Bodmer n'attendait que ça

Jusqu'à la 86e minute de ce Lyon-PSG (1-2 a.p.), Mathieu Bodmer avait tout du joueur dans le doute. Deux ans de galère à Lyon, un début de saison discret au PSG, le club de son coeur, où il a été transféré cet été pour 2,5 millions d'euros (hors bonus) cet été, et une place dans le onze de départ parisien perdue au profit de Clément Chantôme après une blessure à un mollet à la fin du mois d'août. Titulaire à Gerland grâce au turn-over mis en place par Antoine Kombouaré, il a connu une première période catastrophique, avec en point d'orgue un ballon bêtement perdu qui a abouti à l'ouverture du score lyonnaise de Jimmy Briand. Ça n'allait vraiment pas fort pour Bodmer jusqu'à cette 86e minute, où il a claqué cette volée rageuse au fond des filets de Rémy Vercoutre pour offrir l'égalisation au PSG, finalement vainqueur grâce à une réalisation de Ludovic Giuly en prolongation.

Un but salvateur pour Paris, revenu de nul part pour arracher son billet pour les quarts de finale de la Coupe de la Ligue. Archi-dominé en première période, le club de la capitale a réagi après la pause à la faveur d'un changement tactique judicieux, tant le 4-3-3 des 45 premières minutes avait laissé des espaces béants aux Lyonnais. Bodmer est venu récompenser sa formation grâce à son premier but sous ses nouvelles couleurs. Et il y a mis la manière. "On voulait la qualification. C’est vrai que le but que je marque n’est pas trop mal", glissait-il dans un sourire après le match. "Nous avons réalisé une très mauvaise première période aussi bien tactiquement que dans l’impact. Nous nous sommes dit que d’être menés 1-0 à la pause n’était pas une catastrophe. Nous sommes donc revenus avec de meilleures intentions, cela a payé et nous avons même eu des occasions pour faire le break. C’est une grosse satisfaction ce soir."

Sur le plan collectif, mais aussi individuel. Marquer à Lyon, c'est même une forme de revanche pour Bodmer, qui a quitté l'OL cet été sur un constat d'échec. Il avait quitté Lille pour rejoindre les bords du Rhône à l'aube de la saison 2007/2008, en partie parce qu'il était en froid avec Claude Puel, qui entrainait le Losc à l'époque. Sa première saison lyonnaise a été aboutie. Influent dans l'entrejeu, l'ancien Lillois avait contribué au doublé Coupe-championnat du club rhodanien. Mais le remplacement d'Alain Perrin par Puel à l'été 2008 a changé la donne. Recadré en défense central, un poste qui ne lui "convenait pas", Bodmer est devenu moins performant et a collectionné les blessures pendant deux ans. Arrivé à Paris pour rebondir, il attendait ce retour à Gerland avec impatience. "Il nous en avait parlé avant. Il voulait marquer le coup et il a mis un but", témoignait Clément Chantôme après le match. "C’est bien pour lui, mais il est aussi content pour l’équipe. Grâce à lui, on revient au score et on peut faire la différence en prolongation. C’est ça le plus important."

Bodmer a relancé le PSG à Lyon. Mais il s'est aussi relancé lui-même. Kombouaré tenait vraiment à le recruter cet été. L'entraineur parisien voulait en faire le complément idéal de Claude Makelele dans l'axe de son milieu de terrain. Pas exactement en numéro 10, un poste où il avait excellé avec Lille, mais dans un rôle de récupérateur qui se projette vers l'offensive. "A Paris, on me fait confiance en tant que milieu de terrain avec quand même pas mal de tâches défensives. Mais le coach insiste sur le fait que je peux apporter plus offensivement et que je dois me lâcher. À Lille, j'ai joué en 10 ou en 9 et demi, c'était agréable, c'était même idéal. À Paris, je suis comme un numéro 8", résume-t-il. Une blessure à un mollet à la fin du mois d'août, dans la foulée d'une prestation décevante lors de la débâcle parisienne à Sochaux (3-1), a gâché le début de saison de l'ancien Lyonnais. Et permis à Clément Chantôme de faire ses preuves, brillamment, au poste initialement assigné à Bodmer. On pouvait même y voir les signes d'une nouvelle saison galère. La 86e minute de ce Lyon-PSG a peut-être changé cette donne.