Quel système pour l'Euro ?

Si les adversaires de la France ont observé les Bleus lors de leurs matches de préparation, ils ont dû repartir avec plus de questions que de réponses. Car Raymond Domenech, sans forcément vouloir brouiller les cartes, n'a pas hésité à mettre en place plusieurs schémas tactiques différents afin d'élargir les possibilités de jeu de son équipe. S'il paraît désormais plus proche d'aligner un 4-4-2, le 4-2-3-1 de la Coupe du monde 2006 n'est cependant pas parti aux oubliettes puisque le sélectionneur l'a utilisé en fin de match face à la Colombie (1-0). Dans tous les cas, Domenech dispose d'un éventail de solutions très élargi qui devrait permettre aux Bleus de s'adapter à n'importe quelle situation. Et troubler considérablement leurs adversaires.

Le système a fait ses preuves pendant la dernière Coupe du monde. Il permet notamment aux Tricolores de quadriller parfaitement le terrain, avec la présence de deux véritables joueurs de couloir au milieu pour soutenir les latéraux dans les phases défensives. Domenech apprécie notamment ce système quand il s'agit de conserver un score. Il l'a notamment employé en fin de match face à la Colombie. Avec Florent Malouda à gauche et Sidney Govou à droite, le sélectionneur dispose de deux anciens Lyonnais habitués à évoluer à ce poste. A priori, ce système est celui dans lequel les Bleus ont le plus d'automatismes. Mais il prive l'équipe de France d'un attaquant de pointe. Et la tendance est définitivement à une attaque à deux têtes en équipe de France.

Il apparait probable que les Bleus adoptent cette configuration pour le prochain Euro dans le sens où elle permet à chaque joueur d'évoluer à son poste de prédilection. Par rapport au 4-2-3-1, le bloc de six joueurs à vocation défensive ne bouge pas. L'évolution est sur le plan offensif, avec un système à deux attaquants qui permet notamment à Karim Benzema de jouer en soutien de Thierry Henry pendant que Florent Malouda et Franck Ribéry sont chargés d'animer les couloirs. C'est la limite de ce système: avec Ribéry sur le côté droit, les échanges entre le joueur du Bayern et Benzema sont fatalement moins fréquents. C'est pourtant dans ce duo que réside une grande partie du potentiel offensif de l'équipe de France.

C'est d'ailleurs dans cette optique que Raymond Domenech a testé un milieu en losange face à la Colombie. Grâce à ce système, le sélectionneur peut aligner Ribéry à un poste de meneur de jeu qui lui offre une relation privilégiée avec Benzema. Pour le Lyonnais, cette configuration avec le joueur du Bayern derrière lui et Thierry Henry en pointe devant lui semble maximiser son influence sur le jeu tricolore et offre à l'équipe de France son visage le plus déroutant. Mais il faut s'adapter à ce système. Si le fait de placer Makelele seul devant la défense ne pose aucun problème, l'utilisation de Jérémy Toulalan à un poste de relayeur côté droit ne permet pas d'utiliser tout le potentiel de l'ancien Nantais, bien plus à l'aise dans l'axe. Et son pendant côté gauche, Florent Malouda, a plus un profil d'ailier que de pur relayeur. Les deux joueurs se sont cependant bien adaptés face à la Colombie. Pour le plus grand bonheur de Domenech, qui aura beaucoup de cordes à son arc pour l'Euro.