Stuttgart : demain, c’est loin

Une saison catastrophique en Bundesliga, un parcours plus que chaotique en Europa League, et, finalement, un dernier duel à Berlin contre le Bayern en finale de la DFB Pokal (coupe), synonyme de compétition continentale l’exercice prochain : Stuttgart sauve les meubles et s’achète du temps avec peu d’argent. Mais la tentative du VfB pour revenir au sommet n'est pas gagné d'avance, comme nous allons le voir.

Les Schwaben sont restés fidèles à la "zick-zack Kurs", c'est-à-dire aux résultats en dent-de-scie, cette saison. Comme depuis des lustres. Dernier du championnat d’Allemagne après la deuxième journée, encore relégable après la cinquième, puis sixième au classement, donc européen, juste avant la trêve hivernale avant de replonger à la quatorzième après le vingt-cinquième Spieltag, pour finalement aboutir à une bien médiocre douzième place en Bundesliga...

En Europa League, le VfB peut mettre un cierge à la divinité locale étant donné le parcours : à part la victoire en barrage contre le Dynamo Moscou (2-0), le bilan à domicile fut famélique. Pire, le VfB a dû sa qualification pour les seizièmes de finale au match nul (1-1) entre Copenhague et Bucarest alors que les modestes joueurs de Molde l’emportaient au Mercedes-Benz Arena (0-1), permettant aux Vereine germaniques un grand chelem, sept sur sept ! Après la pause janvier, Stuttgart a dû aller chercher le gain à Genk (2-0) pour continuer l’aventure européenne avant de se prendre une leçon de football par la Lazio Rome (0-2, 1-3).

Par bonheur, le tirage au sort en coupe nationale fut plus que favorable, Stuttgart ne rencontrant qu’une équipe de Bundesliga. Ce fut contre les voisins de Fribourg (2-1), en demi-finale, à domicile. L’année sportive se conclut bien. Mais sur le terrain, les prestations du champion d'Allemagne 2007 sont souvent pitoyables.

La saison fut longue, voire trop longue. Et entre les crises de nerfs, les blessures, les suspensions, les tensions entre le sportif et l’administratif, celles entre des supporters désabusés et une direction sans tête, on retiendra surtout la conférence de presse, désormais culte, de Bruno Labbadia, très fleurie, du 8 octobre 2012, stigmatisant le manque de profondeur de son effectif et s’en prenant directement à la presse. Cela ne l’empêcha pas de prolonger… après quelques atermoiements.

Il faut dire que depuis trois ans, le clinquant n’est plus de rigueur dans la maison stuttgartienne. L’heure est plutôt à la soupe à la grimace, au serrage de ceinture et au limogeage des erreurs de casting, post-Meisterschale 2007, émargeant avec de gros émoluments : Marica, Pogrebnyak, Camoranesi, Bouhlarouz et autre Kuzmanovic. Reste à régler le cas de l’ex-international italien Molinaro. L’ensemble à rajouter à un agrandissement du stade à financer et des comptes dans le rouge.

Cette politique du bling-bling a supplanté le savoir-faire maison. Un choix stratégique discutable avec du recul puisque le départ des Jungen Wilden (les "jeunes sauvages") du centre de formation a financé les achats scabreux. La liste pourrait en faire saliver plus d’un avec Gomez, Khedira, Beck, Gentner (aujourd’hui revenu au bercail), Träsch, tous internationaux allemands, sans oublier les Rudy, Leno, et autre Schieber. Aujourd’hui, Fredi Bobic rêve de restaurer les fondamentaux du Verein. Cela prendra du temps.

37 buts de marqués seulement pour 55 encaissés en 34 journées de championnat. Autant écrire que le chantier du VfB est gigantesque. Qui plus est, si l’on relève les 15 goals d’Ibisevic, on se rend rapidement compte de la dépendance de l’équipe envers son attaquant bosnien. Harnik est aux abonnés absents par rapport à l’année dernière (5 buts seulement contre 17 en Bundesliga). Okazaki montre ses limites tandis que le meneur de jeu Hajnal est, tout au plus, sur le banc, surtout depuis sa prolongation de contrat. Traoré en profite sur son côté gauche et Maxim, recruté au mercato hivernal, bourré de talent, est bien jeune pour battre le tempo. Gentner compense.

On apprécie alors les recrues venues densifier le groupe. Oui, mais toutes sont en fin de contrat, ce qui montre aujourd’hui les limites économiques de Stuttgart. Rausch, Sararer, Kirschbaum, le grand espoir australien Rojas, Schwaab. On attend encore un ou deux renforts pour l’offensive et l’on espère que Rüdiger et Holzhauser, tous les deux vingt ans, vont passer un cap. Tandis qu’à l’inverse, le milieu défensif danois Kvist, pourtant annoncé comme un renfort de poids, doit prendre la poudre d’escampette car n’apportant pas assez dans l’entrejeu, selon le coach. Une belle petite équipe sur le papier mais franchement, pas vraiment rutilante. Une chose est sûre, on verra du spectacle l’année prochaine avec les Schwaben. Reste à déterminer… Dans quel sens.

En 2007, le VfB Stuttgart, pourtant grand favori après l’acquisition d’un cinquième Meisterschale, s’était incliné en finale de coupe d’Allemagne contre les modestes Nürnberger. C’est étrange, mais même malgré les absences des Brésiliens Dante et Gustavo, forcés de rejoindre la Seleçào pour préparer la Coupe des confédérations, on ne s’attend pas à un miracle contre la machine bavaroise. En attendant Godot.