place dans le tableau final à une victoire du Maroc.

Avec un nouveau coach complètement inexpérimenté (Emerse Faé) et des joueurs en grande difficulté depuis le début de la compétition, les Ivoiriens ont pourtant renversé la vapeur face au très solide tenant du titre. Un scenario insensé, d'autant que les coéquipiers de Seko Fofana ont mérité leur victoire même s'il a fallu attendre les tirs au but pour y goûter (1-1, 5 tab à 4).

La métamorphose, opérée en quelques jours, est spectaculaire. Après la défaite contre la Guinée Equatoriale alors que leur destin dans cette CAN à domicile ne tenait plus qu'à un fil, les Eléphants ont souffert. "Avant la validation de notre qualification, on a perdu beaucoup d'énergie. On a pleuré, on a prié, a témoigné Seko Fofana après le match sur BeIn Sports. On s'est fait insulter mais on a switché très vite une fois que le Maroc a validé notre qualification. Aujourd'hui, on a su faire un grand match. On mérite notre victoire. Ce fut une épreuve très difficile parce que tout le monde pensait que c'était fini."

Il faut dire qu'il était bien difficile d'imaginer cette équipe moribonde capable de livrer un match aussi dense et complet face à l'un des deux favoris à la victoire finale et l'une des meilleures équipes du continent. "C'est énormément de pression une CAN chez soi, a continué Fofana. On a joué avec de vrais principes, une vraie philosophie. C'est aussi grâce au coach Gasset (ndlr : licencié après la défaite contre la Guinée équatoriale)." S'il fallait trouver un exemple parfait de la résilience ivoirienne, ce serait sans doute Franck Kessié, très critiqué jusqu'ici, sanctionné par Emerse Faé et placé sur le banc au coup d'envoi.

Mais c'est bien lui, l'ancien Milanais, qui a assumé ses responsabilités d'abord en égalisant sur penalty à la 87e minute puis en transformant l'ultime tir au but synonyme de qualification. "Quand tu sors d'un match où tu te fais tabasser devant ton public dans le stade qui porte le nom du président, c'est là qu'on a senti cette humiliation, a commenté Kessié. On n'avait plus rien à perdre. Un revenant ne peut pas avoir peur !" Le Mali ou le Burkina Faso, leurs potentiels adversaires en quart, sont prévenus : les Eléphants sont de retour.