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Fidèle à sa philosophie, l'Angleterre a séduit

Bruno Constant

Publié 19/06/2018 à 15:38 GMT+2

COUPE DU MONDE - De l’envie, de l’intensité, de l’appétit… Les coéquipiers de Harry Kane ont été fidèles à l’idée de jeu prônée par leur guide, Gareth Southgate. Une première encourageante face à la Tunisie, et même emballante par moments.

Manager of England celebrates victory following the 2018 FIFA World Cup Russia group G match between Tunisia and England at Volgograd Arena on June 18, 2018 in Volgograd, Russia.

Crédit: Eurosport

Dans un premier match de Coupe du monde, le résultat est plus important que la manière. Pour l’Angleterre face à la Tunisie (2-1), il y avait l’essentiel - le succès - et un peu de l’accessoire – la manière – aussi. Alors, oui, d’accord, il est difficile de parler d’une pleine réussite quand on arrache la victoire dans le temps additionnel au terme d’une seconde période compliquée qui a vu les Anglais buter sur la muraille tunisienne.
Mais, si on est un brin objectif et honnête, ce résultat ne reflète pas l’immense domination des hommes de Gareth Southgate, qui n’ont jamais cédé à la panique, ont toujours appliqué le projet d’un jeu offensif et au sol. Certes, il y avait peut-être moins de mouvements en seconde période, moins de décalages, moins d’occasions de buts franches mais il y avait eu beaucoup de tout cela lors d’une première période séduisante et emballante.

25,5 ans et 23,5 sélections de moyenne

Trois situations dangereuses lors des quatre premières minutes, un but au bout de la onzième, un penalty, ou plutôt une prise de catch non sifflée sur Kane dans la surface – à quoi sert la VAR ? –, un pressing dans les trente mètres adverses, de l’intensité, une prise de risque assumée avec deux wing-backs, deux milieux offensifs (Alli et Lingard) et deux attaquants (Kane et Sterling)... "C’est peut-être l’équipe qui a démontré la plus grande énergie dans le jeu, avec le Mexique", notait l’ancien Mancunien Rio Ferdinand. L’Angleterre a joué comme l’avait annoncé son sélectionneur, fidèle à la philosophie introduite depuis dix-huit mois par celui-ci. Et c’est même assez bluffant de voir une équipe aussi jeune et inexpérimentée – 25,5 ans et 23,5 sélections de moyenne au coup d’envoi – se lancer dans sa première rencontre de Coupe du monde avec autant d’assurance et si peu de retenue.
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Jesse Lingard (Angleterre) face à la Tunisie

Crédit: Getty Images

Oui, la suite fut compliquée. En grande partie à cause du geste stupide de Walker qui relança les Tunisiens. Oui, la seconde période fut quelque peu poussive. Mais parce que le sélectionneur tunisien a réagi tactiquement, renforcé son milieu, où son équipe était totalement dominée durant les quarante-cinq premières minutes, et demandé à son bloc de jouer plus bas pour réduire les espaces entre les lignes. C’est aussi le propre de l’adversaire de réagir, non ? Mais avez-vous vu les Anglais céder à la panique et balancer pour autant face à une équipe qui défendait à dix dans ses quarante mètres ? Non, pas le moins du monde.

Une véritable identité de jeu

J’ai même lu chez des confrères un étrange constat sur le premier match des Anglais : "Comme les Bleus". Comme les Bleus ? Vraiment ? Décidément, je n’ai pas vu le même match. Et, à choisir, je préfère la performance des "Rouges". Les courses, la variété des appels d’Alli, Sterling et Lingard furent exactement ce qu’on n’a pas vu chez Mbappé, Dembélé et Griezmann, aspirés dans l’entonnoir australien. Cela ne dit pas que l’Angleterre est plus forte que l’équipe de France.
Car, avec un jeu penché à ce point vers l’avant et autant de déchet dans la finition – je pense encore une fois à Sterling, dont la place devrait être clairement menacée par Rashford -, il y aura des moments où, face à une plus grande nation que la Tunisie, les Anglais seront en difficultés, notamment dans le dos de leurs wing-backs, et punis froidement. C’est la dure loi des grandes compétitions. Et je pense notamment au troisième match face à la puissance et à la vitesse des attaquants belges (Lukaku, Mertens, Hazard). Mais c’est aussi le propre de cette équipe de Southgate, bâtie pour grandir durant les quatre années à venir avec une vraie identité de jeu, offensive et enjouée.
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Harry Kane et Gareth Southgate

Crédit: Getty Images

Kane ne tire plus les corners, il marque sur corner…

Il est difficile de revenir sur le premier match de l’Angleterre sans évoquer Harry Kane. Prince Harry continue d’assumer le rôle qui lui est confié, celui de capitaine, leader, buteur et héros en arrachant un succès aussi compliqué que précieux pour la confiance de ses jeunes coéquipiers. Tout ça à 24 ans. C’est bluffant et finalement pas tant que ça pour ceux le suivent depuis cinq ans. L’attaquant des Spurs a toujours affirmé et assumé ses ambitions. On ne marque pas 105 buts en quatre saisons de Premier League pour rien.
En préparant la rencontre Angleterre - Tunisie, je me suis replongé dans les prestations des Trois Lions lors de l’Euro 2016 et notamment ce fameux – ou devrais-je dire ce triste – match face à l’Islande (1-2). Une sortie de route qui avait ridiculisé les Anglais aux yeux de l’Europe mais qui, après avoir vu l’Islande accrocher l’Argentine de Messi à la Coupe du monde, fait un peu moins rire et atténuerait presque l’idée d’un fiasco anglais deux ans plus tôt. J’ai donc revu ce match et la dernière chance anglaise d’égaliser dans le temps additionnel : un corner tiré par… Harry Kane. Oui, en 2016, Harry Kane tirait les corners de l’Angleterre à l’Euro.
En 2018, il marque sur corner – deux fois même – en faveur de l’Angleterre à la Coupe du monde. Cela montre aussi l’incohérence qui a parfois freiné cette équipe anglaise par le passé. Avec Southgate, l’Angleterre ne gagnera peut-être pas davantage mais, au moins, elle est sur la bonne voie et fait plaisir à voir. To be continued…
Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et RFI en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté. Pour approfondir le sujet, retrouvez mon Podcast 100% foot anglais sur l’actualité de la Premier League et du football britannique.
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