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Coupe du monde féminine - "Je ne savais même pas qu’il y a un Mondial" : à Sydney, l’ambiance monte (très) doucement...

Vincent Roussel

Mis à jour 19/07/2023 à 12:33 GMT+2

Alors que le Mondial féminin débute ce jeudi en Australie et en Nouvelle-Zélande, la Fifa espère toujours battre son record d’audience et d’affluence, en constante progression lors des dernières éditions. À Auckland et ailleurs, la ferveur a du mal à monter, tandis que dans les rues de Sydney, à moins de 48 heures du lancement, l’excitation est pour l’instant plutôt parsemée.

Le stade olympique de Sydney, le 18 juillet 2023

Crédit: Getty Images

La Fifa le promet, ce neuvième mondial féminin, le premier à 32 équipes pour une édition féminine, sera à nouveau une réussite populaire. Après la belle fête (une forte affluence et des chiffres d’audience record) observée il y a quatre ans en France - tellement belle qu’Ada Hegerberg, le premier ballon d’Or féminin de l’histoire, se désolera plus tard du manque de retombée pour la discipline dans l’Hexagone - la Fédération internationale voit pourtant son évènement connaître un engouement modéré pour l’instant, surtout en Nouvelle-Zélande.

Des matches d’ouverture records, mais ensuite…

Après le déploiement d’un drapeau géant au-dessus de l’Eden Park lors d’une opération de communication pour tenter d’attirer les derniers indécis, la Fifa a pu se satisfaire de l’officialisation du record de spectateurs pour un match de football sur la "Terre du long nuage blanc" pour le match Nouvelle-Zélande - Norvège (jeudi à 9h heure française). Mais elle dû se résoudre à organiser la distribution de 20 000 billets gratuits pour garnir les tribunes à Auckland, Dunedin, Hamilton, Wellington et Hamilton pour le reste des réjouissances.
En Australie, en revanche, Gianni Infantino peut s’enorgueillir d’avoir déjà réussi à vendre les plus de 75 000 places commercialisées pour le match d’ouverture des locales, qui vivront un nouveau record d’affluence. Les Matildas joueront face à l’Irlande (à 12h, heure française) à guichets fermés dans l’enceinte de l’Accor Stadium, et espèrent vivre pareille aventure en demi-finale et en finale, également prévues dans le stade qui a été bâti à l’occasion des Jeux Olympiques de Sydney de 2000.
En tout plus d’un million de tickets ont déjà été vendus pour l’ensemble de la compétition, alors que l’Australie accueille son plus grand évènement sportif depuis 23 ans donc. Dès l'arrivée à l'aéroport, les publicités pour le mondial féminin, où trônent notamment Megan Rapinoe et Sam Kerr, sont largement diffusées sur les écrans d'accueil, entre une réclame pour de l’alcool et une autre, inévitable où que vous vous trouviez dans le monde, pour le dernier burger à la mode chez Macdonald’s.
Les médias en parlent de plus en plus depuis quelques semaines
Mahamat, chauffeur de taxi, la trentaine, qui habite depuis dix ans dans la ville du plus célèbre opéra de la planète, s'accorde à dire que les médias australiens "parlent de plus en plus de la coupe du monde depuis quelques semaines". Sur les sites des plus grands médias, ou sur Channel 7, une chaîne de télévision locale, les sujets ou spots consacrés à l’évènement se multiplient effectivement. Même si, dans le journal télévisé, on s’attarde plus sur la reprise des discussions commerciales avec la Chine et sur la vague de chaleur en Europe que sur les exploits à venir de la Lyonnaise Ellie Carpenter et ses coéquipières. Mahamad, lui, s'intéresse au football masculin, mais ne semble pas transporté par l'événement : "j'avoue que je ne connais pas trop les joueuses et que je suis pas les résultats".
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Promotion de la Coupe du monde féminine au stade olympique de Sydney, le 18 juillet 2023

Crédit: Getty Images

Ça ne va pas empêcher cet homme originaire du sud de l’Inde de regarder les rencontres des Matildas, "mais ce sera depuis mon portable, grâce aux streams, car je serai en train de travailler le soir", dit celui qui enchaîne les journées de travail de 16h à 4h du matin. "Il faut bosser dur ici, la vie est chère, un peu trop", se lamente-t-il, reprenant un ton plus enjoué quand on lui parle de cricket, le sport le plus populaire aux Antipodes avec le rugby et le football australien. "Ne dites pas aux Australiens que leur équipe est moins bonne que celle de l'Inde, ça les offenserait ! Même s'ils adorent Virat Kohli", une superstar (indienne) de la discipline, conseille-t-il.
Ça commence quand, déjà ?
La France, qui a cédé vendredi dernier face à l’Australie en préparation devant 50 000 spectateurs à Melbourne, sait qu’un élan va emporter les joueuses de Tony Gustavsson dans les jours à venir. En ville, dans le quartier de Darlinghurst, non loin de l’Allianz Stadium, où les Bleues débuteront leur Mondial face à la Jamaïque, les signes qu’une Coupe du monde va se lancer dans quelques heures sont toutefois très peu présents, malgré la piqûre de rappel de quelques panneaux publicitaires.
"Je ne savais même pas qu’il y avait un Mondial qui débutait, mais bon je ne suis pas très sport", s'excuse Rebecca. Elle s’explique quand même, pointant du doigt le manque de médiatisation dont souffre, en Australie aussi, le sport féminin en général. "Je ne lis pas les journaux et je ne regarde pas la télé, mais je n’ai pas vu beaucoup d’affiches en ville ou dans le métro", indique Jordan, un Français établi en Australie depuis trois mois, lui non plus pas un grand fan de ballon rond. "Mais ça ne m’étonne pas, le football ne doit être que le quatrième sport le plus suivi ici".
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Le stade olympique de Sydney, le 18 juillet 2023

Crédit: Getty Images

Au Dear Saint Héloise, un restaurant qui sert de nombreux vins (certains francais), nommé en référence au roman "Down and out in Paris and London" de George Orwell ("Dans la dèche à Paris et Londres", en version française) on n'est pas mieux informé : "Ça commence quand déjà ?", demande l'un des serveurs, peu loquace sur le sujet car très peu porté sport, lui aussi. "Je n'ai vraiment rien remarqué de particulier en ville", lâche le barman, né à Sydney mais trop jeune pour pouvoir vraiment comparer l'avant-compétition aux Jeux de Sydney.
Ici le football est un sport de niche
De l’autre côté de la ville, au Tumbalong Park, où les ouvriers installent les derniers préparatifs, Gelley, une des personnes en charge de l’organisation de la fan zone qui peut accueillir un peu plus de 5000 personnes, sans compter les 3000 places de l’annexe, se montre évidemment plus enthousiaste : "Je sens que ça prend doucement, je m'attends à une grosse ambiance, mais pour l'instant les gens ne se sont pas encore réveillés, j'en ai encore croisé certains qui se sont exclamé lorsqu'ils ont réalisé que le match était jeudi soir", narre ce quarantenaire qui ne manquera pas de suivre la compétition.
Alentours, dans les rues, on a vu autant de personnes portant un maillot de Liverpool que celui de Sam Kerr, la redoutable avant-centre des locales. "Je pense qu'il va y avoir un effet de curiosité, que les gens vont se passionner au fur et à mesure que la compétition va se dérouler, et que beaucoup de ceux qui habitent ou travaillent ici vont venir voir les matches", enchaîne Gelley en désignant les imposants buildings qui entourent le parc.
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Sam Kerr lors de Australie - Espagne en Coupe des Nations à Sydney, le 19 février 2023

Crédit: Getty Images

Charlie, à peine plus de 20 ans, est plus pragmatique, alors qu’il adore pourtant le football. "J'y ai joué toute ma vie", raconte-t-il. La conversation ne dure pas très longtemps avant que celui-ci ne cite Kylian Mbappé, en apprenant que son interlocuteur est français. "Ici le football est un sport de niche, ça va être le feu à quelques endroits, mais sinon..."
S’il n’a pas pu se procurer de billets pour aller voir son équipe jouer depuis les tribunes, il compte regarder tous les matches à la télé, car il croit dur comme fer que l'heure des Matildas est arrivée. "C'est la première fois qu'on a une bonne chance de l'emporter. Chez les hommes, il y a eu un bon résultat lors du Mondial (au Qatar, avec la défaite 2-1 en 8e de finale, NDLR), mais on s’est encore arrêté tôt. Cette fois, je suis confiant", lance-t-il, ajoutant qu'il attend beaucoup de la superstar nationale :
"Sam Kerr va porter l'équipe jusqu'au bout". Et peut-être déclencher, dans les semaines à venir, une véritable vague de soutien derrière l'équipe féminine. Qui se propagera au reste de la compétition ?
De notre envoyé spécial,
Vincent Roussel
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