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Coupe du monde 2022 | France - Argentine | De la Russie au Qatar, les Bleus n'ont pas progressé, ils se sont bonifiés

Maxime Dupuis

Mis à jour 15/12/2022 à 18:22 GMT+1

COUPE DU MONDE – Pour la deuxième fois de suite, l'équipe de France se retrouve en finale de la Coupe du monde. En soi, c'est déjà un exploit. En quatre ans, cette équipe a changé, a pris un gros gadin à l'Euro, mais s'est relevée. Elle n'est sans doute pas aussi forte qu'en Russie, mais la génération Griezmann II a gagné en expérience et en maîtrise, ce qui la rend tout aussi redoutable.

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Quand ils se retourneront sur ce 14 décembre 2022, qu'ils repenseront aux 90 minutes qu'ils ont passées sur le pré, à tenter de déboulonner la statue des champions du monde, les Marocains se diront qu'il y avait peut-être la place, un trou de souris par lequel ils auraient pu se faufiler pour rallier la finale de Losail. Parce qu'ils ont poussé les Bleus dans leurs retranchements. Une petite voix leur dira sans doute également que la porte du paradis était tout de même bouclée et à double tour par ces Tricolores qui ont pris un malin plaisir, mercredi encore, à mettre à l'épreuve leur exceptionnelle souplesse. Plier, ne pas rompre. C'est devenu une spécialité locale.
A une marche du doublé et d'une prouesse d'un autre temps, l'équipe de France reste une formation déroutante, qui répond à ses propres canons. Si le premier tour avait laissé entrevoir un décollage futur et une mise sur orbite à venir, ce qui a suivi n'a pas emprunté la voie lactée. Parce que c'est une équipe qui zigzague et se balance comme un yoyo. Contre la Pologne, elle a eu un sacré temps faible lors du premier acte. Contre l'Angleterre, elle a globalement subi les offensives de Kane et compagnie. Face au Maroc, enfin, elle a parfois paré au plus pressé. Bref, on sait que cette équipe peut se mettre chiffon. Mais qu'elle ne défend pas aussi bien que sa devancière russe, létale dans ce secteur.
En quatre ans et malgré la parenthèse désenchantée de l'Euro, est-elle plus forte que la sélection sacrée en 2018 ? A-t-elle progressé ? Celui qui l'avance sans trembler ni douter à intérêt à être solide dans ses arguments et sur ses appuis, parce que cela ne ressemble pas une évidence. Non, cette équipe de France possède quelque chose de différent, de plus : elle est une équipe de tournoi, dans sa version la plus aboutie. Parce qu'elle compense ses temps faibles par l'expérience de ceux qui savent.

Un laboratoire pendant vingt-trois mois

La semaine passée, par un crochet en conférence de presse, Antoine Griezmann avait été interpellé par un confrère qui lui rappelait qu'entre la Russie et le Qatar, il s'était parfois retrouvé "dans le dur" en club. Le numéro 7 des Bleus, auteur d'un immense tournoi jusqu'ici, a répondu que la remarque du journaliste était "un peu méchante". Néanmoins, le numéro 7 peroxydé a embrayé sur la deuxième partie de la question, celle qui faisait référence à son statut de "joueur de grand tournoi". Grizou a eu ces mots : "C'est court, donc 'facile'".
D'accord, c'est un peu facile de dire que c'est facile, justement. Mais c'est vraiment "court" et ça correspond bien à cette équipe, à ce moment de son histoire. Et avec ses forces.
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L'esprit commando qu'il faut, il vient d'en haut. De Didier Deschamps, évidemment. Mais sur le terrain, d'Hugo Lloris à Olivier Giroud, ils sont neuf à avoir connu la campagne victorieuse de Russie. Ces neuf-là, les champions du monde - qui ont perdu quelques soldats en route - connaissent la recette sur le bout des doigts. Eux savent combien les efforts à délivrer sont immenses. Eux savent également que ce qui se passe entre deux tournois est un mal nécessaire. Que ce n'est pas l'équipe qui gagne ou perd des points lorsqu'il faut disputer moults rencontres de Ligue des Nations, qualifications ou autres rares amicaux, mais les joueurs qui la composent.

La recette fonctionne

Ce sont ces derniers, nouveaux ou anciens, qui s'imposent dans l'esprit de Didier Deschamps ou en sortent. Durant vingt-trois mois (quand le Covid ne vient pas bazarder le calendrier), l'équipe de France est un laboratoire. Son but est d'avoir la bonne formule durant un mois. Celui qui compte, vraiment.
En 2021, Didier Deschamps avait modifié la recette et décidé de construire son équipe en partant de l'attaque, ce qui n'est historiquement jamais une bonne idée (sauf pour le Brésil il y a maintenant longtemps). Il avait balayé d'un revers de la main ce qu'il avait fait avant. Sans réussite. Cette même remise en cause, toute aussi spectaculaire, le sélectionneur l'a décidée en amont du départ au Qatar. Un an de défense à trois et de pistons foutus à la poubelle. Parce que ça ne tenait plus, davantage en raison des moyens dont il disposait pour partir à Doha que des récents résultats, d'ailleurs. Il n'a pas complètement renoncé à déplacer le centre de gravité, mais lui a un trouvé un point d'équilibre formidable en la personne d'Antoine Griezmann, le fameux "joueur de grands tournois".
"Dans cette équipe, il y a un mélange de qualité, d'expérience, un état d'esprit de conquérant", a analysé le sélectionneur des Bleus. Talent, abnégation, acceptation de l'effort. Le mérite du sélectionneur est d'avoir assaisonné le plat bien comme il faut. Celle de ses joueurs, à l'état d'esprit irréprochable, d'avoir accepté la place qui leur était dévolue et le rôle qui leur était réservé. Du premier jour à Clairefontaine à dimanche du côté de Losail. Les vieux savaient que la recette fonctionne. Les jeunes en sont plus que convaincus. Jusqu'à dimanche, le plat est à déguster sans modération.
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