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Jorge Sampaoli est-il le seul maître à bord ?

Antoine Donnarieix

Mis à jour 26/06/2018 à 19:10 GMT+2

COUPE DU MONDE 2018 - Critiqué de façon unanime par la presse argentine, Jorge Sampaoli doit faire face au fait accompli : en deux rencontres du Mondial russe, l'Albiceleste est encore orpheline de victoire. Miraculé mais toujours au bord du précipice avec sa sélection nationale, Sampa voit désormais sa légitimité de sélectionneur perturbée. Un mal pour un bien ?

Jorge Sampaoli (Argentine) lors de la Coupe du monde 2018

Crédit: Getty Images

C'était un match au sommet, une rencontre que de nombreux fans de football attendaient avec impatience. La Croatie contre l'Argentine avec, en guise de cerise sur le gâteau, un duel entre deux numéro 10 aux initiales similaires : Luka Modrić et Lionel Messi. Si le premier est apparu étincelant dans l'entrejeu et récompensé par un but magnifique, le second semblait impuissant au cœur du système établi par son sélectionneur Jorge Sampaoli. Un 4-2-3-1 établi autour de Messi, mais un système inadapté pour tout le collectif argentin, victime d'une lourde chute à Nijni Novgorod (0-3).

Agüero : "Qu'il dise ce qu'il veut !"

Dans la foulée du fiasco, Sergio Agüero apparaissait très émoussé en zone mixte. Visage fermé, le buteur de Manchester City répondait aux paroles de son entraîneur juste après le match, témoignant que son équipe ne s'était pas adaptée au projet de jeu mis en place. La réplique se fait par un cinglant "Qu'il dise ce qu'il veut !" avant de quitter les micros des journalistes dans la foulée. Si la réaction du Kun peut se justifier par un mélange de dépit et de colère, elle signifie surtout une chose : la souveraineté du discours de Jorge Sampaoli se retrouve mise en péril dans ce Mondial. Un tournoi que l'Argentine de Messi pensait quitter prématurément...
Sergio Aguero (Argentine) lors de la Coupe du monde 2018
Bien sûr, tout ce quilombo (bordel, en VF) autour de Croatie-Argentine s'est produit avant de connaître le résultat final entre l'Islande et le Nigéria. Grâce à la victoire des Super Eagles le jour suivant (2-0), l'Argentine peut croire à une incroyable qualification et doubler ses deux concurrents à la dernière journée pour terminer deuxième derrière l'intouchable Croatie. Un joker dont la fédération argentine, menée par son président Claudio Tapia, compte bien profiter. Pour cela, une réunion était prévue entre Tapia et Sampaoli dimanche dernier, afin d'évoquer l'avenir proche de l'Albiceleste.

La fin du 4-2-3-1 sampaoliste ?

Si l'issue de ce rendez-vous a confirmé Sampaoli à la tête de la sélection, Tapia aurait eu une discussion plus approfondie avec le principal intéressé, au-delà du simple rappel de confiance. Trois jours avant le début du Mondial, le président de l'AFA avait déjà protégé l'ancien entraîneur du FC Séville, accusé d'agression sexuelle au sein de sa propre fédération. Cette fois-ci, le son de cloche semblerait un tantinet différent au niveau sportif. D'après les informations du média télévisuel argentin TyC Sports, des cadres de l'Argentine auraient signifié leur désarroi auprès du coach, expliquant que la tactique mise en place depuis sa prise de poste ne trouverait pas un équilibre satisfaisant.
Très méticuleux dans son schéma en 4-2-3-1, Sampaoli établit des choix contestés au vu de ses résultats, à commencer par sa paire de milieux centraux. Contre l'Islande, El Pelado (Le Chauve, en VF) avait aligné le duo Mascherano-Biglia pour débuter le Mondial, soit un tandem à 33 ans de moyenne d'âge. Bis repetita contre la Croatie, avec cette fois l'association Mascherano-Enzo Pérez. À chaque fois, Sampaoli se prive de titulariser Éver Banega, plus jeune et surtout plus habile dans la construction offensive. Rentré en cours de jeu contre les Islandais, Banega est ensuite resté sur le banc face aux Croates. Un choix tactique que l'effectif argentin ne comprend pas, entre autres.
Jorge Sampaoli (Argentine) lors de la Coupe du monde 2018

Fazio, Banega, Armani : l'art d'admettre ses torts

Pour poursuivre son aventure en Russie, l'Argentine dépend aussi d'une condition non-négligeable : la fin de l'entêtement de Sampaoli, obnubilé par le fait d'axer sa composition autour du bien-être de Messi. Mais pour avoir un quintuple Ballon d'or en meilleure forme, Sampa ne devrait-il pas laisser sa philosophie de côté et observer comment le Barça d'Ernesto Valverde est devenu champion d'Espagne cette saison avec un Leo meilleur buteur de Liga ? La stratégie, c'est un 4-4-2 des plus simples, avec quatre hommes de couloir pour alimenter deux buteurs, dont Messi fait partie.
La première étape pour l'Argentine, c'est laisser Willy Caballero, remplaçant depuis deux ans en club, sur le banc de touche de la sélection. Et à sa place, installer un gardien en confiance comme Franco Armani, titulaire avec River Plate. La seconde étape, c'est de faire revenir l'Argentine aux bases du football : une défense centrale Otamendi-Fazio compatible, deux latéraux de poche comme Tagliafico et Mercado, un milieu à plat Di María-Banega-Lo Celso-Salvio et un buteur supplémentaire pour épauler Messi. Au choix : Agüero, Higuaín ou Dybala. Ce schéma ne sort pas d'un quelconque égo tactique de ma part, il est actuellement utilisé avec succès par la France ou le Portugal, les deux sélections finalistes de l'Euro 2016. Comme quoi, faire simple peut aussi payer.
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