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Coupe du monde féminine 2023 - "Il peut se rater complètement, ça passera crème" : Hervé Renard, le Mondial peinard ?

Vincent Roussel

Mis à jour 28/07/2023 à 14:38 GMT+2

Débarqué seulement quelques mois avant le début de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande, privé de joueuses majeures, le sélectionneur Hervé Renard bénéficie d’une image beaucoup plus positive que celle qu’il a remplacée, Corinne Diacre. Pour son premier grand rendez-vous avec les Bleues, il ne sera pas trop sous pression, ce qui ne sera pas le cas lors des Jeux l’an prochain.

Hervé Renard, le nouveau sélectionneur de l'équipe de France féminine.

Crédit: Getty Images

Souriant, détendu, il donne le change au sein du Valentine’s Sport Park de Sydney, le centre d’entraînement des Bleues, lors d’une partie de Teqball ou lorsqu’il observe ses joueuses en plein exercice avec le ballon. Hervé Renard, dans l’imaginaire collectif, c'est la chemise blanche. Mais aussi ce sourire "Colgate" qui illustre bien la bonhommie et la sympathie du personnage, dont le caractère et la communication tranche singulièrement avec sa prédécesseure, Corinne Diacre. Le public et les médias trouvaient l'ancienne internationale froide, autoritaire, malgré les quelques tentatives d'humour ou de détente ?
Il est bienveillant, c’est ce qu’il nous fallait
Avec Renard, arrivé seulement en avril à la tête de l'équipe de France, les commentaires dithyrambiques se succèdent. "C’est quelqu’un de très humain, ça se ressent dans notre groupe, il a apporté toute son expérience humaine qu’il a accumulé au cours des dernières années, il est bienveillant et c’est ce qu’il nous fallait", disait par exemple en conférence de presse la défenseure Elisa De Almeida, sous le soleil de Nouvelle-Galles du Sud, à quelques jours de l’ouverture de la Coupe du monde.
"On est très heureuses de l’avoir avec nous. C’est surtout humainement où ça fait la différence. Quand vous avez un meneur d’hommes, comme on dit souvent avec lui, c’est différent et on le ressent", disait également en avril la milieue Léa Le Garrec quand Sandie Toletti, elle expliquait que le nouveau staff "[leur] a envoyé un souffle d’énergie positif, c’est ce qui doit nous amener à nous surpasser et à trouver ce petit quelque chose qui nous manque pour aller dans le dernier carré (au Mondial)".

De l’Arabie Saoudite aux Bleues, une baisse drastique de salaire

"Ça fait toujours plaisir de voir qu’une personne qui vient du football masculin s’intéresse au foot féminin, se réjouit Camille Abily, ex-internationale aux 183 capes en équipe de France. Souvent on a eu des personnes qui venaient parce qu’ils n’avaient pas d’autres projets, peu de choix… Ça n’a pas été son cas", rappelle l’actuelle entraîneure adjoint de l’OL, qui n’oublie pas que Renard a abandonné une position confortable en Arabie Saoudite.
A la tête d’un projet qui avait le vent en poupe, surtout après sa victoire historique face à l’Argentine au Mondial qatarien (2-1), le double vainqueur de la CAN avec la Zambie et la Côte d’Ivoire, qui percevait, selon les estimations, plus d’un million d’euros par an au Moyen-Orient, a fait des efforts considérables sur le plan salarial en rejoignant les Bleues, où il toucherait, au mieux, moitié moins. "Ça montre qu’il a de l’intérêt pour le foot féminin, qu’il a beaucoup de considération, je pense que les joueuses l’ont pris comme cela", poursuit Abily.
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Hervé Renard en discussion avec Vicki Becho

Crédit: Getty Images

De loin, cela pourrait même ressembler à une mission suicide. L’ancien entraîneur de Sochaux et Lille, souvent condamné à briller ailleurs que dans l’Hexagone, et qui cherche désespérément la reconnaissance en France, n’a eu que quelques mois pour préparer ce qui représente pour certains l’opportunité d’une vie. Tout en n’ayant jamais coaché dans le monde du football féminin. Ce qui n’est pas forcément une tare, estime Abily : "Quand on vient du milieu on connait beaucoup les joueuses, il y en a avec qui on a plus ou moins d’affinités… Lui a eu un regard tout nouveau, il repart sur une page blanche".
Très sympa, très charismatique
Hervé Renard charme tout le monde. Même les entraîneurs de D1 Arkema, dont certains soulignent toutefois, en privé, ne pas avoir apprécié la façon de faire lors de l’éviction de Diacre : "il est très sympa, très charismatique", glisse Amandine Miquel, l’entraîneure de Reims. "Nos premiers contacts ont été très intéressants, cordiaux", juge de son côté Yannick Chandioux, actuellement en pleine préparation avec l’équipe féminine de Montpellier.
Quand Corinne Diacre était constamment remise en cause, et s’était notamment accrochée à son poste après l’Euro l’an passé grâce à cette première demi-finale en compétition internationale en 10 ans pour les Bleues, on pourrait donc même lui pardonner, à lui, une sortie prématurée en Australie. "Quoiqu’il arrive, avec le peu de temps qu’il a eu pour le préparer, il ne sera pas jugé dessus", assure Abily. D’autant plus alors que plusieurs joueuses majeures, Marie-Antoinette Katoto, Delphine Cascarino, Griedge Mbock ou Amandine Henry manquent à l’appel, toutes sur blessure.
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Renard sur la blessure de Bacha : "C'est la plus mauvaise nouvelle de la soirée"

Ambitieux, il vise au moins les demi-finales

"Il est tranquille, il peut se rater complètement, ça passera crème, avec un sourire", acquiesce malicieusement Miquel, qui a promis à l’intéressé qu’elle lui paierait un restaurant, "mais seulement s’il gagne le Mondial !". "Il aura eu 4 ou 5 mois, c’est un professionnel, pour moi il a eu le temps de prendre des informations, de regarder comment les autres travaillent, d’analyser ce qui c’était passé. Après gérer un groupe de femmes c’est certainement différent, mais je pense qu’il est en capacité de vite appréhender tout ça, je ne suis pas forcément inquiet", positive Yannick Chandioux.
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Hervé Renard avec ses joueuses

Crédit: Imago

Le tacticien de 54 ans affirme, en tout cas, ne pas être venu aux Antipodes pour passer un mois de vacances : "L’ambition est toujours la même. C’est un groupe qui avait besoin de régénérescence, ça fait partie des stratégies. Est-ce la bonne ? On aura la réponse si on est qualifiés, dans un premier temps, pour les demi-finales de ce Mondial", a-t-il déclaré lors du dévoilement de sa liste début juin.
Les Jeux de Paris, c’est là qu’il ne va pas falloir qu’il se rate
S’il ne sautera pas quoiqu’il arrive au sortir de la compétition, son projet de jeu, son coaching seront scrutés de près : "Les premier choix vont être faits, forcément on sait comment ça se passe dans un groupe : tout est beau, tout est rose pendant la préparation, mais dès qu’on commence…", pressent Camille Abily.
Comme pour souligner que le grand patron de l’équipe de France n’en est qu’à ses premières difficultés. Car l’année s’annonce dense, pour celui qui devra également mener l’équipe de France jusqu’aux Jeux de Paris. "Il aura plus à prouver sur les Jeux Olympiques, c’est là qu’il ne va pas falloir qu’il se rate", insiste Amandine Miquel.
Après des années passées dans la peau des favorites et à échouer bien trop tôt, les Françaises, sur leur sol, devront au minimum ramener une breloque olympique. Hervé Renard, habitué à gagner, parfois même au-delà des espérances, parviendra-t-il à faire opérer une nouvelle fois sa magie ? Il espère le faire avec un an d’avance, ici, dans la fraîcheur du climat Australien.
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