Domenech en échec

Il arrive que les joueurs passent à côté. Qu'une équipe entière soit dans un jour où ça ne rigole pas. Vendredi, les Bleus ont été accompagnés dans la déroute par leur sélectionneur national. Raymond Domenech, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'a pas eu la "patte" face aux Pays-Bas (4-1). Si la défaite ne lui est pas totalement imputable, elle l'est en partie. "On vit ensemble, on vibre ensemble", dit le slogan des Bleus. On perd ensemble également.

Avant la rencontre, Raymond Domenech n'était pourtant pas resté arcbouté sur ses certitudes. Après la Roumanie (0-0), le sélectionneur national avait bien senti que quelque chose ne tournait pas rond. Le patron des Bleus avait donc décidé de transformer le 4-4-2 de Zurich en 4-2-3-1 avec Evra, Govou et Henry en lieu et place d'Abidal, Anelka et Benzema. L'idée de départ était séduisante mais n'a pas fonctionné. Les entrants (Govou et Henry surtout) n'ont pas démérité mais lorsque l'affaire a commencé à tourner au vinaigre pour les Bleus, le patron n'a pu inverser la tendance en raison d'un coaching qui a laissé dubitatif.

Comme face à la Roumanie, Raymond Domenech a utilisé deux des trois remplacements prévus par le règlement. A l'heure de jeu, le sélectionneur des Bleus a décidé de renvoyer Florent Malouda sur le banc, tandis que Bafétimbi Gomis faisait son entrée à la pointe de l'attaque. Lancé dans le grand bain, le Stéphanois est passé à côté. Pourquoi le sélectionneur l'a-t-il préféré à Benzema par exemple ? "Je pense que pour les jeunes joueurs, il y a une gestion à faire. Karim avait joué un match dur lundi face à la Roumanie, s'est justifié Raymond Domenech. Avec Gomis, je voulais amener plus de poids devant et quelqu'un qui fixe plus haut que ne l'aurait fait Benzema. J'ai fait en fonction de mon effectif et du match." L'entrée de Nicolas Anelka sur le côté droit n'a pas été d'une grande utilité non plus.

"Le coach est là, c'est lui le patron", a confié Thierry Henry quand on lui a demandé s'il n'avait pas été surpris de voir Bafé Gomis débarquer sur la pelouse à la place du meilleur buteur du dernier Championnat de France. "Il fait des choix, il faut les respecter. Le coach met un schéma en place. A nous de l'animer." Si les joueurs ne se prononcent pas sur la responsabilité du sélectionneur, qu'en dit le principal intéressé ? Raymond Domenech reconnait-il avoir fait une ou des erreurs dans sa gestion du match ? "Vous voulez que je dise que j'ai fait des erreurs ? J'ai fait des choix et j'assume. Certains ont souvent bien marché, d'autres moins ou pas. Cette fois, ça n'a pas marché." Peut-être a-t-il des regrets ? "Je peux imaginer mille choses mais rien ne me prouve que cela aurait été mieux. J'ai fait ces choix car je pensais que c'était la meilleure chose à faire."

Depuis le début de l'Euro, le sélectionneur n'est pas vraiment heureux dans ses décisions et options. Même si il faut reconnaitre que la Roumanie était bel et bien à prendre avec des pincettes, la première sortie des Bleus et les fameuses "consignes" défensives du sélectionneur n'avaient pas été marquées du sceau du succès.

"J'ai déjà connu plus simple", reconnaissait Raymond Domenech durant la préparation. Il ne s'attendait sans doute pas à ce que la situation empire à ce point une fois que la compétition aurait commencé. Il ne s'attendait peut-être pas non plus à ce que Patrick Vieira, touché à la cuisse le 30 mai dernier, soit indisponible pour les deux premières rencontres. Espérons-le... Dans le cas contraire, la décision d'emmener le Milanais à l'Euro deviendrait difficilement justifiable. Comme Zinédine Zidane en 2002, le Milanais est pour le moment un remplaçant de luxe encore incertain pour la "finale" face à l'Italie. "Il est mieux, a affirmé Raymond Domenech à son sujet. Il s'entraîne normalement, la question va se poser. Son impact dans le groupe est important quand il est au sommet de sa forme. Il pourrait jouer contre l'Italie, on fait le mieux possible pour l'amener au niveau de cet Euro." Le temps presse.