Les oubliés de Santander

Même s'il n'est pas sûr de pouvoir fouler la pelouse du Parc des Princes, Peter Luccin se fait une joie de retrouver le sol français, "la France c'est mon pays, je ne l'oublie pas et ça fait du bien de revenir", souffle t-il. Exilé en Espagne depuis 2001 et son transfert du PSG au Celta Vigo, le milieu défensif de 29 ans, vient se rappeler au bon souvenir du football français. Membre de la génération des Henry, Anelka et Trezeguet, le Marseillais n'aura pas connu la même carrière que ses compagnons de chambrée chez les Bleuets.

Décrié pour son incapacité à se stabiliser, le milieu défensif formé à Cannes est en quelque sorte le globe-trotter du football hexagonal. Il reconnait lui même se sentir plus Espagnol que Français. Après des passages au Celta Vigo, à l'Atletico Madrid, Saragosse et depuis cette année à Santander, l'ancien parisien n'est pas contre une nouvelle aventure, voir même un retour dans son pays natal. "Ce serait un challenge et je ne suis pas contre. Il y a de supers clubs comme Lyon, Paris et Marseille, mais j'avoue que l'Angleterre me tente bien", ajoute-t-il.

Son passage au Paris Saint Germain n'a pas laissé un gout impérissable aux supporters de la Porte d'Auteuil. Arrivé en grande pompe avec Stéphane Dalmat en provenance de l'ennemi marseillais, Luccin n'aura jamais réussi à percer sous les ordres de Luis Fernandez, entraineur de l'époque, "les six premiers mois avaient été extraordinaires et les six derniers assez difficiles. Il y avait une équipe de qualité, avec des jeunes joueurs qui avaient besoin d'adaptation. C'était un gâchis " déclare t-il, dépité. Il ne s'en formalise pas aujourd'hui, préférant louer son aventure ibérique : "je réalise une belle petite carrière à l'étranger et j'en suis fier". Une aventure qui semble pourtant prendre fin cette saison."Peter Pan" ne faisant pas partie des cadres du Racing, renvoyé sur le banc par l'ancien Mayennais Mehdi Lacen.

C'est un inconnu en France. En Espagne, la donne commence à changer. Le milieu défensif franco-algérien se fait un nom de l'autre côté des Pyrénées. Arrivé avec Peter Luccin pour pallier le départ de l'Argentin Aldo Duscher au FC Séville, Lancen a grillé la politesse à l'ancien marseillais. Juan Ramón López Muñiz, l'entraîneur du club du nord de l'Espagne, en a même déjà fait l'un des ses piliers comme en témoigne ses 13 matches joués toutes compétitions confondues depuis le début de la saison. Tous (sauf un) débutés dans le onze de départ. Titulaire indiscutable au sein d'une équipe qui a terminé sixième en Liga la saison passé. Rien que cela.

Pourtant, il y a cinq ans, Mehdi Lacen n'aurait même pas osé rêver d'une telle destinée. Sorti du centre de formation de Laval, ses débuts en professionnel étaient chaotiques. Après avoir joué quatre bouts de matches lors de la saison 2003-2004 en L2 avec le Stade Lavallois, il a même été obligé de s'expatrier à Valence en National la saison suivante pour jouer plus souvent. Un choix gagnant au final. Elu meilleur joueur de National, il tape dans l'oeil de Dimitry Piterman, le président d'Alavès qui voulait racheter Valence. La belle histoire commence.

Il est recruté par Alavès. Joue 19 matches pour sa première saison en Liga. Et malgré la descente du club basque en deuxième division, il fait ses preuves jusqu'à se faire recruter par Santander cet été. Et voilà comment le natif de Versailles va retrouver le PSG en Coupe de l'UEFA, un match forcément particulier pour lui : " Ce sera un jour inoubliable. Je suis supporter du PSG, avoue-t-il dans As. Je n'ai affronté le PSG que dans des catégories inférieures. Donc jeudi, toute ma famille sera là ." Une occasion idéale pour marquer son premier but en pro... Avant peut-être de se faire convoquer avec l'Algérie même s'il veut d'abord découvrir le pays de son père avant d'en défendre ses couleurs. On risque en tout cas d'entendre plus parler de lui...