Fiasco, divorce, leçon, déclic... l'histoire d'un couronnement résumée en dix dates
Mis à jour 17/07/2018 à 09:09 GMT+2
COUPE DU MONDE – En six ans de mandat, Didier Deschamps et ses hommes ont tout connu. Ils sont passés tout près du précipice à Kiev, ont goûté une frustration extrême à Saint-Denis avant de mettre le monde à leurs pieds à Moscou. Retour en dix dates sur une aventure étoilée.
22 mars 2013 : France - Géorgie, la découverte
En ce mois de mars sans histoire et sans frisson, après une défaite à Saint-Denis face à l'Allemagne (1-2) en février, les Bleus ont raison de la Géorgie (3-1) après une rencontre à encéphalogramme plat. Au milieu de l'ennui, deux hommes surgissent comme des évidences. Premières sélections, premières titularisations, première victoire : Raphaël Varane et Paul Pogba vivent leur bizutage avec l'assurance de tauliers. Seules des blessures les priveront parfois de rassemblement désormais. Ces deux-là n'auront pas un chemin rectiligne mais ils ne cesseront de prendre de l'épaisseur. Jusqu'en Russie, leur chef-d'œuvre commun.
Du 5 au 9 juin 2013 : La tournée sud-américaine, le fiasco
Les Bleus de Deschamps n'ont jamais connu l'échec qui renverse l'ordre établi mais leur histoire a démarré sur un fiasco. Une petite année après sa prise de fonction, Deschamps choisit l'Uruguay et le Brésil pour préparer la Coupe du monde 2014. Un non-match face à la Celeste (1-0), une rouste face à la Seleçao (3-0) et une colère mémorable dans les vestiaires de la Gremio Arena : cette tournée en Amérique du Sud va longtemps dessiner les contours des listes du sélectionneur. Certains y ont perdu leurs illusions (Kondogbia, Guilavogui), d'autres une grande partie de leur crédit (Mathieu). Payet devra longtemps ramer pour retrouver la confiance de Deschamps alors que Lacazette continue aujourd'hui de payer sa désinvolture de l'époque.
19 novembre 2013 : France - Ukraine, le fondement
L'aller à Kiev (2-0) aurait pu tout détruire : rompre le mandat de Deschamps et balayer quelques incontournables de l'époque. Un doublé de Sakho et un but de Benzema (3-0) envoie la France au Brésil et dessine avec précision les contours d'un groupe d'où seront définitivement éjectés Samir Nasri et Eric Abidal. La fin d'une époque, le début d'une autre. Un groupe est né. Sans France - Ukraine 2013, pas de France - Croatie 2018 ni de deuxième étoile pour Didier Deschamps. L'histoire tient parfois à un fil.
4 juillet 2014 : France - Allemagne, le regret
La Coupe du monde 2014 reste un joyeux souvenir. Les Bleus ont enterré Knysna en donnant au monde l'image d'un groupe jeune et soudé. Il manquera cet exploit qui vous fait basculer une Coupe du monde. L'Allemagne les sort en quart de finale dans un match à vous filer des regrets pour toute une vie. La France est peu mise en difficulté mais bute sur le pragmatisme des futurs champions du monde. Leur destin leur file entre les mains. Cette génération est encore trop tendre mais elle retiendra la leçon quatre ans plus tard.
1er juin 2016 : La Une de Marca, le divorce
"Deschamps a cédé sous la pression d'une partie raciste de la France." Après l'affaire de la sextape, le sélectionneur décide d'écarter Karim Benzema, son meilleur attaquant, pour l'Euro. L'opinion se divise, le sélectionneur joue gros. Dans une interview pour Marca, Benzema franchit une ligne qui l'éloignera sans doute pour toujours de l'équipe de France tant que Deschamps en tiendra les rênes. Deux jours plus tard, la maison du sélectionneur est taguée du mot "raciste". Un épisode qui marquera au fer rouge DD. Le divorce avec le Madrilène est définitivement consommé.
10 juillet 2016 : France - Portugal, la leçon
Ils ne pouvaient rien leur arriver. Quatre jours après avoir pris sa revanche sur l'Allemagne, grande favorite du tournoi, la France affronte le Portugal en finale de son Euro. Cristiano Ronaldo laisse les siens dès le début de match et cette finale tend les bras à la génération Griezmann. Le poteau de Gignac et la frappe d'Eder en décident autrement. Les Bleus passent à côté de leur moment d'histoire. Deux ans plus tard, avant de retourner en finale à Moscou, Paul Pogba avouera que les Bleus avaient pris les Portugais de haut. Ils ne feront pas la même erreur face aux Croates. Cette fois, ils ne rateront pas leur rendez-vous avec l'éternité.
17 mai 2018 : Les choix de Deschamps
C'est ici que tout démarre. Didier Deschamps décide d'écarter ceux qui pourraient ne pas jouer le jeu. Florian Thauvin et Adil Rami symbolisent ces joueurs à la marge mais qui ne moufteront pas et garantiront l'équilibre d'un groupe sans faille. Les autres paris s'appellent Benjamin Pavard et Lucas Hernandez, deux inconnus à l'automne dernier qui joueront un rôle capital en Russie. Le groupe est très jeune mais son insouciance emmènera les Bleus très loin. Avec sa liste des 23, Deschamps crée les conditions de l'exploit.
21 juin 2018 : France - Pérou, le déclic
La préparation a diffusé un sentiment étrange de tâtonnements. L'entrée en lice face à l'Australie (2-1) a renforcé cette impression que la France marche au doigt mouillé. Les Bleus ont trop peu de certitudes pour voir loin. Deschamps décide de revenir aux fondamentaux : 4-4-2 bas, Giroud et Matuidi. Le Pérou rompt, la France se trouve une identité en même temps qu'une équipe-type. Simple, basique.
30 juin 2018 : France - Argentine, la bascule
Le jour où tout peut basculer. Face au meilleur joueur du monde, les Bleus et Didier Deschamps peuvent tout perdre. Menés au score, ils voient leur avenir s'obscurcir nettement en début de seconde période. On pouvait en douter jusqu'ici mais ces Bleus ont du caractère et de la personnalité. L'Argentine est renversée en onze minutes par le souffle tricolore. Cet élan qui le portera jusqu'à la deuxième étoile. France - Argentine fait tout basculer et marque l'acte de naissance du nouveau phénomène tricolore : Kylian Mbappé.
15 juillet 2018 : France - Croatie, le couronnement
Cette génération touche son Graal. A Moscou, dans une finale sans queue ni tête, la génération Griezmann-Mbappé, les deux hommes forts du match, offre une deuxième étoile à la France. Face à la Croatie, ce n'est pas toujours maîtrisé, souvent très limite, mais qu'importe. L'ivresse emporte le reste. Ils sont devenus des immortels, entrent au Panthéon du sport français. Ils ont tout connu. De Saint-Denis à Kiev, de Rio à Moscou. L'aboutissement. Et ce n'est peut-être que le début.
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