Cabella, Berbatov, Aduriz... do Brasil

Du haut de ses 33 ans, le Bulgare n’a peut-être plus le coup de rein pour prendre de vitesse toute une défense. De toute façon, il n’a jamais été très rapide. Mais techniquement, quel régal ! Dimanche, l’ancien buteur de Fulham, Manchester United et Tottenham a étalé sa classe. Sur une ouverture millimétrée de Moutinho, Berbatov a d’abord réussi une merveille de contrôle orienté. Il a alors levé la tête. Vu Valère Germain, son compère de l’attaque monégasque, dans la surface. Et vu, surtout, le positionnement de David Ospina. Le gardien niçois s’est avancé, pour boucher son premier poteau. Malgré l’angle fermé, Berbatov a tenté un lob astucieux, tout en toucher, de l’extérieur du pied droit. Il l’a réussi : le ballon est venu se loger dans le petit filet opposé. L’a-t-il fait exprès ? Franchement, peu importe. C’est sublime.

A ceux qui affichaient leur scepticisme quand il a débarqué sur le Rocher cet hiver, Berbatov apporte une réponse statistique. Le but inscrit dans le derby azuréen est déjà son troisième en Ligue 1. Son troisième en six titularisations. Ajoutez à cela une passe décisive pour Valère Germain, à Lyon (2-3), et trois autres réalisations, en Coupe de France. Au-delà de ce rendement, plutôt convaincant pour un attaquant que l’on disait en préretraite, le Bulgare s’est surtout merveilleusement fondu dans le collectif monégasque. L’absence longue durée de Falcao a facilité son adaptation. Désormais, le titulaire indéboulonnable aux avant-postes, c’est lui. Le plus souvent épaulé par Germain, dont le profil, plus remuant, se complète parfaitement avec celui de Berbatov.

Malheureusement, aucune. La Bulgarie n’ira pas au Brésil. La sélection de Liouboslav Penev a échoué à la 4e place du groupe B dans les éliminatoires, derrière l’Italie, le Danemark et la République tchèque. Ensuite parce que Berbatov a tiré un trait sur la sélection depuis quatre ans. Malgré de nombreux appels du pied, il n’y est jamais revenu. Dommage pour la Bulgarie : Berbatov, c’est 49 buts en 78 sélections.

On joue depuis vingt-six minutes au Moustoir. Lorient et Montpellier sont dos à dos. Quand soudain, Rémy Cabella prend le ballon à quarante mètres du but breton. Le numéro 10 héraultais accélère plein axe. Efface Grégory Bourrillon d’un crochet. Humilie Wesley Lautoa d’un petit pont à l’entrée de la surface. Et décoche une frappe puissante, qui vient se loger sous la barre de Fabien Audard. Cabella signe un nouveau bijou. Quand le meneur de jeu montpelliérain marque, il y met souvent la manière.

Depuis que Younes Belhanda a quitté le MHSC, il a toutes les clés du jeu héraultais. Et son influence, grandissante, se traduit en chiffres. En un an, les statistiques de Cabella ont quasiment doublé : 13 buts en L1 cette saison, contre 7 à l’issue du précédent exercice. Mais s’il a gagné en efficacité devant le but, l’international Espoirs est toujours aussi précieux dans la dernière passe. Déjà cinq offrandes depuis le mois août, soit une de moins que l’an passé. Son probable départ, l’été prochain, laissera un grand vide.

Au regard de ses performances, ses chances d’aller au Brésil existent. Mais elles sont plutôt minces. Cabella brille en Ligue 1. De là à prétendre qu’il a le niveau international…  Dans un registre différent, sans doute plus compatible avec le 4-3-3 de Didier Deschamps, Antoine Griezmann ou Alexandre Lacazette semblent avoir une longueur d’avance. Eux ont déjà porté le maillot bleu. Et déjà goûté aux joutes européennes. A moins d’un coup de théâtre, Cabella ratera l’avion du mois de juin. Mais dans deux ans, il sera sûrement dans le bon wagon. Celui de l’Euro 2016.

L’inspiration est grandiose, la réalisation sublime. Il n’aura manqué qu’un zeste de réussite à Aritz Aduriz pour inscrire l’un des buts de l’année. Sur un centre venu de la droite, l’attaquant de Bilbao ne s’est pas posé de question et effectué un somptueux retourné à 10 mètres des cages de Pinto. Le gardien intérimaire de Barcelone était cloué sur sa ligne, tout heureux de voir le ballon s’écraser sur son poteau gauche. Ce geste de classe méritait un meilleur sort, ce qui aurait évité la défaite de son équipe (2-1).

Aritz Aduriz est devenue l'une des grandes stars de l'Athletic Club Bilbao cette saison. Appelé à remplacer Fernando Llorente parti à la Juventus, le buteur basque remplit le contrat à merveille. Au point de voir son équipe lutter pour une qualification en Ligue des Champions, impensable en début de saison. Avec 16 buts et 8 passes décisives, il réalise une saison pleine. Impliqué sur plus de 40% des buts de son équipe, il est un élément incontournable du dispositif de Valverde où son association avec l’ailier Markel Susaeta fait trembler les défenses adverses.

Avec une seule sélection en 2010, Aduriz a disparu des radars de la Roja. Son retour en forme se fait au meilleur moment et ses statistiques plaident en sa faveur. Un seul Espagnol a un compteur buts plus garni : Diego Costa. De plus, les têtes d’affiche habituelles Fernando Torres, Alvaro Negredo et Roberto Soldado sont loin de se rendre indispensables.  A 33 ans, le natif de San-Sébastian peut apporter son expérience, sa grinta et son sens du sacrifice. Crédible comme alternative.