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De Garrincha à Allann Delon, de Vampeta à Tostao, petite histoire du surnom dans le foot brésilien

Laurent Vergne

Publié 07/07/2014 à 08:19 GMT+2

On pourrait y passer des heures. Des jours, même. Parcourir l'histoire des surnoms des joueurs brésiliens, c'est parcourir l'histoire du football auriverde. Tour d'horizon par thèmes. Histoire de s'y retrouver un peu…

Garrincha est l'un des surnoms les plus célèbres du football brésilien

Crédit: Imago

La thématique animalière : une valeur sûre

Un grand classique et une grande tradition. Le plus célèbre, évidemment, c'est sans doute Garrincha, ce petit oiseau que l'on trouve au Brésil, insaisissable et épris de liberté qui se laisse mourir quand on l'attrape. "Insaisissable et épris de liberté". Impossible d'imaginer meilleure définition pour ce diable de dribbleur, devenu une des plus grandes légendes de l'histoire du football. Mais pas besoin d'être une légende. L'apelido, terme portugais pour "surnom", touche le génie comme le médiocre, la star comme le presque anonyme. Il n'est pas nécessaire d'être célèbre pour posséder une caractéristique susceptible de vous coller à la peau sous forme de surnom.
Ainsi, peut-être avez-vous entendu parler de Claudio Pittbull, l'ancien attaquant du Grêmio, qui a beaucoup bourlingué, jusqu'en Roumanie ou en Turquie? Ce surnom, il en a hérité sur le tard, à 22 ans, et lui a été donné par l'ancien entraîneur du Grêmio, Antonio Lopes. Jusqu'alors, il était Claudio Mejolaro. Mais Pitbull lui colle tellement à la peau qu'il semble toujours s'être appelé ainsi. Un peu comme si Zamorano s'était appelé Ivan Hélicoptère. Au rayon animal, vous trouverez vraiment de tout. Des joueurs qui s'appellent Abelha (abeille), Piolho (Pou) ou encore… Ganso. L'oie. Oui, Ganso, l'ancien partenaire de Neymar à Santos, qui compte 7 sélections en équipe du Brésil, s'appelle en réalité Paulo Henrique Chagas de Lima. Dans son cas, il est notable qu'il a choisi lui-même ce surnom, parce que son entraîneur chez les moins de 18 ans avait baptisé le groupe "le troupeau d'oies".
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Ganso sous le maillot du Sao Paulo FC

Crédit: Panoramic

Les caractéristiques physiques : parfois cruelles

Une particularité? Un petit défaut? Un air bien spécifique ? Il n'en faut parfois pas davantage pour vous retrouver affublé d'un sobriquet qui ne vous quittera plus jusqu'à la fin de vos jours. Là encore, il y a un peu de tout. Comme Douglas Tanque (le tank), l'attaquant de Guaratinguetá. 1,89m et 95 kg, il faut dire… Citons aussi trois exemples célèbres via trois joueurs beaucoup plus connus. Tostao, d'abord. Le magnifique attaquant de la mythique Seleçao 1970. Personne ne serait sans doute pas capable de citer son vrai nom en entier: Eduardo Gonçalves de Andrade. Pour tout le monde, il est Tostao. Tostao, c'est la pièce de monnaie. Il a été surnommé de la sorte par ses coéquipiers à ses débuts parce qu'il était le plus petit (il mesurera 1,72m à l'âge adulte).
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Tostao

Crédit: Imago

Moins affectueux, Vampeta. Quand il a perdu ses dents de lait à 6 ans, le futur milieu de terrain du PSG ressemblait, parait-il, à un vampire. Alors ses camarades l'ont surnommé Vampeta, contraction de deux mots portugais, vampiro (vampire) et capeta (diable) parce qu'ils le trouvaient laid comme le diable. Cela a donné Vampeta. Cruel. Sympathique à porter. Quant à l'ancien milieu de terrain du Napoli et du Brésil lors des Coupes du monde 1986 et 1990, Alemao, il doit son nom de joueur à son apparence. Parce qu'il n'avait rien d'un Brésilien avec son teint bien pâlichon digne d'un gringo en vacances à Copacabana, il a été surnommé "l'Allemand".

L'emprunt : Footballistique, mais pas seulement

La référence à une personnalité connue a également longtemps été une tradition dans le football brésilien. Un des cas les plus fameux est sans doute Luis Antonio Correa da Costa, que vous avez peut-être connu sous le nom de Luis Muller, si vous avez plus de 30 ans. Muller a disputé pas moins de trois Coupes du monde avec la Seleçao et il était même titulaire en 1986 et 1990. Son appellation de joueur, il la doit au plus illustre des Müller, Gerd, alias Der Bomber.
Mais la source d'inspiration n'est pas toujours footballistique. La preuve avec Roberto Carlos. Et dans son cas, tout s'est joué à la naissance. L'ancien joueur du Real Madrid a été baptisé Roberto Carlos da Silva Rocha en hommage au "vrai" Roberto Carlos, chanteur et compositeur né en 1941, sorte de Johnny Halliday brésilien, dont la maman de l'arrière gauche était une inconditionnelle.
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Roberto Carlos

Crédit: Panoramic

Parfois, cela va même encore plus loin. Beaucoup trop loin. Né en 1979, un joueur a fait les beaux jours de l'Esporte Clube Vitoria au début des années 2000, en première division brésilienne. Son nom vous évoquera peut-être quelque chose : Allann Delon. Oui, avec deux "l" et deux "n" à Allann, mais peu importe. On vous épargnera l'explication de la référence. Lui aussi a hérité de ce patronyme à la naissance. Maman, sans doute, encore... "Je n'ai pas les mêmes yeux que lui mais moi aussi j'ai du succès avec les filles", a un jour confié l'attaquant, qui poursuit à 35 ans sa carrière en quatrième division.

Le personnage fictif : Pas toujours avantageux

Si la référence peut être celle d'une personne ayant existé ou existant toujours, elle peut aussi provenir d'un personnage fictif. Dans cette catégorie, on retrouvera bien évidemment Hulk, l'attaquant de la Seleçao actuelle. Un tout jeune joueur de 22 ans au Brésil est en train de se faire une joli cote non par ses performances sur le terrain mais parce qu'il s'appelle Yago… Pikachu. Carlos Dunga a beau avoir eu le privilège de soulever la Coupe du monde 1994 en tant que capitaine de l'équipe du Brésil, son nom de scène n'a rien de flatteur. Dunga, c'est le nom en portugais d'un des sept nains de Blanche Neige. Lequel? Simplet. Simplet a donc été capitaine du Brésil avant d'en être le sélectionneur. A méditer.
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Dunga

Crédit: AFP

L'origine géographique

Dis-moi d'où tu viens, je te dirais comment tu t'appelles. Parfois, le mieux, pour être sûr de ne pas se tromper, c'est encore de dire de quelle région ou de quelle ville on débarque. Nous avons évoqué par ailleurs le cas des deux Juninho, qui ont émergé à peu près en même temps sur la scène internationale: Juninho Paulista, l'ancien joueur de Middlesbrough, et Juninho Pernambucano, l'ancien Lyonnais. Le premier venait de Sao Paulo, le second de l'état du Pernambouc.
Vous souvenez-vous de Junior Baiano, le libero du Brésil 1998 ? Son vrai nom complet est Raimundo Ferreira Ramos Júnior, mais il venait de la région de Bahia, tout bêtement. Il y a même des origines extrêmement subtiles, moins évidentes. Par exemple, Pato, l'ancien attaquant de l'AC Milan, n'a pas un surnom de type animalier, comme beaucoup le pensent. Pato, c'est le canard en portugais. Mais dans le cas du joueur, il n'a pas été affublé de la sorte parce qu'il marchait de travers ou qu'il chantait mal, mais parce qu'il est né à... Pato Branco.
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2013 Bresil Corinthians Pato

Crédit: AFP

Le meilleur surnom qui... en fait n'en est pas un

Nom: Douglas. Prénom : Maicon. Celui-ci, on le met à part, pour la simple et bonne raison que l'intéressé lui-même lui a tordu le cou. Dommage, c'était peut-être le meilleur de tous. La légende urbaine veut donc que le père de Maicon était un dingue de cinéma et, notamment de Kirk et Michael Douglas. Il voulait donc baptiser son fils Michael Douglas, pour faire d'une pierre deux coups. Mais la personne en charge d'enregistrer la naissance, ne connaissant pas le prénom Michael, l'aurait appelé "Maicon".
L'anecdote a été rapportée en 2002 par Alex Bellos dans son livre sur le football brésilien, qui fait œuvre de référence. Maicon était tout jeune à l'époque et cette histoire l'a suivi jusqu'en… 2010. Là, interrogé par un journaliste, il a détruit le mythe. "Mes parents ne sont pas fans de cinéma, je ne sais même pas s'ils savent qui c'est, a-t-il confié à la Gazzetta dello Sport. C'est marrant parce que c'est vraiment une légende urbaine et tout le monde pense que c'est vrai mais jusqu'ici personne ne m'a demandé si ça l'était". Franchement, il n'aurait dû rien dire. L'histoire était beaucoup mieux telle que tout le monde l'a crue vraie pendant près de 10 ans...
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Maicon lors du quart de finale de Coupe du monde entre le Brésil et la Colombie

Crédit: Panoramic

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