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Bleus - Se contenter de si peu, c'est se voiler la face ou dévoiler sa faiblesse

Martin Mosnier

Mis à jour 27/06/2018 à 17:26 GMT+2

COUPE DU MONDE – Les Bleus se sont cachés derrière leur bilan comptable pour afficher leur satisfaction après la phase de poules terminée en tête de leur groupe. Dans le contenu, les motifs d'inquiètude sont pourtant nombreux...

Didier Deschamps et Antoine Griezmann face au Danemark

Crédit: Getty Images

De quoi se plaint-on ? L'équipe de France est qualifiée pour les 8es de finale de la Coupe du monde. Elle a terminé première de son groupe, sans perdre. Voilà pour le constat froid. Elle a rempli son premier objectif sans jamais vraiment trembler. Tel est peu ou prou le discours des Bleus à l'issue de ces trois premiers matches. L'inverse aurait été étonnant, mais il répond à une vérité. A une certaine forme de vérité pour être tout à fait précis. Sous le vernis, la réalité est beaucoup moins flatteuse. Tout l'enjeu est de se demander s'il faut se contenter du fond sans juger la forme.
Sur les 270 minutes de jeu, une petite trentaine donne pleinement satisfaction : celle qui s'étend de la 15e à la 45e minute face au Pérou. C'est très maigre pour un prétendant au titre, même si la rencontre face au Danemark ne doit pas être jugée de la même manière : l'imposant turnover voulu par Didier Deschamps autant que le scénario d'un match nul qui arrangeait tout le monde a plongé la rencontre dans le formol. Ce n'est pas ce dernier match qui rend ce premier tour laborieux mais l'addition de trois prestations inabouties. A des degrés divers certes, mais inabouties tout de même.

Les Bleus n'ont pas progressé

A titre de comparaison, en 2014, la France ne s'était pas fait mal non plus lors du troisième match de poule face à l'Equateur (0-0). Mais l'orgie offensive face au Honduras (3-0) et à la Suisse (5-2) rendait l'issue de cette rencontre beaucoup plus acceptable. Quatre ans plus tard, le constat est limpide : les Bleus n'ont pas progressé. L'adversité n'était pas plus coriace qu'au Brésil mais les Tricolores ont montré bien plus de limites.
La plus criante d'entre elles concerne l'animation offensive. Ce devait être le point fort de ces Bleus, ce qui devait les amener sur le toit du monde. Trois semaines après le début des hostilités, la déception est immense. En trois matches, la France a inscrit trois buts (dont un penalty et un but contre son camp) et s'est procurée seulement huit occasions franches*. Avec Griezmann, Mbappé, Dembélé, Giroud, Fekir, Lemar et Thauvin, elle possède pourtant l'un des arsenaux offensifs les plus redoutés du monde. Mais Didier Deschamps ne parvient pas à mettre tout cela en musique.

Ne pas se contenter de si peu quand l'appétit est si grand

Difficile de se contenter de si peu quand l'appétit est si grand. La France n'est plus cette nation en reconstruction sur les ruines de Knysna. Elle est vice-championne d'Europe, a connu quelques coups d'éclat, éliminé le champion du monde en titre à l'Euro, semé des promesses sous les pas de ses nouvelles têtes. J'ai écrit tant de fois ici que le salut des Bleus passerait par Antoine Griezmann ou ne passerait pas. Cette phase de poules n'est de ce point de vue pas franchement rassurante. Même s'il a essayé de nous en convaincre mardi soir dans les couloirs du stade Loujniki, il ne peut pas se contenter de cela. Les Bleus non plus. Le parcours de l'Euro, chaotique puis flamboyant jusqu'en finale, ne peut pas servir de bouclier, il ne le doit pas. Se contenter de si peu, c'est se voiler la face, ou dévoiler sa faiblesse. Au choix.
J'avais écrit ici même avant le coup d'envoi face à l'Australie qu'au-delà de la direction, le chemin serait important pour ces Bleus. Qu'ils devaient se fabriquer un souvenir dont on reparlerait dans vingt ans. Qu'il nous fallait du frisson. De l'émotion. De la chair de poule. Jusqu'ici, on a surtout failli piquer du nez. Et ce n'était pas pour rêver.
* (Australie : Mbappé 3e - Pérou : Pogba 12e, Varane 14e, Griezmann 16e, Mbappé 34e, Hernandez 43e, Dembélé 82e - Danemark : Fekir 82e).
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