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COUPE DU MONDE 2022 - Bleus - "On n'a pas cru en lui" : Quand Olivier Giroud, le Grenoblois, ne valait que 150 000 euros

Martin Mosnier

Mis à jour 02/12/2022 à 12:45 GMT+1

COUPE DU MONDE – Comment Grenoble a-t-il pu passer à côté d'Olivier Giroud ? Le club isérois l'a formé avant de le laisser filer sans en avoir vraiment profité. Les responsabilités sont partagées et le contexte explique aussi pourquoi le club de Ligue 2 et le co-meilleur buteur des Bleus ne se sont pas fait confiance. Histoire d'un rendez-vous manqué.

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C'est une histoire à peine croyable. Celle du co-meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France, chassé, à ses débuts, d'un club de Ligue 2 qui ne croyait plus en lui. Olivier Giroud n'a jamais fait et ne fera jamais l'unanimité. Question de style et de profil atypique peut-être. Mais à Grenoble, entre ses 13 et ses 22 ans, il n'a jamais vraiment su s'imposer. C'est pourtant sur les bords de l'Isère qu'il dispute ses premiers matches et marque ses premiers buts chez les professionnels. Le GF38 l'a formé mais n'en a jamais profité. Comment Grenoble a pu passer à côté du futur champion du monde ? Les torts sont partagés et, aujourd'hui, personne ne veut évidemment endosser la responsabilité de cet incroyable raté.
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Olivier Giroud sous le maillot du Grenoble Foot 38

Crédit: Marko Popovic

Entre 2005 et 2007, lors de son très court passage chez les pros à Grenoble, le GF38 est alors diablement bien outillé devant. Lors de la saison 2006/2007, le club bat même son nombre de buts marqués sur une saison de Ligue 2 (51). En pointe du 4-4-2, la légende iséroise Nassim Akrour (12 buts) et Yann Kermorgant (10 buts) laissent des miettes au jeune Savoyard. "J'ai deux gros attaquants, Olivier est le numéro 3, se souvient le coach de l'époque, Yvon Pouliquen. Il était ambitieux et j'ai passé du temps dans mon bureau à parler de sa situation. Il en voulait plus." Sous ses ordres, Giroud ne joue que 17 matches, en démarre 2 et marque 2 buts. Le futur avant-centre d'Arsenal est frustré.
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Ce n'était pas ce qu'on appelle un phénomène
"Je l'ai eu sous les yeux de ses 17 à ses 21 ans. C'était un très bon joueur mais pas ce qu'on appelle un phénomène comme Sofiane Feghouli à l'époque, se souvient Bernard Blaquart, directeur du centre de formation de Grenoble et coach par intérim qui lança Giroud chez les pros en mars 2006. Il faut bien comprendre que tout le monde n'est pas fait pour être prêt à 18 ans."
Max Marty, directeur sportif du GF 38 jusqu'en 2006, se souvient : "Olivier a fini ses études, il n'a pas fait que du foot. Il a des parents remarquables, une famille qui l'a entouré. Ce que je veux dire par là, c'est que si, à 14 ans, tu as besoin du foot pour manger, tu t'y consacres plus tôt et tu es prêt plus tôt aussi. Aujourd'hui, notre vision est faussée car tout doit être immédiat." "C'est un joueur à maturité tardive", confirme Pouliquen.

Mauvais timing

Grenoble et Giroud, c'est donc d'abord l'histoire d'un mauvais timing. Les places étaient prises et, lui, n'était pas encore une évidence. Si aucune des personnes interrogées n'imaginaient à l'époque le destin international de Giroud, tous s'accordent tout de même à dire qu'il avait quelque chose en plus. "Pour moi, il allait devenir un bon attaquant de Ligue 1", rembobinent en chœur Pouliquen et Blaquart. "Il était déjà un athlète hors-norme avec un super pied gauche", se souvient Marty.
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"Mais au GF38, on n'a pas cru tellement en lui, finit par lâcher Blaquart. Quand Mécha Badzadarevic arrive, il ne le connaît pas. Olivier part en prêt à Istres mais bon, au final, Grenoble monte quand même en L1. Moi, je me suis battu pour le garder mais ça n'a pas suffi." Dans un entretien à France Football en 2012, Olivier Giroud avait ciblé l'entraîneur bosnien comme la principale cause de son départ d'Isère : "Il m'avait dit exactement : tu n'as pas le niveau pour jouer en L2, encore moins en L1 !, confiait le champion du monde. (…) Il voulait que je reste, mais je voyais bien que je n’entrais pas dans ses plans."
Ce qui me fait chier, c'est qu'on écrit des bêtises
Dix ans après les propos de Giroud et 15 ans après les faits, Mécha Bazdarevic nous donne sa version des faits : "Au bout de 15 jours de préparation, il me dit qu'il veut partir et moi, je ne le connais pas, nous confie-t-il visiblement ému. Ce qui me fait chier, c'est qu'on écrit des bêtises. Ce n'est pas moi qui ai décidé de son départ. Jamais, jamais, jamais. Encore une fois, je ne le connaissais pas. Il voulait du temps de jeu. Moi, j'avais Akrour et Dja Djédje dans l'effectif, il avait 21 ans : je ne pouvais rien lui promettre. C'est un joueur fantastique, un garçon exceptionnel, bien sûr, et je salue sa grande carrière. Aujourd'hui, on sort tout du contexte. J'ai sorti Pedretti, Ménez, Feghouli, Ljuboja, je n'ai jamais eu de problème avec les jeunes."
L'agacement de Bazdarevic prouve que l'épisode Giroud n'a pas totalement été digéré dans la capitale des Alpes. Même si finalement, tout le monde s'en est bien sorti : Grenoble est monté en Ligue 1, Giroud a pris son envol, ailleurs. "A 20 ans, il vaut mieux jouer en National que d'être remplaçant en L1 ou en L2", rappelle Blaquart.
"J'ai profité du fait que Grenoble n'en veuille pas. Arrivé à Tours en tant que directeur sportif, je décide de l'acheter et on lâche 150 000 euros payés en deux fois, nous renseigne Max Marty qui signe le deal de sa vie. Il était évident qu'il allait s'imposer." Après deux ans en Indre-et-Loir et un titre de meilleur buteur de L2, Tours signe une jolie plus-value et l'envoie à Montpellier contre 3 millions d'euros. Cette fois, la fusée est lancée.
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Olivier Giroud sous le maillot de Tours

Crédit: Getty Images

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