Malouda se lâche enfin

Florent Malouda est l'un des rares Tricolores à accepter de s'exprimer sur le fiasco de l'équipe de France, lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud. Dimanche sur France 2, il avait regretté que "l'extra-sportif ait pris le pas sur le plaisir de jouer, d'être en Afrique du Sud pour une compétition historique". Quelques jours plus tard, il s'est livré un peu plus dans L'Equipe Mag. Le Guyanais ne s'étend pas sur l'affaire du bus ("Sur le coup il y avait unanimité. Avec le recul, je reconnais que c'était une erreur", explique-t-il), l'histoire Nicolas Anelka ou encore la taupe. Mais il livre ses impressions sur l'ère Raymond Domenech. Sans concession. Visiblement, la façon de faire du sélectionneur tricolore n'était pas vraiment de son goût. Le Guyanais regrette ainsi "une méthode de travail, qui deux fois de suite, a conduit à un échec dans une grande compétition. Une continuité qui s'est transformée en descente aux enfrers"

Le fonctionnement des Bleus lui reste ainsi en travers de la gorge. Visiblement, il n'était pas à la hauteur : "Les joueurs qui évoluent à Chelsea, Barcelone, Arsenal, Munich ou Lyon ont besoin d'un contexte de haut niveau pour s'épanouir", lâche-t-il. Un amateurisme qui rendait l'atmosphère de l'équipe France pesante pour lui: "Je vivais mal la différence entre le fonctionnement de la sélection et celui d'un grand club comme Chelsea. À chaque convocation avec les Bleus, je replongeais dans les histoires négatives, les mauvaises vibrations. Il n'existait aucune protection. On parlait de tout sauf football".

L'autre point noir pour Malouda ? Les rapports avec Raymond Domenech, avec qui il avait déjà entretenu des rapports compliqués après l'Euro 2008. Alors que la presse a évoqué des pressions des joueurs pour changer de système et que Roselyne Bachelot a parlé d'un "sélectionneur sans aucune autorité", Florent Malouda n'est pas du même avis. Il dresse le portrait d'un Domenech fermé à toute discussion, sans jamais le citer. "On n'essayait même pas d'aller voir le coach pour lui parler tactique, système de jeu, 4-3-3 ou 4-2-3-1... C'était : "Tu te mets là et tu fais pas d'histoires." On ne cherchait pas d'explications. En sélection, je n'ai jamais ressenti qu'on tenait compte de mon acquis en club. Comme les autres, j'essayais d'être bon et c'est tout."

S'il se lâche un peu plus, Malouda reste mesuré. Alors à quand le grand déballage ? Pas pour tout de suite. "Quel est mon intérêt de livrer mes états d'âmes ?", interroge l'ancien Guingampais qui rappelle qu'il a déjà "payé pour savoir qu'il vaut mieux se taire sous peine d'en prendre plein la gueule." Une référence à sa mise à l'écart après ses déclrations sur l'échec de l'Euro 2008. Il ajoute toutefois une nouvelle pique à Domenech : "Il y a des dirigeants et un entraîneur qui doivent dévoiler leur analyse. Je refuse de me substituer au sélectionneur. Demandez-lui s'il est fier de son travail". A 30 ans et du haut de ses 57 sélections, l'ancien Lyonnais ne compte pas tourner la page avec les Bleus. Juste refermer un chapitre. Et il espère beaucoup de Laurent Blanc, le futur sélectionneur : "Pour l'heure, j'ai une boule au ventre (...) J'espère que des rapports humains constructifs seront instaurés", glisse-t-il. "L'important est d'en venir à un fonctionnement normal, tendu vers la performance. Le sélectionneur doit exprimer sa façon de diriger, sa stratégie. Les joueurs ont besoin d'être confrontés à un chef".