Allemagne: besoin d'impact

Avec sept finales et trois sacres à son palmarès (1954, 1974, 1990), l'Allemagne est un poids lourd du football mondial. Et tout porte à croire qu'elle sera encore au rendez-vous en Afrique du Sud pour tenter de remporter son quatrième trophée.  Lors des qualifications, la Mannschaft a impressionné en sortant brillamment en tête du groupe 4 devant la Russie grâce à un grand Michael Ballack et un Miroslav Klose prolifique (7 buts). Problème : elle devra cette fois se passer de son capitaine Ballack, la faute à un vilain tacle de Boateng en finale de la FA Cup. Avec également l'absence de leur gardien René Adler et de l'espoir Simon Rolfes, les Allemands se retrouvent diminués. Mais les finalistes du dernier Euro 2008 sont suffisamment armés pour faire face. Lahm, Schweinsteiger, Klose ou Podolski sont prêts à prendre la relève sous les ordres du charismatique Joachim Löw. En match amical, ils n'ont concédé qu'une courte défaite face à l'Argentine (0-1) en mars dernier. Depuis, ils ont déroulé face à Malte (3-0), la Hongrie (3-0) et la Bosnie (3-1). "L'Allemagne a été couronnée de succès par le passé et les succès donnent des ailes aux générations qui suivent", a prévenu Philipp Lahm.

Entre les deux favoris du groupe, le match vaudra le détour. Disputé lors de la dernière journée du premier tour, il pourrait même être décisif pour qualification ou la première place du groupe. Sans les deux stars de Chelsea Ballack et Essien, l'affiche a perdu un peu de saveur. Mais les deux formations, finalistes du dernier grand tournoi sur leur continent respectif (Euro et CAN), possèdent suffisamment de qualités pour se montrer au niveau. En tout cas, les Black Stars devront l'être s'ils veulent atteindre de nouveau les huitièmes de finale.

L'Allemagne, 6e au classement FIFA, pèse de tout le poids de son histoire dans ce groupe. Avec le Brésil, elle est la nation qui affiche le plus grand nombre de participations en phase finale de la Coupe du monde. Le Ghana, s'il pointe seulement au 32e rang mondial, est la valeur montante du football africain. Avec la Serbie (18e) et l'Australie (20e), les quatre équipes engagées sont promises à une lutte serrée. Ça n'est d'ailleurs pas un hasard si elles ont toutes terminé en tête de leur poule lors des qualifications.

Historiquement, il existe une grande rivalité entre l'Allemagne et la Serbie. A l'époque, on parlait encore de la Yougoslavie ou de la Serbie-Monténégro. Au total, les deux nations se sont affrontées à 27 reprises. Et la balance penche clairement en faveur de la Mannschaft avec 16 victoires contre 4 nuls et 7 défaites. Le match Allemagne-Yougoslavie (4-1) et le doublé de Matthäus lors du Mondial 1990 resrent dans les mémoires. Pour le reste, les hommes de Joachim Löw évolueront en terrain inconnu puisque qu'ils n'ont affronté qu'une fois le Ghana (victoire 6-1) et deux fois l'Australie (deux victoires). Les Socceroos partiront également avec un léger avantage sur le Ghana avec quatre victoires et un match nul au compteur.

Attention, ça va déménager. Avec les Allemands, les Ghanéens, les Serbes ou les Australiens, il y a aura de grands gabarits dans ce groupe. De la taille et du muscle. On pourrait d'ailleurs assister à quelques matches fermés. Le Ghana, entraîné par le Serbe Milovan Rajevac, déploie un jeu européanisé, bien loin des stéréotypes sur le football ouvert des pays africains. De leur côté, les Socceroos sont toujours aussi rugueux. Si le fait de passer de la zone Océanie à la zone Asie lui a permis de progresser, l'Australie reste très critiquée chez elle par le jeu défensif de son sélectionneur néerlandais Pim Verbeek. Finalement, l'Allemagne et la Serbie s'annoncent comme les équipes les plus spectaculaires de ce quatuor.

Seul homme à avoir entraîné le Real Madrid, Barcelone et l'Atletico Madrid, Radomir Antic s'est forgé une réputation d'homme de crise en Espagne. Pourtant, en 2004, il ne parvient pas à sauver le Celta Vigo. Quand la Serbie vient le chercher après l'échec de Javier Clemente en éliminatoires de l'Euro 2008, cela fait donc quatre ans qu'il n'a pas de club. Mais la magie opère toujours. Réputé pour diriger ses équipes d'une main de fer, Antic a aussitôt remis de l'ordre dans une sélection minée par l'individualisme et l'indiscipline. Les résultats ont rapidement suivi et la Serbie a contre toute attente terminé en tête de son groupe éliminatoire devant la France et la Roumanie. Tout un peuple espère désormais qu'il pourra encore faire des miracles lors de la Coupe du monde. Dans un groupe où les deux favoris ont perdu leurs stars, Vidic et compagnie pourraient bien jouer les troubles-fête.