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Equipe de France - Un an après le titre de champion du monde, l'éternité en 7 actes

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 15/07/2019 à 12:51 GMT+2

COUPE DU MONDE 2018 – Le 15 juillet 2018, l'équipe de France décrochait la lune du côté de Moscou, en battant la Croatie en finale (4-2). Un an après, nos deux envoyés spéciaux Martin Mosnier et Maxime Dupuis se sont remémorés la folle aventure des Bleus. Elle a duré sept matches. Et, à chaque étage de la fusée, un souvenir qui les marqués. Parfois majeur, d’autre fois anecdotique.

Un an après, l'éternité en 7 actes

Crédit: Eurosport

France – Australie, 16 juin 2018 : 2-1

La jeunesse galopante n’a pas couru
Maxime Dupuis
C'est bien connu, Didier Deschamps est un indécrottable conservateur. Cette affirmation en forme d'accusation a été usée jusqu'à la caricature, faisant fi d'une vérité oubliée au fil des matches cadenassés par les Bleus : le 16 juin 2018, quand les Français ont démarré leur aventure mondiale à Kazan, le trio d'attaque tricolore était constitué de Griezmann, Mbappé et Dembélé. Face à l'Australie, compte tenu de la forme de chacun, du bobo à la tête de Giroud et du sens de l'histoire, pensait-on alors, le sélectionneur des Bleus avait donné les clés à la jeunesse galopante. Et donné tort à ceux qui le taxaient d'attentisme. Et puis patatras.
La chaleur étouffante à une heure qui n'est pas faite pour jouer au ballon, la pelouse, trop haute pour aller vite, et, surtout, le peu d'efforts des principaux intéressés ont tout remis à plat. Cette courte et très laborieuse victoire face à l'Australie a cependant et paradoxalement mis les Bleus sur les rails. Grâce à Olivier Giroud, entré en jeu et décisif, mais aussi grâce à un certain Paul Pogba qui, dès ce premier match, avait entamé sa mutation et laissé les fioritures au vestiaire. Ce n'était pas encore une évidence pour tout le monde. Mais c'était un (bon) signe.
L'évidence Hernandez
Martin Mosnier
Avant le sommet, les Bleus sont entrés en Russie par la chatière et il fallait avoir beaucoup d'imagination, ou une foi solidement chevillée au corps, pour imaginer les onze fragiles tricolores de France-Australie soulever la Coupe un mois plus tard. Enfin, huit Bleus fragiles pour être tout à fait précis. Hugo Lloris multipliait déjà les arrêts, N'Golo Kanté se multipliait tout court et… sur le coin gauche de la défense, au milieu de guerriers australiens prêts à tout arracher pour avancer d'un mètre sur le terrain, un jeune loup affamé éclaboussait la rencontre de sa grinta.
Aux côtés de Français paralysés par l'enjeu, Lucas Hernandez labourait son aile avec l'aplomb d'un taulier. Le Madrilène donnait l'exemple avec un engagement sans faille, la bave aux lèvres et commençait à installer une évidence : désormais, ce sera lui le patron de ce côté-ci du terrain. Le point faible est devenu l'axe fort. Hernandez sera le meilleur arrière gauche du Mondial.
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Lucas Hernandez face à l'Australie

Crédit: Getty Images

France – Pérou, 21 juin 2018, 1-0

Lima, capitale de l'Oural
Martin Mosnier
Il faut imaginer un château de cartes de 35 mètres de haut. Et 20 000 Péruviens frustrés par des années d'absence en Coupe du monde hurler et sauter au sommet de cet amoncellement de ferraille comme si leur vie en dépendait. Il faut imaginer ce géant aux pieds d'argile surplomber Ekaterinbourg d'une ombre menaçante. Ce 21 juin, au beau milieu de l'Oural, c'est tout Lima qui a fait le déplacement pour faire corps avec la Bicolor.
L'hymne national est vibrant, puissant comme rarement. L'architecture bancale du stade Central et la ferveur du peuple rojiblanco rend l'instant unique. L'édifice tiendra le coup, les Bleus aussi. L'équipe de France était pleine de talent, elle s'est découvert un caractère dans le cratère d'Ekaterinbourg. Le premier tournant de la compétition.
FIFA 2018 vs Giroud
Maxime Dupuis
Un match de Coupe du monde n'est pas une partie de FIFA. Pour que ça marche, il faut chercher des équilibres qui ont parfois, sur le papier, des airs brinquebalants. DD ne joue pas à la console. Lui, son truc, c'est le terrain. Et quand il a compris que la méthode australienne, audacieuse, n'était pas forcément la plus adaptée, il est revenu aux bases. Blaise Matuidi à gauche, position très avancée, Olivier Giroud, au cœur de la tranchée.
A l'arrivée, on s'est plus régalé à entendre et voir les Péruviens s'époumoner à 14 000 kilomètres de chez eux. Mais le Pérou est un acte fondateur. Parce que si les suiveurs ont été un peu étonnés d'entendre à l'unisson les Bleus dire qu'ils avaient maitrisé leur sujet en seconde période, l'histoire leur a donné raison. A eux, comme à Olivier Giroud, homme des basses œuvres. Un an après, il est d'ailleurs temps de réparer une injustice : le numéro 9 des Bleus a bien cadré un tir durant ce Mondial. Kylian Mbappé est juste allé plus vite que le ballon.

France – Danemark, 26 juin 2018, 0-0

Real politik footballistique
Maxime Dupuis
Une purge à Moscou. Des sifflets qui tombent des tribunes du majestueux Loujniki, ce qui est excessivement rare en Coupe du monde. Et une après-midi pour rien. Surtout pour les supporters français qui avaient rallié la capitale de la Russie afin d'assister à un match du Mondial. On a pensé très fort à eux au coup de sifflet final et à leurs raisons de maudire ce mercredi de non-football, jour du seul 0-0 de la compétition.
Pour ma part, j'ai pensé, plus prosaïquement, que l'essentiel était fait et que les tirs à boulets rouges n'avaient pas lieu d'être. Pourquoi être inquiet ? Cette équipe, bâtie en fonction des besoins de chacun, en termes de temps de jeu et de récupération, n'avait d'autre mission que d'assurer la première place du groupe. Personne ne s'en est caché. Real politik footballistique. Les perdants de ce France – Danemark furent les joueurs qui n'ont pas su bousculer la hiérarchie. Pas l'équipe de France, qui était déjà bien en place. Ce que l'on ne tarderait pas à comprendre.
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Didier Deschamps et Antoine Griezmann face au Danemark

Crédit: Getty Images

Champions du monde à 11
Martin Mosnier
En cette chaude après-midi moscovite, le temps est déjà à l'orage. Pour l'électricité dans l'air, il faudra en revanche attendre le 15 juillet. La chaleur accablante et le scénario de France – Danemark sont une formidable invitation à la sieste. Plongés dans le bocal de formol, Ousmane Dembélé, Thomas Lemar, Steven Nzonzi, Presnel Kimpembe, Djibril Sidibé, Steve Mandanda et Benjamin Mendy ne saisissent pas l'occasion de bousculer l'ordre établi depuis France – Pérou.
Après ce triste spectacle, hors suspension, Didier Deschamps ne bougera plus son équipe de départ. S'il ne faut pas minimiser le rôle des coiffeurs dans la vie de groupe, la France sera championne du monde à onze sur la pelouse, exception faite d'une quarantaine de minutes convaincantes de Nzonzi en finale. Les entrées en jeu des Nabil Fekir, Florian Thauvin, Corentin Tolisso ne bouleverseront pas le parcours tricolore jusqu'au 15 juillet. Un an plus tard, le constat n'a pas bougé d'un pouce. Les onze finalistes de Moscou ont encore un train d'avance sur la concurrence.

France – Argentine, 30 juin 2018, 4-3

Liliane, les valises et Pavard
Maxime Dupuis
France – Argentine. Quarante-huitième minute. Lloris est sur les fesses. Mercado et les Argentins sont passés devant. 2-1. Score improbable au cœur d'un match appelé à entrer dans les mémoires. A cet instant, votre serviteur se tourne vers votre autre serviteur, Martin Mosnier, et lui dit, tel Georges Marchais à Liliane, "fais tes valises, on rentre à Paris". Si j'ai toujours cru en Didier Deschamps et à ce qu'il voulait faire des Bleus, je pensais sincèrement que le bout du chemin était sur le point d'être atteint. Parce que j'imaginais bien Mbappé, ses grands compas, et ses copains s'empaler sur onze Argentins acculés.
Et puis, l'improbable est arrivé. Les gobelets de bière qui avaient commencé à voler dans les tribunes n'ont pas arrosé grand monde longtemps. Benjamin Pavard, héros improbable d'une après-midi exceptionnelle, est venu reboucher les bouteilles. Et il a aussi poussé Lionel Messi et ses copains vers la porte. Liliane est rentrée à Istra et n'a pas eu besoin de faire ses valises.
Les Bleus coupent le son
Martin Mosnier
Les bières ont volé dans les tribunes albicelestes. L'Argentine hurle :
"Brésil dis-moi que tu sens
Que ton papa est à la maison.
Je te jure que malgré les années qui passent
Nous n’oublierons jamais.
Que Diego t’as fait jongler,
Que Cani t’a vacciné,
Que tu pleures depuis l’Italie jusqu’à maintenant.
Tu vas voir Messi,
On va ramener la Coupe,
Maradona est plus grand que Pelé."
Un chant qui revient comme une obsession dans les rues de Kazan depuis 24 heures. Cette rengaine est la bande originale du plus beau match de la Coupe du monde 2018. Référence directe au 8e de finale du Mondial 1990 remporté par la bande à Maradona face au Brésil, le chant est inventé en 2014 sur les terres auriverdes et refait surface quatre ans plus tard.
Nouveau 8e de finale et ce refrain entêtant est repris par tout le stade à la 48e minute lorsque, contre toute attente, Mercado donne l'avantage aux siens face aux Bleus. Ambiance de corrida, les Argentins agitent tout ce qui leur passe sous la main. Mais, ce samedi, à Kazan, Griezmann vaccinera l'Albiceleste, Mbappé sera plus grand que Messi et c'est finalement la France qui ramènera la Coupe.

France – Uruguay, 6 juillet 2018, 2-0

Froideur et épopée
Maxime Dupuis
Nijni Novgorod. Aux oreilles, ça sonne rêche. Aux yeux, ça ne l'est pas moins. Si un jour, vous passez sur les rives de la Volga, vous n'irez sans doute pas à Nijni Novgorod, ville fermée à l'ère soviétique qui n'est guère plus ouverte alors que le XXIe siècle est déjà bien entamé. Suffit de mettre le nez à la fenêtre pour s'en rendre compte. France – Uruguay fut à l'image de la ville. Fermé. Sans fantaisie, ni couleur et sans trop d'émotions. Mais c'est paradoxalement de cette froideur que s'est définitivement levé le souffle de l'épopée.
France – Uruguay, ce fut aussi un symbole. Non pas Antoine Griezmann, bourreau d'un pays qu'il aime. Mais Raphaël Varane. Avant d'être immense face à la Belgique, il aura été celui qui a montré la voie. De la tête, sur un coup de pied arrêté. Comme à Rio, en 2014. Mais dans l'autre sens. Le bon.
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Nijni Novgorod.

Crédit: Eurosport

Le pâle entre-deux
Martin Mosnier
Quelque part entre l'enivrant France-Argentine et le France-Brésil attendu depuis le tirage au sort, ce France-Uruguay fait figure de pâle entre-deux. Au beau milieu d'une semaine qui n'en finissait plus, ce quart de finale n'avait ni l'éclat de ce qui précède ni de ce qui devait suivre. La fièvre argentine est retombée et ce n'est pas l'avant-match, à peine marqué par l'incertitude qui entoure l'état physique d'Edinson Cavani, qui a ajouté du sel à l'affaire. C'est un curieux sentiment de vivre un quart de finale de Coupe du monde sans les frissons qui accompagnent nécessairement ce genre de rendez-vous. Les 90 minutes n'ont pas franchement modifié mon degré d'excitation.
Ce fut le match le plus maîtrisé de l'été par l'équipe de France et, derrière le Danemark tout de même, le moins mémorable. Une victoire clinique après la folie de Kazan et avant l'affiche ultime pensait-on. Dans les entrailles du stade de Nijni Novgorod, nous étions autant concentrés sur notre travail que sur Brésil-Belgique qui désignerait le futur adversaire des Bleus. Les nombreuses télévisions allumées crachaient l'improbable scénario et les cris de désespoir de nos collègues brésiliens nous ramenaient à la réalité : il a fallu faire son deuil d'un France-Brésil en Coupe du monde. L'excitation aura duré deux petites heures.
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Monsieur Nestor Pitana, lors de France - Uruguay au Mondial 2018.

Crédit: Getty Images

France – Belgique, 10 juillet 2018, 1-0

Un jour, un destin
Martin Mosnier
A quoi tient un destin ? Ce mercredi, à rien. Celui des Bleus a évolué sur un fil ténu durant 90 minutes. Ils ont fini par rejoindre leur destination mais leur futur n'a jamais été aussi fragile qu'à Saint-Pétersbourg face à la Belgique. Un an après le sacre, les souvenirs ont effacé la demi-heure de galère vécue par Benjamin Pavard face à Eden Hazard. Le Belge fut sans doute le meilleur joueur de cette Coupe du monde, le plus régulier en tout cas. Chacun de ses démarrages a mis le héros de Kazan sur les talons en première période.
Une bonne dose de maladresse dans le dernier geste et un grand Lloris ont maintenu la France sur les rails. Mais il s'en est fallu de peu pour que le génial belge enterre les espoirs français et la hype Pavard. Douze mois plus tard, tout le monde se souvient de la volée de Kazan, personne de la galère de Saint-Pétersbourg. La mémoire ne s'embarrasse pas de détail : Pavard était, est et restera un héros de 2018. Et on n'égratigne les mythes.
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Pavard - Hazard lors de France - Belgique

Crédit: Getty Images

Pas un mot plus haut que l’autre
Maxime Dupuis
On n'a rien inventé de pire que la zone mixte : aucun journaliste ne vous dira le contraire. A Londres, Paris, Munich ou Saint-Petersbourg, dans un couloir de parking ou dans une grande salle bordée de barrières qui menacent de s'effondrer sous le poids des envoyés spéciaux tendant micros, dictaphones et désormais smartphones, ces lieux de "rencontre" entre les joueurs et journalistes sont un mal nécessaire. Parce que les regards, captés ici et là, les mots, les attitudes disent beaucoup des acteurs qui répondent (ou non) aux questions.
Ce 10 juillet, ce sont surtout les Belges et leur tristesse aigre qui ont volé la vedette aux Bleus après la demie. Les Français, eux, sont restés d'un calme olympien. Pas un mot plus haut que l’autre. Heureux, ils l'étaient, assurément. On ne se qualifie pas tous les jours pour une finale de Coupe du monde. Au mieux, c'est tous les quatre ans. Et, dans la réalité, c'est rarement deux fois dans une vie. Devant les caméras comme sur le terrain, ils sont restés en mission et n'ont cessé de le répéter. Oubliée l'euphorie de Marseille, deux ans auparavant à l'Euro, après leur victoire face à l’Allemagne. A Saint-Petersbourg, les Tricolores avaient le sourire, évidemment. Mais l'envie et le devoir d'aller plus loin.

France – Croatie, 15 juillet 2018, 4-2

Métro de Moscou, ligne 1 vers l’éternité
Maxime Dupuis
Au palmarès des finales illisibles, France - Croatie trône tout en haut de la hiérarchie mondiale. Surtout cette première période qui a vu les Bleus rentrer aux vestiaires avec deux buts au compteur pour un petit tir tenté. La deuxième période, plus linéaire (à une erreur d'Hugo Lloris près), les a finalement consacrés, alors que les Croates n'avaient plus grand-chose dans les chaussettes. Autant que le match, je retiendrai de ce 15 juillet la ferveur qui a accompagné les Bleus et dont ils n'ont pas eu vent alors qu'ils préparaient leur grand jour. Parce qu'ils ont rallié Loujniki en car. Tandis que la masse de supporters tricolores arrivait par la voie souterraine et le métro.
Fabuleuse réalisation architecturale, dont les atours et les charmes sont plus proches de ceux d’un musée et du calme qui accompagne ce genre de lieu, la ligne 1, celle qui mène au stade, fut prise d'une ferveur bleu-blanc-rouge que je n'aurais jamais pu imaginer. Des chants, des drapeaux, une rame qui brinquebale, ce fut un exceptionnel tremplin vers l'éternité. Dommage que les joueurs ne l'aient pas vu, eux aussi.
Mbappé, déjà dans l'après
Martin Mosnier
Il est arrivé avec son trophée de meilleur jeune sous le bras, un léger sourire en coin. Son apparition a déclenché un furieux mouvement de foule parmi les journalistes et fait céder une barrière à ses pieds. Une frénésie qui tranche avec le calme du bonhomme. Kylian Mbappé vient de marquer en finale de Coupe du monde et, accessoirement, de remporter le trophée ultime. Mais il sort du vestiaire comme s'il venait de jouer une rencontre quelconque de L1 : "Aujourd'hui, je suis très content, il faut continuer parce que j'ai l'ambition d'aller plus loin".
Dans le joyeux foutoir post-victoire, Adil Rami déguste une bonne bière face aux micros, Antoine Griezmann partage son émotion, larmes aux yeux, Presnel Kimpembe, Ousmane Dembélé et Samuel Umtiti dansent et chantent à tue-tête du Vegedream, bien décidés à étirer la nuit moscovite jusqu'à plus soif. Calme, presque impassible, Mbappé voit déjà la suite. Ce n'est pas tout à fait hasard s'il sera l'un des rares à planer sur la saison qui suit et à ne pas affronter la gueule de bois post-deuxième étoile. Rami, lui, n'est toujours pas sorti du tourbillon russe, Kimpembe, Umtiti et Dembélé ont mis du temps à atterrir. Comme souvent, la bombe de Bondy avait un temps d'avance.
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Mbappé et Kimpembe après France - Croatie

Crédit: Getty Images

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