Equipe de France | Forfait de Griezmann et fin de série | La vie sans Grizou

Il a fallu que la décision devienne inéluctable pour qu'elle soit prise. Au point que Didier Deschamps a préféré temporiser avant de la rendre, puis l'officialiser, via un communiqué de la FFF. "Après un échange avec Franck Le Gall, le médecin des Bleus", le sélectionneur "a acté le forfait d'Antoine Griezmann", a expliqué la Fédération française de football dans un communiqué diffusé en début de soirée, lundi. Arrivé à Clairefontaine avec une cheville en délicatesse, l'attaquant de l'Atlético Madrid, qui fêtera ses 33 ans le 21 mars prochain, n'a pas souhaité joué avec le feu. Le staff des Bleus non plus. Pour cette fois, et pour les rencontres contre l'Allemagne puis le Chili, dernières répétitions avant l'Euro, il faudra donc faire sans "Grizou". Et ça, à vrai dire, plus personne n'en avait vraiment l'habitude à Clairefontaine.

Griezmann et l'équipe de France. L'équipe de France et Griezmann. Depuis un match amical contre l'Angleterre en juin 2017 (3-2), l'un n'a jamais fait sans l'autre. Autant dire que le crève-cœur a été grand ce lundi, puisque la série record des matches consécutifs joués par le champion du monde 2018 avec les Bleus s'arrête donc à 84 rencontres, bien loin devant celle de Patrick Vieira (44). Et le vice-capitaine va donc manquer la grande "revue d'effectif" promise par Didier Deschamps, qui a choisi d'appeler Mattéo Guendouzi à sa place.

Sur le papier, c'est loin d'être un drame, surtout avec un Euro qui se rapproche à grands pas et, possiblement, les prochains Jeux Olympiques de Paris. Rater deux matches amicaux, même si un face à l'Allemagne, samedi à Lyon (21h00), une équipe contre laquelle il avait signé un doublé en demi-finale de l'Euro 2016 (2-0) et réduit le score lors de sa seule défaite en 2023 en octobre (2-1), le Mâconnais s'en remettra, bien conscient de devoir être à l'écoute de son corps à l'aube d'échéances capitales, en sélection comme en club, où un quart de finale de Ligue des champions l'attend face au Borussia Dortmund. Mais pour les Bleus et son sélectionneur, orphelin de son "chouchou", c'est un sentiment étrange d'une vie sans "Grizou" qui va s'étendre le temps d'un rassemblement.

Car tout le monde le sait : Griezmann est bien plus qu'un simple joueur pour cette équipe. C'est un leader total, dans le vestiaire comme sur le terrain. Un relais pour son sélectionneur, une référence et un exemple pour ses coéquipiers. La tête d'un côté, l'âme de l'autre. "Avec les qualités d'Antoine dans son registre, on ne pourra pas trouver un joueur avec ses caractéristiques, reconnaissait Didier Deschamps lundi en conférence de presse. S'il a ce record de matches consécutifs, c'est qu'il a pris beaucoup de place. Quand on sait son influence, un remplacement poste pour poste est impossible ou alors, très, très difficile. On aménagera différemment." "DD", qui dit aussi de son milieu offensif qu'il n'est "pas irremplaçable" mais "tout simplement indispensable", va devoir bricoler et faire des tests. Après tout, ça pourrait toujours servir à l'avenir. Même si personne ne l'espère.

"C'est peut-être le joueur le plus important de l'ère Deschamps", admettait son capitaine Kylian Mbappé il y a tout juste un an, refusant toutefois de devenir "son supérieur hiérarchique". "C'est un très grand joueur, il est primordial dans notre système", constatait Aurélien Tchouaméni. "C’est un joueur extraordinaire, différent, qui a quelque chose de spécial, s'enthousiasmait Diego Simeone, son entraîneur à l'Atlético, en novembre dernier. C’est un joueur qui travaille, qui aime comprendre ce qu’on attend de lui. Pour moi, c’est une joie tous les moments que j’ai pu traverser avec lui. Rien n’a été forcé." ". "Je connais 'Grizi'. Croyez-moi, c'est un joueur très spécial dont la France a besoin", déclarait son coéquipier Memphis Depay lors d'un entretien accordé à la chaîne Nos avant le match entre les Pays-Bas et la France lors des éliminatoires de l'Euro 2024 en mars dernier. Oui, tout le monde en est fan.

"Grizou" a manqué quatre rencontres avec l'Atlético avant de revenir pour la qualification en huitième de finale de la Ligue des champions contre l'Inter Milan (0-1/2-1 3 t.a.b. à 2), marquant un but et disputant un peu plus d'une centaine de minutes. Et s'il est bien entré en jeu à la mi-temps lors de la défaite contre Barcelone (3-0) dimanche soir pour sauver les meubles, sa condition était encore précaire. L'aller-retour à Clairefontaine semblait plutôt évident ce lundi, mais toutes les parties ont quand même voulu faire le point et tenter le coup. En vain. La raison a pris le pas. Logiquement.

Après avoir écourté de moitié son temps d'absence (de six à trois semaines) suite à une entorse de la cheville droite avec l'Atlético lors du huitième de finale aller de C1, contre l'Inter (0-1) le 20 février, Griezmann ne peut plus - et ne veut plus - forcer. Il en va de la suite de sa saison. Mais avant de quitter le groupe mardi après-midi, il participera quand même aux activités marketing dans la matinée. Histoire de respirer, encore un peu, l'air de Clairefontaine. Celle de sa deuxième maison.