Marseille - Rennes (Coupe de France, 16e de finale) : À l'OM, la défense va droit au but

Sead Kolasinac a perpétué une drôle de tradition. Avec le but égalisateur du Serbe la semaine passée face à Lorient, un défenseur marseillais a une nouvelle fois trouvé les filets dans un match de l'OM. C'est devenu systématique ou presque. Depuis la défaite subie face à Lens fin octobre (0-1), il n'y a eu qu'un seul match où le phénomène ne s'est pas produit, toutes compétitions confondues. C'était face à Hyères, en Coupe de France (2-0). Rennes, prochain adversaire de la formation d'Igor Tudor vendredi au Vélodrome, est prévenu. Avec Marseille, le danger vient aussi, peut-être même surtout, de l'arrière.

Issa Kaboré avait initié la série contre Strasbourg (2-2). Samuel Gigot lui avait emboîté le pas contre Lyon (1-0). Kolasinac, déjà lui, avait poursuivi la série contre Monaco (2-3), puis face à Toulouse (6-1). Nuno Tavares, également buteur face au TFC, avait récidivé lors de la journée suivante contre Montpellier (1-2). Et Chancel Mbemba, qui s'était déjà signalé avec un but lors de la défaite face à Tottenham en Ligue des champions (1-2), en a inscrit un autre lors de la victoire à Troyes (0-2). Kolasinac n'a fait que confirmer une tendance très marquée contre les Merlus.

Elle se traduit dans les chiffres. En totalisant les buts des défenseurs centraux et des pistons, Tavares (5 buts), Mbemba (4 buts), Kolasinac (3 buts), Gigot (2 buts), Balerdi, Kaboré et Clauss (1 but chacun), ont signé 17 des 45 réalisations marseillaises jusqu'ici cette saison, toutes compétitions confondues. Soit 37,7% des buts de l'OM, plus du tiers, inscrits par les arrières de l'OM. En championnat, 14 buts marseillais ont d'ores et déjà été inscrits par des défenseurs, plus du double que n'importe quelle autre formation de Ligue 1.

A Marseille, la meilleure des attaques n'est ainsi pas loin d'être la défense. Et ce constat ne s'applique pas que sur les buts. Les chiffres sont tout aussi parlants pour les passes décisives. Clauss (8 passes décisives), Gigot (2 passes décisives), Balerdi, Mbemba et Kolasinac (1 passe décisive chacun) ont ainsi signé 13 des 35 passes décisives marseillaises de la saison, toutes compétitions confondues. Soit 37%, et donc là aussi plus du tiers du total dans un domaine où l'on attend davantage les milieux de terrain et les attaquants. Comme pour les buts.

La tendance est trop marquée pour ne pas attirer l'attention. Igor Tudor avait ainsi été questionné sur le sujet avant le match face à Lorient. Sans vraiment donner une explication sur un phénomène dont il ne peut que se réjouir. Car il incarne parfaitement la philosophie et les principes de jeu que le technicien croate a mis en place depuis son arrivée l'été dernier. "Ce n'est pas le plan d'avoir des défenseurs qui marquent mais c'est un petit plus, avait reconnu l'entraîneur marseillais. L'idée c'est que tout le monde aille vers l'avant."

Des défenseurs qui marquent, c'est d'abord la conséquence d'un état d'esprit offensif. Et qui ne se manifeste pas seulement sur les phases d'attaque. Tudor incite ses pistons et ses centraux à aller chercher très haut les joueurs adverses. La stratégie n'est pas sans risque mais elle a ses vertus, au-delà d'un pressing plus dense et intense qui permet une récupération plus haute du ballon. Surtout, les défenseurs olympiens accompagnent plus facilement les phases de transitions offensives et se retrouvent plus régulièrement dans la zone de vérité, à la conclusion des actions.

Cela se lit au-delà des statistiques des buts et des passes décisives. La participation des défenseurs aux attaques de Marseille dépasse largement ce cadre et Nuno Tavares symbolise bien le phénomène. Il est le Marseillais qui a touché le plus de ballons dans la zone offensive adverse cette saison (362), devant l'autre piston olympien, Jonathan Clauss (308). Il est aussi le défenseur qui adresse le plus de tirs par match en Ligue 1 et le joueur de l'OM qui frappe le plus au but, avec Alexis Sanchez (1,9 tir/match). Tavares illustre l'impact offensif des latéraux marseillais, les projections des centraux, notamment Mbemba, sont également à souligner.

Les défenseurs marseillais ont ainsi apporté une solution aux problèmes de l'attaque marseillaise, pas toujours prolifique sur la première moitié de la saison. Mais le plus remarquable, c'est que cela n'a pas empêché l'OM de conserver une certaine solidité défensive. Avec 16 buts encaissés, Marseille est la troisième équipe la moins perméable de Ligue 1, derrière Lens (13 buts) et le PSG (14 buts). Il ne s'agit pas seulement d'avoir une défense qui va droit au but. Il faut aussi qu'elle accomplisse sa fonction première. C'est justement cette combinaison délicate que la formation de Tudor parvient à réaliser.