4-2-3-1, parti pour durer?

D'abord, une surprise. Abou Diaby titularisé aux dépens de Florent Malouda. Ensuite, un brin de stupéfaction. Le 4-3-3 a disparu et laissé place à ce bon vieux 4-2-3-1 qui a présidé aux destinées des Bleus ces dernières années et que l'on croyait rangé au placard. Raymond Domenech l'a pourtant ressorti vendredi, à l'occasion de l'entrée en lice de l'équipe de France face à l'Uruguay. Même si le sélectionneur n'en est pas à son premier contre-pied, il fut assez étonnant de revoir Gourcuff en meneur de jeu axial dans un schéma à deux récupérateurs. Les joueurs, eux, le sentaient venir. Mais n'avaient pas été clairement prévenus. "Ça ne nous a pas surpris, a confié Patrice Evra après le match. On a travaillé avec un autre système certes, mais on le sentait." Abou Diaby a ajouté qu'il savait que les deux options coexistaient toujours et que le retour au 4-2-3-1 était une "éventualité".

Pourquoi avoir exclusivement travaillé le 4-3-3 durant la préparation pour tout balayer d'un revers de la main la veille au soir, voire le matin du match ? Préparer les deux options, au risque de voir l'information échoir dans les oreilles uruguayennes, n'aurait-il pas été plus efficace ? Les voies du sélectionneur restent impénétrables, même si celui-ci s'est défendu en assurant que le système n'avait "pas complètement changé". "On a juste adapté l'organisation" a-t-il précisé. Ne lui en déplaise, c'est un peu plus que cela, même si ce retour au classicisme n'a pas posé problème aux joueurs, de leur propre aveu. "Nous sommes habitués à jouer dans ce système-là. Je ne pense pas que cela nous ait perturbés", a justifié Gourcuff.

En décidant de revenir à un système à deux milieux défensifs, Raymond Domenech a d'abord travaillé dans l'immédiateté, voire l'urgence, pour mettre à mal l'animation offensive uruguayenne. "On voulait s'adapter à Forlan qui décroche souvent entre les lignes", a expliqué le capitaine des Bleus, Patrice Evra. Autre avantage, et non des moindres, "avec ce système, quand tu commences une compétition, tu pars sur des bases solides" a analysé le même Evra."Tu te sens costaud et tu ne te fais pas bouger". Le capitaine n'enterre pas le 4-3-3 pour autant. "Je ne suis que le capitaine, pas l'entraîneur. Ce système a d'abord été mis en place par rapport à l'adversaire. On peut changer..."

Changer, cela voudrait dire repasser à un seul récupérateur alors que c'est le secteur de jeu qui a le mieux fonctionné vendredi soir. La paire Toulalan-Diaby a montré de belles choses, les deux joueurs étant hautement complémentaires. Revenir au 4-3-3, cela signifierait également "sacrifier" Gourcuff d'une certaine manière. Si le Bordelais n'a pas été au niveau escompté vendredi, il a tout de même été plus en vue et plus à l'aise dans ce rôle qu'il connait et apprécie. "J'ai plus de sécurité à ce poste. Je peux mettre plus de mouvement quand on a le ballon pour jouer vite." Si Gourcuff se sent mieux, pas sûr que Ribéry y ait trouvé son compte. Meilleur français lors de la préparation, l'ancien Marseillais n'a pas existé et le jeu, qui penchait exclusivement à gauche, s'est brusquement rééquilibré, statistiques à l'appui : 32% des ballons français sont passés par la gauche, contre 34 à droite. On pourrait s'en réjouir. Mais il faudrait occulter le résultat final de ce France-Uruguay (0-0) qui, en définitive, a posé autant de nouvelles questions qu'il n'a apporté de réponses.